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Johnny Borrell

Paris, Truskel - 27 mars 2013

Live-report par Mélodie

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Il y a de cela un petit moment que l’on n’avait pas entendu parler de Razorlight, lesquels déferlait la chronique en 2008 avec le tube America. Et pour cause, nous vous l’annoncions il y a quelques jours, leur charismatique chanteur, Johnny Borrell, a décidé de se lancer dans une carrière solo, à l’issue de ses derniers concerts avec son groupe. A cette occasion, l’anglais a investi le Truskel pas moins de trois soirs, les 20 et 27 mars et prochainement le 4 avril. Je suis allée à la deuxième soirée, le 27 mars, curieuse de voir Johnny Borrell seul, sans ses acolytes.

Comme toujours au Truskel, il faut venir tôt si l’on veut avoir une petite chance d’apercevoir la scène. En tendant l’oreille, j’apprends que la première soirée a réuni énormément de monde. D’ailleurs, la plupart des gens qui sont là à attendre sont les déçus du 20 mars qui, face au monde, sont partis. Mieux encore, d’autres sont tout simplement revenus pour le plaisir. C’est plutôt de bon augure.
Pour nous faire patienter, deux artistes investissent la petite scène du Truskel. D’abord un anglais aux cheveux hirsutes et lunettes de soleil noires, véritable double de Joaquin Phoenix dans I’m Still Here, suivi d’une petite blonde chaussée de santiags rouges, à la voix rocailleuse. L’un est au piano, tandis que l’autre, contre toute attente, arbore un accordéon. Chacun leur tout, ils interprètent leurs titres, sous le regard légèrement critique d’un public encore trop occupé à siroter sa bière.

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Sur les coups de 21h, alors que le monde se masse vers la scène, une petite porte de service s’ouvre sur le côté laissant apparaître Johnny Borrell et les trois musiciens qui l’accompagnent. On reconnait Freddie Stitz, actuel guitariste de Razorlight, suivi par Joao, un saxophoniste rencontré au Brésil, et de Darren, qui s’installe à la batterie. Le tableau est très surprenant, chacun a son propre style. Comme à son habitude, Freddie Stitz est affublé d’un énorme chapeau dont on dirait qu’il l’a emprunté à un trappeur ou à David Crockett. Le saxophoniste semble, quant à lui, sorti tout droit d’un jazz band, alors que le batteur s’est donné une allure de titi parisien. Seul Johnny Borrell n’arbore pas un look travaillé. Mais ce n’est pas pour autant qu’il passe inaperçu, loin de là.
Dès le début du concert, l’anglais enchaine avec ferveur ses titres qu’on espère devenir des tubes. Ses nouvelles compositions sont un délice pour les oreilles. Une touche jazzy et un peu old school est apportée avec le saxophone tandis qu’une certaine douceur émane du piano. Quant à la batterie et à la guitare, ce sont eux qui mettent le tempo. Au fur et à mesure que les titres s’enchainent, la foule se presse dans la petite salle, chacun essayant de trouver la meilleure place pour entre-apercevoir le chanteur. Heureusement pour ceux-là, de temps en temps, Johnny Borrell arrive à surplomber la salle en montant sur je-ne-sais-quoi. De telle sorte, il peut voir tout son public et par la même occasion, permettre à ceux du fond de l’apercevoir. C’est d’ailleurs lors d’un de ces moments qu’il entonne son titre phare Dahlia Allegro, furieusement entrainant et très prometteur. Encore une fois, le saxophone y est pour beaucoup. Alors même que c’est en principe Johnny Borrell qui devrait être le centre de l’attention, on sent une réelle cohésion au sein du groupe, si bien qu’on a le sentiment qu’il ne se lance pas dans une carrière solo mais bien au contraire dans un nouveau projet de groupe. C’est d’autant plus le cas lorsque Freddie Stitz interprète seul une chanson, à déchirer les cœurs, qui interpelle autant que celles de Johnny Borrell. Ce dernier a su s’entourer des meilleurs artistes, c’est donc tout naturellement qu’ils intervertissent leurs places tout au long du concert, passant sans problème du piano à la batterie en passant par la guitare.

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Manifestement heureux d’être ici et de pouvoir faire découvrir leurs nouveaux titres, les quatre musiciens ne sont pas juste là pour faire une musique d’ambiance. Ils veulent qu’on les écoute ! En effet, le public de ce soir est très bruyant et peu attentif vers la fin du concert. Il règne un brouhaha insupportable que certains tentent d’étouffer par des « Chut ! » lancés à répétition.
Avant d’entamer leur dernière chanson, le groupe décide de remettre un peu d’ordre. Freddie Stitz commence à murmurer des choses incompréhensibles dans son microphone, suivi rapidement par Darren, le batteur. Ce petit manège dure une minute entière, jusqu’à ce qu’enfin, les pipelettes se rendent compte qu’ils essaient juste de leur signaler qu’il faudrait songer à se taire. Lorsque enfin le silence règne dans la salle comme s’ils s’étaient faits punir, le batteur, sourire aux lèvres, prononce un « ready ? ». Honteux de s’être fait réprimander, le public honore Johnny Borrell et ses musiciens sur leurs derniers titres. Après cela, ils repartent comme ils sont arrivés, pas la porte de service. Ils ne reviendront pas, malgré les supplications de la salle.

En somme, ce petit concert au Truskel nous aura permis de découvrir une toute autre facette de Johnny Borrell. A l’égard de bien d’autres, il devrait pouvoir réussir à entamer une nouvelle carrière sans Razorlight. C’est en tout cas un artiste de grand talent qui réinterprète le rock en lui apportant une touche jazzy, comme c’était le cas aux premières heures du genre. Vivement la sortie du premier album !