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Tall Ships

Paris, Point Éphémère - 9 avril 2013

Live-report par Julien Soullière

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« S’il y a le moindre souci, appelle-le ». Lui, c’est Jamie, le tour manager du groupe. Je ne le connais pas, il ne me connait pas, mais lui seul pourra confirmer mon accréditation du jour. Je prends mon téléphone, compose le numéro et attends religieusement que quelqu’un veuille bien décrocher. « Yes, Jamie speaking »: après lui avoir expliqué la situation, et le bonhomme m’avoue alors que le groupe et lui sont toujours sur la route, pour un bon quart d'heure encore selon lui, mais que, promis, il me fera rentrer dès leur arrivée. Merci Jamie, à plus tard. Je raccroche. Pour la faire courte, Tall Ships ont eu un petit souci de van le matin du concert. Ils l’ont finalement réglé, mais ont pris pas mal de retard. Seulement voilà, je pensais qu’ils étaient déjà arrivés. Peu rassurant pour la suite.

Et en effet, annoncé pour 23h15, le concert ne débutera finalement qu’aux alentours de 23h30, ce qui change tout quand on a déjà tant attendu. Moi, je fatigue, mes jambes me font mal, mais je temporise, là où d’autres préfèrent tirer leur révérence. Trop, c’est trop, surtout qu’à voir la salle à moitié vide, je me dis que certains avaient avant tout fait le déplacement pour encourager Talisco (la salle était semble-t-il pleine quand les français étaient sur scène), un groupe dont je n’aurais pas appris grand-chose ce soir, si ce n’est leur nom.
Puis, ça y est, on sent que l’attente touche à sa fin. « Two minutes guys, two minutes ». Le technicien du groupe, affairé derrière sa console, demande à ses quatre - oui, quatre, James Elliott Field accompagnant le trio sur cette tournée européenne - camarades de patienter encore un peu, le temps d’effectuer quelques derniers réglages. L’heure tourne, mais céder à la panique maintenant n’amènerait pas grand-chose de bon, mieux vaut mettre toutes les chances de son côté pour séduire les quelques courageux encore présents, et assurer le show.

Tout est désormais en place, et Tall Ships, qui n’en pouvaient visiblement plus d’attendre, engourdis par tant de route et donc d’inactivité (comme je les comprends), se voient enfin autorisés à jouer leur musique. Résonnent alors des cymbales, rapidement suivies par l’ensemble des instruments en présence ce soir pour servir le puissant T=0, introduction classique pour qui a déjà vu le groupe en concert, mais qui fait toujours son petit effet, tant ce morceau est d’une efficacité redoutable, tout en émotions et en saturations, giflant le visage du public comme une brise féroce le ferait au bord de mer. Et je ne dis pas (uniquement) ça parce que Ric Phethean est arrivé avec un bonnet rouge vermeil sur la tête, version plus urbaine de celui qu’aborait en son temps le célèbre commandant Cousteau.
Le morceau terminé, le chanteur réitère timidement ses remerciements, nous dit qu’il est heureux de voir là malgré les imprévus, que c’était bien évidemment indépendant de leur volonté, et que c’est nous qui mériterions d’être applaudis (pourquoi, alors, ne s’exécutent-ils pas ?). Tout ceci partagé avec l’assistance, le concert peut donc reprendre, et ce pour mieux faire la part belle au premier long format du groupe, Everything Touching, sorti en octobre de l’année dernière. On aura donc le droit à la bruitiste Best Ever, pièce de post-rock à tendance folklorique de plutôt bon goût, de même qu’au nouveau single du groupe, le frais et sautillant Phosphoresence.

L'heure étant désormais avancée, je profite du passage devant moi d’un groupe de trois personnes, pressées d’atteindre une bouche de métro, pour me décider à passer la porte. Un choix qui n’a rien à voir avec le groupe, avec sa prestation du soir, mais j’ai juste envie de rentrer chez moi, là, maintenant. Il est plus de minuit, et je laisse à d’autres le soin de savourer la musique de Tall Ships, de les encourager jusqu’au bout de la nuit, et ainsi baigner dans la brume artificielle qui a rempli la salle à mesure des minutes, et que les spots n’ont eu cesse de colorer de rouge et de blanc.
setlist
    T=0 Best Ever Plate Tectonics Phosphorescence Gallop Ode To Ancestors Idolatry Books Chemistry Oscar Vessels Hit The Floor
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