Vendredi soir dernier au Point Éphémère à Paris était la seule occasion en France de voir l'ancien guitariste de The Coral, Bill Ryder-Jones, défendre son dernier album solo,
A Bad Wind Blows My Heart. Peu connu du grand public, réputé être agoraphobe et timide, Ryder-Jones avait déjà publié la Bande Originale d'un film imaginaire,
If, en 2011, avec rien moins que l'Orchestre Philharmonique de Liverpool, et qui avait connu un certain succès critique...
La première partie, assurée par un groupe de rock parisien,
The Younger Son, lequel tient bien la route, propose des structures très classiques, britanniques et léchées. Si l'ensemble est un peu trop standardisé, force est d'admettre que le dernier titre interprété fut particulièrement intense.
Bill Ryder-Jones arrive sur scène vingt minutes plus tard, un coca à la main, avec trois musiciens. Aucune solennité, l'intimité de l'arrivée fait plutôt penser à un bal de lycée, et l'Anglais discute pendant cinq bonnes minutes, plaisantant avec le public et son roadie préposé à la vente de disques et de t-shirts.
Entamant le set par
A Bad Wind Blows In My Heart, l'ambiance est posée, et elle sera très paisible. Le claviériste, qui tapote son clavier midi avec parcimonie et le « batteur » qui dispose en tout et pour tout d'une caisse claire étouffée par un chiffon et d'un egg shaker, entourent le duo guitare acoustique/guitare électrique, qui est d'une sobriété totale. La frêle voix de Bill susurre la magnifique
Hanging Song, joli single champêtre sur lequel vient se poser avec douceur la guitare électrique, à peine perceptible. Même constat pour
He Took You In His Arms et
There's A World Between Us, magnifiques chansons, interprétées en toute sincérité dans une émotion palpable.
La formation s'efface durant quelques chansons, laissant Bill Ryder-Jones à lui-même, attaquant
The Lemon Trees #3 avec un volume sonore si faible que l'on entend son médiator claquer et un portable perturber les ondes. Une personne qui rigole un peu fort côté bar retarde le début d'une chanson de quelques secondes. Le reste du groupe revient sur
You're Getting Like Your Sister, morceau qui a pour sujet une certaine Christine, qui servira de running gag communicatif au chanteur.

A ce stade du concert, il faut sans doute être un grand fan du guitariste pour ne jamais décrocher, car si on peut comprendre la recherche de naturel et de sobriété, on peut aussi se dire qu'une légère batterie, une basse et un clavier aussi présent qu'en studio auraient été les bienvenus pour remplir un peu plus l'atmosphère du Point Ephémère en ce début de week-end.
Le set se conclut par
A Bad Wind Blows Through My Heart Pt2, en écho à l'ouverture, tout juste quarante-cinq minutes plus tôt. Le public n'aura même pas eu le temps d'envisager un rappel.