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Neil Halstead

Paris, Espace B - 25 septembre 2013

Live-report par Xavier Turlot

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En ce mercredi 25 septembre, l’Espace B nous a donné l’occasion de rencontrer le beaucoup trop rare Neil Halstead, au cours d’une soirée folk tout ce qu’il y a de plus minimaliste.

Une ambiance de profond recueillement s’installe dès le début de la première partie, assurée par le franco-canadien Wooden Wolf, venu présenter son album intimiste 14 ballads Op. 1. Des ballades, effectivement, très champêtres et introspectives, semblent souvent parler d’amours déçues. L’audience à forte proportion anglophone a su apprécier ses paroles incongrues, alors que le chanteur introduit souvent le décor de ses morceaux avec un bref résumé. Les chansons se succèdent, plutôt élégantes et sombres, empruntant à la longue tradition américaine du songwriting. Outre la frappante We Can't Find The Light, mentionnons le dernier titre interprété, Horses In The Storm, sur lequel le son du « tonnerre » est assuré par le public qui se passe de mains en mains un instrument en bois étrange, vrombissant aux quatre coins de la salle.

Un court quart d’heure plus tard arrive Neil Halstead, barbe fleurie, chemise de cow-boy et casquette de redneck vissée sur la tête. Réservé, presque timide, il entame son set après s’être essayé à retrouver la dernière fois qu’il avait joué à Paris (six ans lui dit un spectateur). Tied To You pose immédiatement l’ambiance du concert à venir, mélancolique et méditatif. Il est seul, alternant entre ses deux guitares acoustiques, avec pour seul artifice une pédale de reverb qui donne aux titres une profondeur vertigineuse. Les yeux clos, sourcils froncés, dodelinant de la tête, Neil vit ses compositions et les transmet à la foule compressée et agglutinée devant la scène l’écoutant dans un silence religieux. Le volume sonore est si bas qu’il n’est de toute façon pas possible de discuter : même le claquement de la porte qui mène au bar dérange.

Des extraits des trois opus de l’Anglais se succèdent : Full Moon Rising, Home For The Season, sur laquelle il s’essaye à l’harmonica, des singles plus anciens comme Oh Mighty Engine et Elevenses, dont il précise que le dernier a été repris dans une pub aux Etats-Unis... Il n’hésite pas à demander au public quelles chansons ils souhaiteraient entendre, et il y a des connaisseurs dans la salle ; une fille demande See You On Rooftops, du tout premier album Sleeping On Roads, tandis qu’un garçon d’une vingtaine d’années sollicite Dagger, une chanson de 1993 de son premier groupe, Slowdive. Le dernier album Palindrome Hunches est quand même à l’honneur, avec la sublime Digging Sheleters ou encore Hey Daydreamer, lequel supporte très bien l’absence de piano mais pose un problème de transposition au chanteur, expliquant que tout son dernier album a été enregistré trop haut dans la gamme.

Il s’arrête de jouer, abandonne la chanson pour entamer la prodigieuse Witless Or Wise et conclure avec la piste d’ouverture : Tied To You, belle manière de boucler la boucle, pour une prestation qui aura tout de même fourni 1h20 d’évasion, à une distance incalculable du 19ème arrondissement...