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Babe
Teleman
Tom Vek

Paris, Flèche d'Or - 12 juin 2014

Live-report par Xavier Turlot

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La Flèche d'or a accueilli ce 12 juin une soirée particulièrement alléchante : la Moshi Moshi Night, qui regroupait trois groupes du label londonien. Et les trois groupes ont une actualité chaude puisque chacun a publié un disque cette année. Beaucoup de cohérence également car Babe, Teleman et Tom Vek oeuvrent tous les trois à leur manière à enrichir le paysage de l'éclectro-pop.

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Les premiers à jouer ce soir, Babe, ont monté un projet musical à cheval entre l'Ecosse, la Belgique et Bordeaux. Les membres sont tous issus d'autres formations musicales (dont François & the Atlas Mountains) et sont venus prêter main forte à Gérard Black pour donner corps à ses compositions. Le premier album, Volery Flight, étale une électro-pop planante et progressive accompagnée d'une voix très haut-perchée et de percussions diversifiées à l'extrême. Il fait toutefois encore très jour et très chaud, la foule est très mince à 20h pétantes pour venir écouter la formation internationale. Dommage car les compositions qui s'enchaînent vont bien avec le temps, entre ballades, rythmes tropicaux et synthétiseurs qui ronflent doucement.

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Le public s'est densifié quand, après vingt minutes de battement, Teleman arrivent sur scène. Sur les quatre musiciens, trois formaient Pete & The Pirates mais ont décidé de recommencer un tout nouveau projet musical nettement moins rock en s'offrant les services d'un nouveau batteur au style très retiré. Tom Sanders tient toujours le micro et ne manquera de susciter des « J'ai déjà entendu cette voix quelque part... », mais son frère est passé des fûts à la basse et au clavier.
La sautillante et réjouissante Skeleton Dance ouvre le bal, avec sa sorte de croisement entre les Kinks et les Pet Shop Boys. Chose assez rare, le volume sonore est à peine suffisant pour un style déjà très léger et subtil, il manque quelques décibels qui auraient aidé à plonger plus rapidement dans l'univers mécanique du groupe. Après la très solennelle Mainline qui a bien dû chauffer les cordes vocales, c'est au tour de Cristina d'arriver tout en souplesse ; le public écoute religieusement ce morceau qui commence avec une tranquillité extrême. Chaque membre s'attache à jouer de son instrument de la façon la plus retirée possible, la moindre fausse note aurait un effet disproportionnée mais les Anglais n'en commettent aucune.

Tom Sanders présente de temps à autre les chansons avec brièveté, remercie chaleureusement l'audience en nage puis reprend les titres de Breakfast un à un avec recul et self-control.
In Your Fur, Travel song et l'autre single Steam Train Girl sont plus dynamiques que la moyenne et recueillent leur lot d'applaudissements nourris. Vocoder, bidouillages contrôlés d'électronique, batterie métronomique (sans parler de la voix de Sanders) aident à créer un style si particulier et unique que l'attention des auditeurs est happée malgré la sobriété de la mise en scène. La géniale 23 Floors Up force le respect unanime tant elle est proprement interprétée, l'absence des nappes de violons n'enlève rien au rendu du refrain explosif qui émouvrait un dictateur. Le concert s'achève avec I'm Not In Control, la piste cachée du disque, qui révèle le goût assumé du leader pour Kraftwerk. Une froideur absolue s'incarne dans cette rythmique qui n'hésite pas à rester sur une seule note pendant plusieurs minutes - tout comme le chant d'ailleurs - pour s'imprimer à vie dans nos tympans. Teleman ont du gagner une bonne poignée de fans ce soir.

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La tête d'affiche de la soirée est donc Tom Vek, dont le troisième et excellent album Luck vient tout juste de sortir. Souvent présenté comme le principal artisan du courant musical qui verra le triomphe de MGMT, des Foals et d'une floppée d'autres groupes mêlant pop, math rock et électronique, c'est un artiste qui prend son temps entre deux albums et n'a pas l'air plus attiré que ça par la lumière des projecteurs. Les Parisiens sont par contre clairement venus pour lui ce soir, et acclament copieusement son arrivée sur scène avec seulement deux musiciens. Pas de panique, un trio suffira amplement à envoyer la dose de décibels requise, comme le confirme Someone Loves You qui ouvre le concert avec une énorme ligne de basse saturée et continue. Le claviériste et le batteur sont loin d'être avares en efforts et se donnent l'un comme l'autre les moyens de leur ambition, triturant et martelant leur matériel pour faire prendre la crème du dernier album.

Pushing Your Luck, qui fait furieusement penser à Breton, et la fascinante Broke avec sa ligne d'orgue diabolique, viennent confirmer immédiatement la qualité du disque. La chaleur est suffocante, Tom Vek s'éponge le front et tente de reprendre son souffle entre deux morceaux mais semble de très bonne humeur face à un public qui l'ovationne. Un léger détour par le premier album We Have Sound, puis vient la ligne de synthé absolument indicible de Ton Of Bricks, et son phrasé qui sur les couplets rappelle étonnamment les débuts de Police. Tom Vek hurle et fait d'étranges mouvements des mains quand il ne joue pas, transpire à gros bouillon mais arrive au point de ravitaillement juste après avoir attrapé une guitare pour interpréter Trying To Do Better et un autre ancien single, A Chore. C'est la ballade The Girl You Wouldn't Leave For Any Other Girl qui sera la seule pause de tout le set, encore un autre exercice de style avec une guitare hispanisante injustement trop inaudible et une esthétique globalement très dépressive, avec un chant toujours à la frontière de la justesse. Le single Sherman (Animals In The Jungle) amorce la fin du concert avec son synthé strident et incisif, puis l'une des plus belles chansons de Luck, You'll Stay, vient achever le public avec son électro kitsch et ses samples de clochettes entêtants. Il n'y a plus qu'à la tropicale Aroused de finir le travail avec ses rythmiques tribales et son refrain accrocheur où l'Anglais pointe des gens au hasard devant lui en scandant « You look aroused ». Le trio s'éclipse, et revient évidemment au bout d'une minute sous les sollicitations bruyantes des fans pour interpréter la tubesque Apology.

Le trio mené par Tom Vek a offert un concert solide et sincère, puissant sans être assourdissant, bref une bonne démonstration de ce qu'est une performance.
setlist
    BABE
    Non disponible

    TELEMAN
    Skeleton Dance
    Mainline
    Cristina
    In Your Fur
    Lady Low
    Travel Song
    Steam Train Girl
    23 Floors Up
    I'm Not In Control

    TOM VEK
    Someone Loves You
    Pushing Your Luck
    Broke
    Nothing But Green Lights
    Ton Of Bricks
    Trying To Do Better
    A Chore
    Sherman (Animals In The Jungle)
    The Girl You Wouldn't Leave For Any Other Girl You'll Stay
    Aroused
    ---
    Apology
photos du concert
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