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Villagers

Paris, Point Éphémère - 7 novembre 2012

Live-report par Julien Soullière

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Et allez, vas-y, t’embête surtout pas. A gauche, à droite, à gauche à nouveau. La personne devant moi se dandine, constamment, sans avoir l’air de se soucier une seule seconde de mon petit confort personnel. J’imagine qu’en faisant ça, loin d'elle l’idée de me nuire, il n’empêche que je ne peux regarder vers la scène d'aucune manière sans que l’arrière de son crâne vienne m’obstruer la vision dans les secondes qui suivent. Un régal, vraiment. Ce n'est pas comme si j’avais encore le choix de l’emplacement dans un Point Ephémère bondé comme les grands soirs. Bien évidemment, et parce que le plaisir, ça ne se boude pas, n’oublions pas la chaleur moite qui imbibe la salle, et ces traditionnels indécis, dont les va-et-vient perpétuels vont ni plus ni moins qu’à l’encontre de l’attitude respectueuse que l’on se doit d’adopter face à l’artiste en exercice. Alors non, on ne peut pas dire que je sois très détendu.

Tout ça pour dire qu’apprécier le set de Rohb Cunningham dans ces conditions n’est pas chose aisée. Dommage, car le bonhomme ne laisse pas indifférent, et je ne dis pas cela uniquement en référence à la gente féminine, largement représentée ce soir. Pour la faire simple, disons qu’il s’agit là d’un cousin pas si éloigné de Damien Rice, du genre à - vraiment - savoir chanter, même a capella, la voix nue de tout travestissement, et à n’avoir besoin que de celle-ci et de sa fidèle gratte pour imposer le silence parmi ses convives. Et puis, tous deux sont Irlandais, ont la blague facile, et partagent un goût prononcé pour les titres mélancoliques aux sous-bassement emplis de folie douce. Des mecs sympathiques, sans équivoque possible.

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Rohb en a fini, je sors m’aérer. J’arpente le quai, casque audio fermement harnaché sur le crâne, et observe les membres de Villagers qui plaisantent aux abords de la porte de service, fumant ce qui sera sûrement leur dernière cigarette avant le grand saut. Bientôt, tous finissent par rentrer, et j’en fais de même. La salle ayant quelque peu désengorgée, j’en profite pour localiser ma place, celle qui me permettra de profiter pleinement du concert à suivre. Si la scène est encore vide de monde, le drap aux couleurs des Villagers siège déjà fièrement au fond de la scène, et les instruments semblent bel et bien en place. Ne Reste plus qu'à faire les derniers réglages, un classique.
Et puis ça, y est, comme toujours, les lumières se raréfient, des sifflements s'extirpent de la marée humaine qui me noie, et le groupe fait son entrée. D’abord Tommy, Danny, James, Cormac, puis, c’est le visage juvénile, malicieux, du leader de la formation que l’on discerne au travers des néons. Mince alors, mais il est tout juste plus haut que son micro ce petit bonhomme.

Il faudra le temps d’un tour de chauffe long de deux titres pour que le farfadet nous en dise un peu plus que le traditionnel « Bonjour, ça va? ». C’est amusant, mais sur le moment, entendre l’ami Conor nous fredonner le couplet du pauvre chanteur malade, inspire un sacré sentiment de déjà-vu. Bien joué : il y a un peu plus d’un an maintenant, à la Maroquinerie de Paris, le bonhomme nous faisait déjà le coup. Soit c’est une pure coïncidence, soi notre lutin, peu chanceux, est très souvent malade, soit c’est l’une des ses blagues fétiches; en tous les cas, ce soir, ça s’entend, ça voix ronronne, recouverte d’une léger voile, ce qui n’entache en rien sa performance du soir.

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Notre trublion, et c'est une forme de don, n'a pas son pareil pour passer, subiteent, des chuchotements réconfortants aux longues montées dans les aigus.
« La prochaine chanson, c'est une nouvelle chanson... on va jouer beaucoup de nouvelles chansons ce soir, ça ne vous embête pas ». Dieu que non, et c'est d'ailleurs peu dire qu'{Awayland} est à l'honneur, puisque excepté le titre éponyme, toute la tracklist de ce nouveau disque y passe. Mention spéciale pour la très groovy Earthly Pleasure, présentée par O'Brien comme une « disco song » (ce qui n'est pas totalement faux), et le single The Waves, réclamé toute la soirée durant par une poignée de fans inconditionnels, dont la décharge sonore finale tient, en live, toutes ses promesses. Du reste, ce sont tous les titres phares du groupe qui seront joués ce soir, dont le Memoir un temps destiné à Charlotte Gainsbourg.

Alors oui, on évoque souvent, trop souvent même, Conor O'Brien. Ce serait vite oublier que Villagers, c'est aussi un groupe, et ce concert est une bonne occasion de nous le rappeler. Car Cormac, Tommy et les autres sont ce soir parfaitement en place, assurant avec autant de brio les chœurs que leur rôle premier de musiciens. Du beau boulot.
Seize titres et un rappel plus tard, les Villagers tirent leur révérence. Ils reviennent en mars prochain à la Maroquinerie, et je prends le pari qu'on ne les y laissera pas seuls.
setlist
    Set The Tigers Free
    Home
    The Pact (I'll Be Your Fever)
    Grateful Song
    Passing A Message
    The Bell
    Becoming A Jackal
    My Lighthouse
    Rhythm Composer
    The Meaning Of The Ritual
    Memoir
    Earthly Pleasure
    Judgment Call
    Nothing Arrived
    The Waves
    Ship Of Promises
    ---
    That Day
    In A New Found Land, You Are Free
    On A Sunlit Stage
photos du concert
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