Depuis quelques années maintenant, la tradition veut que le Festival Les inRocKs accueille lors de chacune de ses éditions une soirée Kitsuné Maison En Vrai! à Paris. 2013 n'aura pas failli à la règle, trois formations ayant été invitées à se produire sur la scène de la Boule Noire en ce 7 novembre : Years & Years, Portland ainsi que SWIM DEEP.

C'est aux premiers nommés que revient l'honneur de lancer les hostilités dès 20h10 face à une affluence encore maigrelette à l'heure en question. Présentée comme un quintette, c'est sous la forme d'un trio que la jeune formation menée par Olly Alexander, repéré en tant qu'acteur dans la très populaire série Skins, va se produire ce soir. Tous installés derrière des claviers, synthés ou laptops, les trois musiciens ont pour aspiration de faire danser le public, mais leur musique s'y prête-elle vraiment ?
Assurément orientées vers le dancefloor, leurs compositions se veulent tantôt toutes aussi rythmées que basiques, tantôt plus lounge mais manquant de relief. En réalité, le véritable atout de Years & Years réside en son frontman : euphorique, le sourire aux lèvres tout au long des quarante minutes que va durer la prestation du soir, ce dernier fait avant tout preuve d'un talent vocal évident et focalise les regards en dépit de son look d'adolescent affichant un t-shirt kitsch, une casquette et une chaîne autour du cou. Si certains verront en lui un candidat potentiel à un futur boys band, le jeune homme aura ce soir porté son groupe et justifié sa présence à lui seul.

Après cette entame prometteuse, c'est au trio
Portland, originaire de Metz, de faire son apparition. Un batteur jonglant entre son instrument et des percussions électroniques et un second musicien préposé aux claviers et synthés entourent ainsi une chanteuse affublée d'une robe moulante pour le plus grand plaisir de la frange masculine du public. En dépit des promesses affichées par le trio auteur il y a quelques semaines d'un premier EP, leur prestation du soir tourne rapidement à la déception. Dénuée de toute subtilité, leur musique putassière à mi-chemin entre la house et la dance music se veut redondante et emplie de clichés, les titres se suivant ainsi tout autant qu'ils se ressemblent. La réaction du public ne trompe pas en dépit des tentatives de Lily Pejon pour faire monter l'ambiance : si des applaudissements polis leurs sont adressés, les premiers rangs de la Boule Noire se font de moins en moins compacts au fil des titres, nombreux étant ceux préférant aller s'oxygéner au bar ou à l'extérieur de la salle en attendant la suite de la soirée. Pour Portland, la route s'annonce encore très longue.

Après un rendez-vous avec le public français raté au mois de mai dernier, c'est sur le coup de 22h20 que
SWIM DEEP s'apprêtent à se produire pour la première fois à Paris. Si leur album
Where The Heaven Are We ne s'est pas encore vu offrir la chance d'une sortie officielle en France, l'attente est réelle dans la petite salle du Boulevard Rochechouart. Partageant avec leurs amis de Peace le même goût pour des choix vestimentaires discutables (pull fuchsia pour Austin Williams, sweat-shirt à l'effigie de Mickey Mouse pour Cavan McCarthy), SWIM DEEP savent avant tout comment mettre en valeur les nombreux singles ayant fait leur popularité outre-Manche.
Accompagnés par un cinquième musicien aux claviers, les anglais nous proposent ce soir un rock ensoleillé gagnant en puissance et en consistance dans les conditions du live. Lancé sur de bons rails par
Francisco et
Honey avant l'enchaînement de
Red Lips I Know puis
Stray, leur set d'une quarantaine de minutes va réellement prendre son envol avec une reprise très convaincante du
Girls Just Want To Have Fun de Cindy Lauper. Plus sage que prévu, la formation de Birmingham va subitement provoquer un réveil de la salle avec son tube
King City, les premiers rangs s'agitant et se lançant dans les premiers pogos de la soirée au son de l'irrésistible single. Plus subtil mais non moins entrainant,
She Changes The Weather clôt avec brio un set court et concis mais n'ayant souffert d'aucun temps mort.
Sur scène, comme sur disque, le potentiel de SWIM DEEP est indéniable. Ont-ils les épaules assez larges pour devenir la machine à tubes que certains voient en eux ? L'avenir nous le dire.