Après une période de vaches maigres, la Flèche d’Or reprend un peu de poil de la bête en proposant ce soir au public parisien une affiche bien alléchante, même si surprenante : les bruyants Drenge assureront en effet la première partie de Chris Owens, ex-Girls.

C’est donc devant un parterre quelque peu clairsemé que
Drenge montent sur scène pour une dizaine de titres afin de mettre en jambes les spectateurs venus en quasi-totalité pour l’ancien chanteur de Girls. A force de conviction, de bruit, de volonté et d’énergie, ils réussiront tout de même à attirer l’attention.
Les deux frangins, tout juste sortis de l’adolescence, vont droit à l’essentiel : une batterie, une guitare et un chant enragé pour délivrer un rock gras et sale, relevant plus de Dinosaur Jr ou Nirvana que des Arctic Monkeys. Ils viennent aujourd’hui avec l’insolence des débuts puisqu’ils ont sorti leur premier single,
Bloodsports, le 4 mars dernier (même si bien peu de monde semble le savoir). Les midinettes en col claudine et robe à fleurs des premiers rangs prennent des nuées de décibels dans les tympans avec les riffs crasseux du jeune chanteur visiblement amusé. Ça joue fort, très fort ; ça chante fort, ça hurle même ; mais le tout est énergique, mélodieux, un brin bluesy (comment ne pas penser aux Black Keys ?) et diablement entraînant.
Des morceaux courts aux outros souvent bâclées nous rappellent les belles années du grunge ; est-ce alors la nostalgie ou le réel potentiel du groupe ? Peu importe, nous sommes totalement emballés par ce que nous proposent Drenge et le contraste saisissant avec la suite nous rend encore plus euphoriques.
Le set est relativement court, à l’image des quatre titres sortis jusqu’à maintenant mais son intensité nous laisse une sensation de bien-être et d’excitation comme on en ressent peu souvent.

Finis les délires adolescents, nous laissons désormais place à l’ambiance feutrée de
Chris Owens et ses musiciens. Après avoir brillamment exploré les 60’s, armé de son songwriting piquant et déchirant, l’Américain a préféré faire exploser Girls en pleine gloire pour se tourner vers une carrière solo... finalement pas si solo que ça si l’on s’en réfère au monde présent ce soir sur scène : des choristes, un flûtiste/saxophoniste, un bassiste, un guitariste, un batteur, Owens voit les choses en grand. Le problème, c’est qu’à l’image de son premier album,
Lysandre, l’habit est un peu trop grand pour le monsieur. S’il n’y a rien à reprocher musicalement parlant, on regrette le manque d’âme des nouvelles compositions : c’est beau, soigné, mais trop vide pour tenir la comparaison avec les deux fabuleux albums de son groupe défunt.
Nous sommes ce soir vraisemblablement peu à penser de la sorte, la faute, probablement, à un aveuglement fanatique ou, au contraire, passons-nous peut-être à côté d’un phénomène en devenir...