Ambiance feutrée pour gros son léché, avec une programmation pas tout à fait de saison,le Point Éphémère prend le pari d'embarquer tout le monde dans les Limbes avant les ponts du mois de mai… et ça marche !
Tout commence par les hyper-productifs
Lonely Walk. Forts de leur récente sortie d'album,
V.I.H.S., les bordelais ouvrent le bal « gothicold wave » de ce soir. Face a un tel aplomb, on pense immédiatement aux nouvelles coqueluches de la scène rock française, JC Satan, lesquels d'ailleurs ont quelques liens de parenté avec le groupe. Dans un style hybride punk électro-psyché, Lonely Walk ne se sont pas dégonflés et ont déroulé le tapis rouge à leurs illustres suiveurs.

Le public s'est déplacé en nombre pour les anglais, constituant une masse compacte de blousons noirs et de cranes chevelus les yeux rivés sur la scène, comme attendant un miracle pour l'avant-dernière date de la désormais consacrée tournée française d’
And Also The Trees. Dans un noir quasi-total, les musiciens s'installent les uns après les autres, le batteur en chemise blanche implacablement boutonnée jusqu'à la pomme d’Adam, le bassiste et le guitariste en noir, ainsi que la claviériste tout à droite de la scène installant soigneusement son livret de concert.
Retentissent alors les premiers accords, créant une inquiétante atmosphère sur une ou deux minutes, tournant sur elle-même et laissant planer un doute et une excitation palpable. Une mise en scène à peine spectaculaire pour l'entrée sur scène de Simon Huw Jones, le chanteur/leader au costume trois pièces qui ne sourit pas mais transpire la puissance mélangée à une certaine sagesse; avec un soupçon de vieux bourbon.
La communion avec le public est totale, les fans retenant leur souffle à chaque syllabe prononcée par le chanteur excentrique. C'est que le groupe a de quoi être attendu : trente ans qu'ils trainent leur dandysme inégalable sur scène, leur mélodies poétiques et animales chargée de poussière jaillissant de leurs manches à chaque riff bien placé .

Tout est incroyablement fluide et maitrisé sur une scène éclairée toute en délicatesse et intimité. Le concert est une lente et profonde montée en puissance, assurée par des musiciens hors-pair et classieux offrant toute latitude au chanteur d'exprimer sa fougueuse mélancolie en somme un grand moment de musique emporté par une pointure à la Morrissey ou encore Robert Smith.
Des monstres scéniques comme on n’en fait plus.