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Verity Susman

Paris, Point Éphémère - 10 avril 2013

Live-report par Jeremy Leclerc

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Mercredi 10 avril, le corps inanimé de Verity Susman s’est échoué sur la rive droite du canal Saint-Martin, au pied du Point Ephémère. A ses pieds, un ordinateur portable de la marque à la pomme, un clavier, et un saxophone sans vie, sexe mou, apathique, d’un homme névrosé que le viagra ne réussit plus depuis bien longtemps à faire bander. Le cadavre a été rapidement identifié grâce à la moustache blonde tirant vers le brun de ces mauvaises bières d’entrée de gamme que l’on nous sert sur les Grands Boulevards, et qui ont, sinon l’odeur, au moins la couleur de la pisse du matin.

Autre élément ayant permis l’identification de la personne, la coupe de cheveux à l’allemande que l’on peut voir dans toutes ces séries télé d’outre-Rhin, que personne ne regarde, hormis les malades s’accrochant à elles comme des singes aux branches, en plein milieu de l’après-midi, dans un élan désespéré pour lutter contre l’ennui et la lente agonie du temps.
Que s’est-il passé ce soir-là ? De réponse, je n’en ai pas encore trouvé. Cette question me hante depuis la fin du concert.

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Kool Thing en première partie. Un bon petit groupe venu de Berlin, dont le nom fait bien-sûr référence au single de Sonic Youth sorti en 1990. Un groupe nageant entre bruitisme mélodique en forme de mille-feuille et réfractions synthétiques distordues. Tout cela fait trémousser les petits culs, évidemment. A cette heure, encore peu de monde. Après un dernier tour de piste, les Allemands se retirent, pour laisser la place à la star de la soirée. Enfin, ça, c’est moi qui le dis...
La salle se remplit alors, à moitié. Une bonne moitié. Une grosse poignée de personnes est venue pour la voir, elle, dans ce vieux rafiot soumis au vent et à la pluie de ce triste mois d’avril. The Philip Glass Ceiling est sans aucun doute le point culminant de ses concerts. Il l’a encore été ce soir du 10 avril. Sept minutes où se mêlent aux brames de saxophone en rut, des sonorités funk et électro, mâtinées d’une joyeuse aura néo-futuriste. Sept minutes qui ont sauvé du naufrage une prestation bizarre, en-dedans, certainement flinguée par cet incident technique qui aura duré pendant cinq ou dix minutes, je ne sais plus, car lorsque l’impatience pointe son nez, la notion du temps, elle, s’enfuit. Beau joueur, le public, de l’applaudir, de l’encourager alors qu’elle nageait seule, dans la mélasse.

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J’avais déjà vu Verity Susman en première partie de Savages, il y a de cela quelques semaines au Nouveau Casino, une performance qui m’avait enthousiasmé par sa douce folie, et ce côté surréaliste tout à fait assumé, cultivé et même chéri jusqu’au dernier poil puisqu’il est la marque de fabrique de la meneuse du groupe de kraut-pop anglais Electrelane. L'androgénie de son personnage avait des allures de farce musicale, amplifiée par les paroles sur certaines de ces chansons : « I’m going to put my fingers inside you ». La voir brandir le saxophone au-dessus de sa tête, sucer le bout de ce solide organe aux nervures métalliques, avait cela d’hypnotique que l’on ne savait plus s’il fallait rire ou simplement apprécier la performance musicale de l’artiste. Un psychédélisme joyeux.

L’inverse de cette triste soirée au Point Ephémère.
setlist
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