Malgré le week-end de Pentecôte, l'Espace B avait quasi fait le plein pour le concert de Fear Of Men. Un groupe qui aime décidément ce lieu car ils y étaient déjà passés, dont la première fois en 2013 avant même la sortie de leur premier album.
En première partie, les jeunes parisiens de
Two Bunnies In Love offrent un set réjouissant. Ce nouveau groupe est très talentueux et vraiment prometteur. On sent chez eux une grosse influence Talking Heads mais celle-ci n'est pas envahissante car la formation l'a digérée en la faisant sienne. C'est avec intelligence que le groupe l'a retranscrite dans sa musique sans que cela fasse d'eux de simples copieurs. Les vocaux de leur chanteur sont tout en élégance et la rythmique rappelle furieusement la belle époque du CB/GB fin 70's, début 80's. Leur son est parfait, l'ensemble sonne très pro, ce qui est assez rare chez les français. Le public ne s'y trompe pas et leur réserve un accueil chaleureux. Un groupe que l'on aura plaisir à revoir et dont on peut attendre beaucoup de choses dans un avenir très proche.
Fear Of Men viennent ce soir là dévoiler en avant-première quelques titres de leur nouveau disque
Fall Forever à paraître début juin. Leur premier album,
Loom, avait été une réussite mais avec
Fall Forever, Fear Of Men acquièrent une nouvelle dimension. C'est un superbe album que le groupe de Brighton nous offre : une pop étrange, sombre et très originale.
Si, sur disque, la musique de Fear of Men est déjà très belle, elle devient carrément splendide en concert. La voix de Jessica Weiss fait des merveilles et envoûte littéralement. Le groupe partage à parts égales sa setlist entre morceaux tirés de son premier album et morceaux du LP à venir. Il joue les morceaux les plus ouvertement pop de
Loom comme
Descent, Inside ou
Waterfall mais également
Luna, l'un des titres les plus beaux de ce même disque dont on se rend compte aujourd'hui à quel point il préfigurait les morceaux de
Fall Forever. C'est d'ailleurs sur ce type de morceau un peu torturé que la voix de Jessica est la plus belle car elle se marie avec beaucoup de délicatesse aux canevas de musique les plus complexes.
Island, qui ouvre le concert, le premier single sorti fin mars et préfigurant ce nouvel album, est un morceau d'une rare beauté. Il possède quelque chose que tous les musiciens aimeraient atteindre mais auquel ils ne parviennent que rarement : la grâce absolue.
Island est un écrin de velours, un diamant brut. Sur scène, la voix de Jessica et les guitares carillonnantes de Daniel donnent des frissons d'extase même au spectateur le moins perméable à leur musique.
Sane le nouveau single atteint quasiment ce même niveau de perfection. Le morceau, fait d'un mélange de douceur et d'un climat pesant et inquiétant, est rendu à la perfection sur scène.

Outre la voix de Jessica, ce qui fait toute la qualité d'un concert de Fear Of Men ce sont les guitares de Daniel Falvey. Tout au long de ce set, elles vont se faire douces, caressantes et puis d'un coup rageuses et énervées. Ce sont sur les titres du nouvel album,
Undine ou
Until You, que la guitare de Daniel se fait la plus mordante. Sur ce dernier titre, les roulements de tambour de Michael Miles ajoutent une dimension mystérieuse et envoûtante au morceau. Jessica chante le titre comme si elle était possédée, visiblement toute empreinte de sa musique, la vivant au plus profond de sa chair.
Le public fait un triomphe mérité au groupe, qui hésite d'abord à revenir sur scène car ils n'ont plus d'autres titres à jouer mais finalement cèdent face à l'insistance du public et jouent un titre encore jamais joué en concert. Ce concert de Fear Of Men aura montré toute l'étendue du talent de ce groupe. Une musique d'une telle beauté et d'une telle grâce qu'elle aurait toute sa place dans une église.