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Forest Swords

Paris, Badaboum - 14 octobre 2017

Live-report par Albane Chauvac Liao

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Pas de setlist, ce soir se vit sans trajectoire. Un festival de performances artistiques visuelles avec en premier, un face-à-face guitare/synthé.

Des rayons bleu lagon grandissent avec le volume. Une voix de ténor gravissime, c'est L'Âge d'Or du beat, un appel aux corps mouvants, mouvements de bras ballants et dents grelottantes. Contemplations statiques des particules élémentaires. Une transe. Sur un magnifique Pray, l'écran est prosterné. Une insolation lumière qui joue comme un exutoire dans vos mémoires. Entre l'Âge d'Or de Grenoble et Forest Swords de Wirral/Liverpool, un interlude salvateur ce soir au Badaboum : « Music is the answer to your problems, keep on moving then you can solve them ».

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22h : l'heure de Forest Swords<.b> a sonné. Macintosh music. On commence par de l'ambiant dans le dark. L'image d'un masque, une vision tribale troublante vient s'ajouter à des sonorités déjà majestueusement inquiétantes. Côté public, c'est fort peuplé, ça s'embrasse même dans le noir. Ils sont tous prêts à s'endormir, les uns sur les autres. Dans un silence religieux, les yeux fermés. Transe qui dérange, tons sonores qui s'arrangent. Les applaudissements sont si timides qu'on se croirait au théâtre de mimes.
Des tonalités qui vous caressent les tempes comme un plumeau sur du carrelage glacé. Dépoussiérage d'esprit. Avec Forest Swords, il faut une formation, une initiation avant le voyage. Séance ayurvédique peut-être ? On se contentera d'un verre d'eau. Sobrement, on restera scotché à l'écran qui nous offre un scarabée, du sable, un massage sensuel du sable par des mains toutes douces. Bougies. Feu. Pâquerettes. Du lait. Du lait qui coule dans une main. Du son sorti de l'ordinateur. Parterre de fleurs. Chevelure de femme.

On en oublierait presque le public amorphe derrière. Un concert qu'on ferait bien assis en ronde shamanique ou debout à pratiquer des danses de bohèmes antiques. Mais on se retourne et... rien. Tous sont statiques. Matthew Barnes, en parfait leader, dit bonjour au bout de cinq chansons. Puis c'est la Panic (« I fear something is wrong, the panic is on »). De ces cauchemars qui vous réveillent en sursaut et pourtant, vous en redemandez. Les membres, habitués à vivre la nuit, se font de la signalétique dans le noir complet. Combien sont-ils d'ailleurs ? On croirait entendre le cri d'un peuple tout entier. Magie du clavier. Des rayons verts signalent, tirent les spectateurs-dormeurs de leur sommeil en profondeur.

Merci pour ce petit concert initiatique (de l'imagination), tout dans la tête, rien dans l'audience. Le genre de soirée où l'on reste, forcé, absorbé. Heureusement, le clavier parfois vous détend. Une expérience à retenter en festival, automnal et forestier, ou tout simplement en transe chez soi, avec l'album Compassion. Vous en ressortirez maudits mais purifiés.