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And Also The Trees

Paris, Maroquinerie - 29 octobre 2021

Live-report par Jean-Christophe Gé

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Le public parisien a un nouveau rendez-vous avec And Also The Trees et La Maroquinerie est une des trois étapes de cette micro tournée pour marquer un événement pourtant majeur dans la vie du groupe : ses 40 ans.

Et pour un tel anniversaire, quoi de plus naturel que de choisir un lieu intime et d'y convier ses proches. Nul n'est prophète en son pays, et ce ne sont pas ces anglais qui diront le contraire : hormis un début prometteur en première partie de The Cure en 1981 et 1984, le groupe est passé de mode chez lui alors que le public se détournait de la new wave.

En France, ils ont en revanche gardé un public fidèle, et c'est une salle comble qui se presse pour ce concert. L'attente aura été longue, leur venue ayant été reporté trois fois, et sans première partie le concert doit commencer à 21h. N'y tenant plus, le groupe monte sur scène deux minutes avant l'heure, d'abord Justin seul avec sa guitare et ses pédales d'effets. L'intro est lente, bruitiste, un son plus urbain et industriel que le traditionnel univers champêtre traditionnel du groupe du Worcestershire.

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Son frère, Simon, descend les marches des loges et apparaît progressivement, sortant très lentement de la pénombre par d'imperceptibles petits pas. Il commence à déclamer les paroles de My Face Is Here in the Wild Fire. Le morceau de 2012 est dans la lignée de ce que le groupe propose depuis quatre décennies, poétique, dramatique et romantique.

Le chanteur attrape une chaise et s'assoit, sa voix reste puissante et se marie toujours parfaitement avec le jeu de guitare. Ce duo peut laisser penser à un démarrage à la Brothers Of The Trees, avec juste les deux frères Jones, désormais seuls rescapés du line-up originel et coeur du groupe. Comme pour me faire mentir, Colin Ozanne les rejoint sur scène et sa clarinette ajoute une nouvelle dimension à leur musique.
Le groupe enchaîne sur Vincent Crane, extrait du second album Virus Meadow qui vient d'être réédité dans une superbe version remasterisée et augmentée de faces B. L'intro est revisitée, l'arrangement dépouillé et électrifié. Le chanteur est à genou, le batteur et le bassiste arrivent enfin sur scène pour donner au titre un final magistral.

Le groupe enchaîne sur Shantell, issu du premier album, également superbement réédité pendant le confinement. Colin, cinquième membre d'un groupe qui a presque toujours été un quatuor, apporte quelque chose de très intéressant au morceau. Impression confirmée sur Your Guess issu du dernier album paru en 2016, que le batteur et le bassiste emmènent plus loin. Avec ces nouveaux membres, And Also The Trees donnent un second souffle à leur œuvre.
Sur Maps In Her Wrists And Arms, la tension ressentie va au-delà de la nostalgie et j'ai l'impression de découvrir la chanson pour la première fois, de vivre l'histoire racontée dans la chanson, à la manière d'un livre ou d'un film que l'on peut reprendre régulièrement sans s'en lasser.

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"Well we're still here and so are you", dit le chanteur avant d'enchaîner sur The Suffering Of The Stream, un autre titre de leur catalogue des années 80s. Le public ne cache pas sa joie. "Seriez vous intéressés par quelque chose de neuf ?" : avant même d'entendre la réponse du public, il lâche "peut-être que nous essaierons quelque chose de nouveau plus tard". En attendant, ils jouent Wallpaper Dying, face-B de leur premier single.
La très jazzy Rive Droite prend une évolution plus rock avec la deuxième guitare. Cette même guitare porte également l'essentiel de la mélodie de Boden. Pour ce voyage dans le temps à grande vitesse, c'est le moment pour un nouveau morceau racontant une histoire dans un pays qui n'existe plus, (In A Bed In) Yugoslavia. Assez dissonant, il donne envie d'écouter un nouvel album. Il est enregistré, prêt à sortir, mais le chanteur nous explique, s'il en était besoin, que les choses aujourd'hui ne se passent pas forcément comme prévu.

Brother Fear, sorti sur Angelfish en 1996, me paraît un vieux morceau maintenant, alors qu'à l'époque il avait marqué un petit tournant plus jazz dans le son du groupe. Le chanteur se met en retrait et semble se recueillir en coulisse pour l'intro très théâtrale de Dialogue. Le morceau finit en apothéose portée par la Basse de Grant Gordon.
Après Missing, on quitte les années 90s pour revenir aux sources du groupe avec So This Is Silence, un morceau d'anthologie que le groupe a longtemps trouvé trop intense pour la scène. Et c'est peut-être cette retraite forcée qui permet au morceau de trouver une nouvelle jeunesse. Il est enchaîné sur Virus Meadow, autre morceau culte du groupe, laissant le public en transe et marquant la fin du set.

Le groupe revient pour une Prince Rupert magistral après un faux départ. Le jeu entre la section rythmique et la guitare de Justin est splendide. Ils ne pouvaient nous laisser sans un dernier nouveau morceau : Bone Carver(s). L'heure du couvre feu est arrivée, le groupe semble hésiter, mais il joue tout de même un dernier titre, Slow Pulse Boy, également issu de Virus Meadow, l'album qui aura été le plus mis en avant ce soir.

La soirée est passée aussi vite que ces quarante dernières années (ndlr : quarante-deux, en réalité), et le groupe laisse son public dans l'attente d'un nouvel album fort prometteur !
setlist
    Intro
    My Face Is Here In The Wild Fire
    Vincent Craine
    Shantell
    Your Guess
    Maps In Her Wrists And Arms
    The Suffering Of The Stream
    Wallpaper Dying
    Rive Droite
    Boden
    (In A Bed In) Yugoslavia
    Brother Fear
    Missing
    Dialogue
    So This Is Silence
    Virus Meadow
    ---
    Prince Rupert
    Bone Carver(s)
    Slow Pulse Boy
photos du concert
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