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Atoms For Peace

Paris, La Gaîté Lyrique - 19 avril 2013

Live-report par Julien Soullière

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“Il parait que certains faisaient la queue cet après-midi déjà!”. Les deux types, l’un assis, l’autre debout, semblent déterminés à mettre un terme à une conversation débutée avant que je ne déboule au devant du comptoir. Conscient de cela, de mon intrusion, et finalement peu pressé, je laisse aller les choses, et c’est au bout d’une poignée de secondes que l’attention, enfin, se porte vers moi et sur la raison de ma présence. Mon billet en poche, je me dirige vers l’escalier, et je monte calmement les marches qui mènent à la salle de concert. C’est en y pénétrant que je me remémore et m’attarde finalement sur les mots entendus quelques minutes plus tôt. Il y a des gens, ici, quelque part, à fortiori dans les premiers rangs, qui patientent depuis plusieurs heures déjà, n’en pouvant plus d’espérer l’arrivée sur scène de Thom Yorke le divin. Il y a eux, et puis il y a moi, qui une fois n’est pas coutume, vient de louper une première partie.

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La toile blanche, majestueuse, coule le long du mur de béton érigé au fond de l’estrade, comme pour mieux mettre en valeur les platines encore sans maîtres. Tandis que les uns quittent la salle pour s’en griller une, les autres gardent fermement leurs positions, prêt à en découdre avec les leaders d’Atoms For Peace, qui ne tarderont d’ailleurs pas à apparaître devant nos yeux ébahis, sans chichis, une main levée en direction d’un public aux abois. Thom Yorke et Nigel Godrich, à peine installés derrière leur imposant matériel, les écrans soudain s’animent - celui du fond, puis ceux qui ornent les côtés de la salle - et débute alors une valse abstraite de formes et de couleurs, dont le public, bientôt ivre, ne tardera pas à s’abreuver.

Premier titre à être joué ce soir, la languissante Ingenue obtient sans mal l’approbation de la plèbe : plongée dans un noir d’ébène, enivrée par d’incessants flots de lumière - rouges, verts, ou encore jaunes - crachés par les diverses surfaces de projection, l’assistance finit d’être conquise dès lors que Thom Yorke, alors coiffé comme un sombre rônin, se laisse aller à ses irrésistibles déhanchements. Des trémoussements qui restent plutôt sobres à ce stade : plus tard dans la soirée, le bonhomme n’hésitera pas à accentuer ses gestes, saccadés, s’approchant au plus prêt d’un public qui n’en espérait peut-être pas tant. Plus discret que son illustre compère, Nigel Godrich le laisse amuser la galerie, et mettre les poils à une assistance au sein de laquelle certain(e)s semblent sur le point de s’évanouir dès que celui-ci pousse la chansonnette.

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Alors, il y a les images, certes, mais le son ce soir aussi cherche à se faire remarquer par les âmes en présence : le point d’équilibre ayant été atteint, l’écoute des quelques pépites charpentées par Atoms For Peace, on pourra citer Default ou encore Before Your Very Eyes..., devient en conséquence un plaisir difficile à dissimuler. Mais le veut-on vraiment ? Sous acide, la dansante Dropped fait monter le température d’un cran, la foule évoluant alors comme la houle à la surface de la mer; une mer, belle, qui saura calmer ses ardeurs pour mieux acceuillir un Thom Yorke qui, ici et là, délaissera son MacBook pour mieux reprendre le chemin de la six-cordes (Stuck Together Pieces...).

C'est déjà la fin, oui. Le public exulte, clamant au delà du raisonnable son envie, ce besoin quasi vital de voir revenir sur scène ses héros d'un soir. Finalement, seul Thom Yorke fera machine arrière, fier d'une nouvelle tenue, et le temps d'un DJ set quatre étoiles. Une belle manière de braver la nuit un temps encore.
setlist
    Ingenue
    Black Swan
    Stuck Together Pieces
    Dropped
    The Eraser
    Amok
    Before Your Very Eyes...
    S.A.D.
    Skip Divided
    Atoms For Peace
    Unless
    Harrowdown Hill
    Default
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