Il y a foule en ce week-end automnal à la Maroquinerie pour se réchauffer au coin d’un bon punk, dispensé pour l’occasion par le quatuor Parquet Courts. La salle est déjà moite en début de soirée pour accueillir la première partie : un groupe de Manchester, Mazes, qui a sorti deux albums plutôt réussis chez FatCat Records. Embêtés par des problèmes techniques lors de leur passage au Point Ephémère en avril dernier, on avait une raison de plus de les écouter attentivement reprendre les titres de
Ores & Minerals, dernier album en date. D’autant plus qu’un mini-album intitulé
Better Ghosts est prévu pour le 18 novembre prochain...

Le trio débraillé attaque son set avec le single
Bodies, six minutes lancinantes de mélodies étranges, entre pop guillerette et expérimentations psychédéliques. Ce son à la fois brut et travaillé nous désarçonne dans nos classifications.
Dan Higgs Particle suit la même voie, faite d’arrangements bruitistes et de mélodies radieuses. Le son et les balances sont cette fois de très bonne qualité, et l’alchimie prend immédiatement entre le batteur que rien ne semble pouvoir arrêter, le bassiste qui dodeline de la tête caché sous ses longs cheveux gras, et le chanteur-guitariste qui alterne entre phrasés (parfois à la limite de la justesse) et solos conceptuels à la distorsion parfaitement calculée.
Le tout nouveau single
Hayfever Wristband est interprété avec passion, un beau morceau dont la simplicité de l’instrumentation nous ramènent au début des années 1990, quelque part entre Nirvana et les Meat Puppets, loin de la hype et proche des bonnes recettes éternelles. L’excellent
Wait Anyway, issu de leur premier album
A Thousand Heys, est un délice, comme la ballade
Cenetaph et sa fragilité palpable.

Le trio ne communique presque pas avec le public mais ils font une musique tellement cool et ont des looks tellement improbables que personne ne leur en tiendra rigueur. Jack Cooper, le leader, met quelques minutes à régler un problème technique avec sa guitare, avant de se lancer à corps perdu dans
Skulking, morceau qui s'étalera sur une dizaine de minutes. Avec ce long jam à la mode des années Woodstock, beaucoup plus sale et violent que l’originale, ils obtiennent la totale approbation du public, heureux de voir un groupe qui ne se contente pas d’interpréter un disque sur scène mais préfère transformer ce morceau de simple facture en une expérience improvisée qui se terminera encore une dizaine de décibels au-dessus du rythme de croisière.
Les amplis sont chauffés pour le punk de Brooklyn.