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Circa Waves

Paris, L'International - 15 novembre 2013

Live-report par Baptiste Elman

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Vendredi 15 novembre. L'International. Les curieux semblent s'être déplacés en assez grand nombre dans la cave du bar/salle de concerts branché du 11ème arrondissement. D'autant plus qu'en ce premier soir d'un week-end particulièrement chargé en sollicitations culturo-festives la salle n'a vraiment pas à rougir de son taux de remplissage. Mais comment expliquer une telle affluence ? Eh bien, un bon mois et demi avant la date fatidique du 25 décembre, le bruit court que le Père Noël aurait décidé de faire, ici même, un petit tour de chauffe aux alentours de 22h... Et tout le monde guette l'arrivée d'un mystérieux cadeau... Mais comme dans toute pochette surprise personne ne sait trop à quoi s'attendre !

Petite explication : ce soir les british du line-up portent le blaze de Circa Waves. Adoubés par le très sérieux label Transgressive Record (Foals, Bloc Party, The Shins, Battle, Johnny Flynn...), ces énigmatiques liverpuldiens ont ces dernières semaines affolé les webzines et autres blogs musicaux du royaume de sa majesté. Paradoxalement, naviguant extrêmement discrètement sur l'océan du net, il faut dire qu'ils y avaient pourtant déclenché un vague géante en publiant une mystérieuse chanson. Juste le temps pour certains d'y voir un nouveau morceau des Strokes qu'ils la retiraient aussi vite de la toile. Il n'en fallait pas plus à la hype pour s'emparer de l'affaire. Et voilà que fin octobre un premier clip en noir et blanc, classieux et austère, dévoilait avec astuce un premier single particulièrement énergique et efficace : Get Away. Voilà venue l'épreuve du premier live outre-Manche... Tempête dans une tasse de thé au lait ou raz-de-marée briton à venir ? C'est bien la question que tout le monde se pose en ce vendredi soir parisien pluvieux...

Et comme toute soirée de Noël réussie est indissociable d'un repas pantagruélique, ce sont les frenchies de Selenian qui font office d'amuse-bouche pour un public affamé qui semble pour le moment réceptif à tous stimuli sonores. Mais le groupe pèche vite par trop grande gourmandise et le rock psyché tout plein de crème chantilly qu'ils déversent avec démesure s'avère tout bonnement indigeste. Les nappes new wave interminables se superposent et noient malheureusement des mélodies, riffs et rythmiques, pourtant assez affriolantes au premier abord, dans une bouillie hypercalorique informe. Dommage...

Le bacchanal auditif terminé, voici enfin venu le moment de déballer les cadeaux ! Et les quatre paquets ouverts, nous voilà face à une bande d'ados dégingandés, tout droit sortis du premier collège britannique du coin, uniforme en moins. Guitare, basse et batterie. Tout ce qu'il y a de plus classique. Sagement les teenagers s'installent avec flegme et sans prévenir : « One, two, three, four... », voilà le concert qui commence vite, très vite même !
Débordant d'un enthousiasme non feint, les quatre garçons ressemblent de prime abord à ces éphémères groupes de lycée que nous avons tous déjà croisés au détour des pupitres d'une salle de technologie miteuse ou des étagères d'un CDI poussiéreux. Mais très vite, il faut se rendre à l'évidence… Aucune crainte d'assister à un pathétique fiasco de rock'n'roll pré-pubère fantasmé et mal ficelé. Voilà des boys qui ont dû en sécher des centaines d'heures de cours pour être aussi calés avec leurs instruments, qu'ils manient comme de redoutables armes de guerres !

Démarré au quart de tour, à aucun moment le set ne faiblira et tous les membres du groupe semblent jouer chaque nouvelle note avec une passion sans cesse plus intense que la précédente. Là où le rythme brinquebalant du batteur de notre groupe de lycée préféré s'effondrait dans un fracas de cymbales dissonantes à la fin d'un break trop ambitieux, le drummer de Circa Waves s'en sort impeccablement en enchainant rythmiques puissantes et métronomiques. Il en va de même pour les lignes de basse millimétrées et les riffs de guitares frénétiques qui, s'ils ne sont pas des plus originaux, font preuve d'une maitrise incontestable. Le solo de gratte foireux et désaccordé de notre meilleur pote de la 3ème D se prenant pour Jimmy Hendrix semble bien loin.
Enfin la voix claire et puissante du chanteur, épaulée par des cœurs brillants, n'a plus qu'à virevolter au dessus de la cohésion musicale de l'ensemble. Bref, la cohérence est totale, Circa Waves est une machine de combat particulièrement bien huilée dans laquelle les quatre membres du combo ne semblent faire qu'un. Dans la même veine que le premier single Get Away, sans jamais faiblir, les titres de rock british, encore inédits, s'enchainent, brillants, tous possibles futurs succès du genre : Young Chasers, Good For Me, Stuck In My Teeth, Know One, Catch My Breath, Fossils, My Love...
Mais c'est ainsi qu'en un clin d'œil, nous voilà arrivés à la septième chanson du set et que le chanteur prend tout le monde au dépourvu : le groupe est tout jeune et il ne leur reste plus qu'un seul titre en stock ! Voici déjà venue la fin du concert et My Love en sera la dernière chanson. Et c'est non négociable ! Pas la peine de rêver au moindre petit rappel... Juste le temps donc de se jeter corps et âme dans le dernier brûlot rock de la soirée que les quatre énergumènes s'évaporent et que les lumières se rallument... Le déflorage parisien de Circa Waves aura duré à peine trente minutes... Mais quelle demi-heure !

La suite au prochaine épisode, que l'on espère imminent...