Au sortir du concert de Kaiser Chiefs le 22 avril, la même réflexion était dans tous les esprits : « J'ai rarement autant transpiré de toute ma vie ». Quelques semaines après la sortie de leur nouvel opus
Education, Education, Education And War, les Anglais de Leeds étaient de passage à la Flèche d'Or pour un concert relativement intimiste et carrément mouvementé.

Si le groupe a semblé s'essouffler depuis quelques albums et notamment depuis le départ récent du batteur-compositeur Nick Hodgson, il n'empêche qu'il est infatigable en concert. La soirée commence en trombe sur
Everyday I Love You Less And Less sans même une première partie pour nous mettre en bouche. Pas question de se distraire, il faut garder toute son énergie pour Kaiser Chiefs. Car de l'énergie, on en aura besoin. Dès les premières notes, la foule s'agglutine vers les premiers rangs et les gens commencent à sauter. On sait à quoi s'attendre avec Kaiser Chiefs, il y aura de l'ambiance. Comme toujours, le chanteur Ricky Wilson est intenable : il saute, bouge, grimpe... Première leçon de la soirée : Kaiser Chiefs est un groupe qui vous fait transpirer.

Comment Ricky Wilson fait-il pour être aussi charismatique ? Donnerait-on des cours dans les écoles anglaises pour apprendre à devenir frontman ? Quoi qu'il en soit, le public est sous le charme. Voilà quelqu'un de loquace. Il écoulera à peu près tous les mots et expressions françaises de son répertoire. « I know, my vocabulary is outstanding », lance-t-il avec un grand sourire ironique. Il présente également le groupe à de nombreuses reprises, peut-être par crainte que l'on se soit retrouvé ici par hasard. Vers la fin du concert, ce sont de multiples « shit » et « fuck » qui viennent témoigner de la fatigue du chanteur. Ça, et la transpiration.
Voilà quelqu'un de tactile. Il serre les mains, il fait des câlins, il saute dans la fosse. Il fait même monter une femme sur scène pour danser avec elle sur
You Can Have It All. Inutile de vous décrire l'excitation de celle-ci, ni les trépignements du reste de la gente féminine (et pas que) présente dans la salle. Voilà quelqu'un de mobile. Il escalade l'un des poteaux de la scène, monte sur la régie, grimpe sur la batterie. A vrai dire, les murs semblent être les seuls endroits qu'il n'ait pas escaladés, et c'est probablement judicieux. C'est sur
The Angry Mob que Ricky Wilson viendra se percher sur la régie en plein milieu de la salle. Conséquence : tous les yeux se détournent de la scène et se tournent vers lui, délaissant sans vergogne le reste du groupe le temps d'un morceau.

Si la performance scénique est admirable, Kaiser Chiefs ne fait heureusement pas partie de ces groupes qu'on aime voir en concert mais qui n'ont aucun intérêt musicalement. Avec d'excellents albums très bien ficelés à la
Employment, Kaiser Chiefs ont également derrière eux du matériel qui se défend bougrement bien. Néanmoins, tous leurs albums ne sont pas d'une qualité tout à fait égale et la tendance est plutôt à la baisse. Leur dernier disque est d'ailleurs loin de connaitre un franc succès critique mais ce soir,
Factory Gates et les autres morceaux du nouvel album sont déjà largement plébiscités par le public.
Le concert s'achève finalement sur
Oh My God, tiré du fameux
Employment. Les tubes (
Ruby,
I Predict A Riot) ont tous été honorés et, mis à part le fait que la salle sent désormais le rat mort tant l'ensemble du public a transpiré, il n'y a pas grand-chose à redire. Ultime leçon de la soirée : Kaiser Chiefs est un groupe qu'il fait bon voir en concert.