Mogwai à l’Olympia : c’est un peu l’affiche de rêve en ce début d’année 2014. Les écossais sont en effet venus défendre
Rave Tapes, leur dernier album, sur scène dans la salle mythique du boulevard des Capucines. L'anglais de
Forest Swords officiait en ouverture de ce que l’on pouvait espérer comme une immense orgie sonore.

A 19h30 précises, les lumières s’éteignent et l’Olympia se retrouve plongé dans le noir. Deux masques effrayants sont projetés sur un écran situé derrière les trois membres du groupe de Liverpool que l’on ne verra pas de toute la performance. Car à l’exception d’une infime partie du manche de la basse d’un des musiciens, l’obscurité règnera en totalité pendant les trente minutes
d’électro noire déversée par Forest Swords. Le spectacle se situe donc uniquement sur l’écran où défilent successivement des variations basées sur le mouvement. Que cela concerne des fleurs immergées, des vêtements virevoltants, des formes géométriques ou encore une femme au visage caché par sa longue chevelure, le déplacement est de mise dans les mini films qui accompagnent la
performance sonore. Le son est plutôt oppressant, notamment avec ces beats percutants qui viennent terroriser les sonorités dubs qui traversent les enceintes de la salle parisienne. En définitive, le rendu visuel se conjugue à merveille avec ces longues boucles atmosphériques souvent
dénuées de réelles mélodies mais à l’efficacité renversante. Le concept mélodico-visuel de Forest Swords est donc une expérience à proprement parler. On adore ou on déteste, mais en tout cas on ne reste pas indifférent.

Rescapés des ténèbres, il faut maintenant se préparer à affronter le déluge sonore dont les écossais de
Mogwai raffolent. Les cinq musiciens prennent possession de la scène à 20h30 et nous plongent d’entrée dans le dernier album avec
Heard About You Last Night, plage d’ouverture
de
Rave Tapes. Le son est propre et le groupe est appliqué. On croirait rêver. Mais de la délicatesse, le quintet ne va pas en avoir très longtemps. En effet, dès le second morceau, la tension musicale monte d’un cran. Celle-ci se voit d’ailleurs accentuée par les couleurs rouges sang qui illuminent les musiciens au cours de l’interprétation de
You Don’t Know Jesus. On sent Stuart Braithwaite encore dans une certaine retenue, mais celui-ci va vite nous entrainer au fond du précipice avec la version de
Master Card qui s’ensuit, qui verra le groupe enfin déverser les premiers torrents électriques de la soirée.
Si le décor accompagnant Mogwai est basé sur la pochette de leur nouvel album, la setlist, elle, déborde de surprises et de sacrées d’ailleurs ! Effectivement, si la majorité des morceaux du groupe joués s’avèrerent extraits de leur dernier opus, le groupe va piocher dans sa discographie désormais bien
fournie pour le plus grand plaisir de ses fans, notamment avec le totalement inattendu
Ithica 27Ø9, b-side de
Summer leur second 45 tours sorti en 1996, où trois guitares viennent faire exploser le sonomètre de l’Olympia en dépassant les 110 décibels !

La musique des écossais ne se résume toutefois plus simplement à de longues envolées électriques qui les caractérisent pourtant toujours. Car le clavier occupe depuis quelques disques déjà une place de choix dans leur musique et bien évidemment sur bon nombre des morceaux interprétés pendant ce concert. Par exemple,
Deesh et son clavecin seventies qui se combine à merveille avec les guitares et les deux batteries nécessaires à son exécution; Luke Sutherland faisant à cette occasion son apparition en tant que sixième comparse de scène.
Si la musique des écossais a su muer au fil de leurs albums, il n’empêche que deux replongées dans l’immense EP
No Education = No Future (Fuck The Curfew) ne peuvent que générer une folle excitation au sein de l’audience.
Small children In The Background d’abord mais surtout le fabuleux
Xmas Steps viennent ainsi venus gonfler une setlist pourtant déjà irréprochable.
Mexican Grand Prix vient conclure, à l’aide de ses accents kautrockiens, une heure dix de décibels en folie. Mais la fête n’est pas terminée pour autant.
Les six musiciens reviennent rapidement sur scène pour un rappel qui constituera d’ailleurs une anthologie à lui tout seul. Trois balles en argent qui font mouche en plein cœur : l’excellent
How To Be A Werewolf, suivi du très énergique
Hunted By A Freak en précurseur à l’hymne
Mogwai Fear Satan qui voit le sextet transformer la salle Bruno Coquatrix en une véritable cathédrale sonore. Cette fois la messe est belle est bien dite. Mogwai aiment toujours autant flirter avec la foudre et cela pour notre plus grand bonheur.