Après avoir laissé s'écouler pas moins de quatre années entre les sorties de
Derdang Derdang et
Coconut, respectivement présentés en 2006 et 2010, Archie Bronson Outfit avaient choisi de faire patienter leurs fans durant le même laps de temps avant de publier il y a quelques semaines
Wild Crush chez Domino Records. Un disque marquant le retour du groupe au son de ses débuts après l'ambitieuse - et réussie - collaboration avec Tim Goldsworthy, alors que le bassiste Dorian Hobday a quant à lui choisi entre temps de tirer sa révérence, remplacé dans la foulée à temps complet par le musicien live Kristian Robinson.

S'ils n'ont jamais connu un réel succès commercial ou populaire en France, Archie Bronson Outfit avaient jusqu'à maintenant été habitués à être soutenu par un noyau dur de fans lors de chacune de leurs apparitions. Jusqu'à ce vendredi 6 juin. Confrontés à la tenue du festival Villette Sonique dans la capitale, au retour du beau temps se traduisant par des terrasses bondées dans la rue Oberkampf ainsi qu'un week-end prolongé de trois jours, seules quelques dizaines de personnes ont ainsi daigné faire le déplacement dans la salle du Nouveau Casino. Quelques minutes plus tôt, déjà, le constat est pour le moins décevant, voire inquiétant : seule une petite cinquantaine d'âmes observe passivement la prestation de
Get Your Gun, lesquels délivrent un rock abrasif porté par un impressionnant Andreas Westmark, tant vocalement que de par son allure. Les trois danois ne ménagent pas leurs efforts mais la réponse du public est minimale, pour ne pas dire inexistante, quoique polie en fin de set au moment de quitter la scène.

Une vingtaine de minutes plus tard, place est donc faite pour accueillir
Archie Bronson Outfit, dont la configuration scénique en quatuor appartient désormais au passé. Mark Cleveland se voit ainsi placé à l’extrémité gauche de la scène derrière sa batterie, laissant le centre à Kristian Robinson aux claviers et à la basse, tandis que Sam Windett, casquette vissée sur la tête, est installé à droite derrière son microphone. En guise de décorations, une toile représentant la pochette de leur album
Wild Crush orne le mur au second plan, tandis que deux écrans affichant diverses figures géométriques colorées et qu'une poignée de guirlandes disséminées ça et là agrémentent le rendu visuel.
Quelques quatre-vingt personnes accueillent ainsi timidement le trio sur le coup de 21h, lequel démarre son set tambour-battant sans se perdre dans de quelconques discours ou échanges avec la fosse. Faisant la part-belle dans un premier temps à de nombreux titres extraits de
Wild Crush, l'entame de la prestation manque encore de fougue et d'implication de part et d'autre. Si certaines compositions semblent encore en phase de rodage,
Got To Get (Your Eyes) et plus encore
Kink laissent entrevoir les prémices d'une montée en puissance salvatrice, le blues rock sauvage du groupe ronronnant alors encore.

Principalement amassé dans les premiers rangs, le public se montre lui aussi plus réceptif et démonstratif alors que les minutes s'écoulent, la seconde moitié du set principal, essentiellement constituée de titres forts du répertoire du trio, changeant radicalement la donne. Intense et sèchement envoyé,
Dart For My Sweetheart provoque un premier sursaut, avant que
Magnetic Warrior et surtout un tonitruant
Dead Funny durant lequel la batterie Mark Cleveland mène le tempo ne se placent comme les grands moments de la soirée. Dans la foulée d'un
Hoola lui aussi accueilli avec joie,
Cherry Lips fait à son tour remuer une fosse s'imprégnant sans retenue de l'ambiance crasseuse régnant alors sur la petite salle.
Si le rappel proposé quelques minutes plus tard peinera à se montrer aussi convaincant en dépit de la présence de
Country Miles et
Harness (Bliss), on retiendra de cette soirée la capacité d'Archie Bronson Outfit à se montrer conquérants dès lors que leurs meilleurs titres font leur apparition. Et qu'importe si l'affluence n'aura pas été celle espérée, comme le dit le vieil adage, les absents ont toujours tort.