Pour l'avant-dernière soirée parisienne de son édition 2013, le Festival Les Inrocks accueillait ce lundi 11 novembre sur la scène de la Cigale une affiche 100% britannique réunissant Suede, Temples ainsi que Teleman, première partie attitrée de la tournée européenne des premiers nommés. Retour sur une date qui aura tenu toutes ses promesses.

Découverts il y a quelques années au sein de Pete And The Pirates, c'est sous le nom de
Teleman que Peter Cattermoul, Thomas et Jonny Sanders, accompagnés par Hiro Amamiya à la batterie, évoluent à présent suite à la disparition de leur formation originelle en octobre 2012. Délaissant désormais les guitares au profit de sonorités pop plus synthétiques, en témoigne l'utilisation simultanée de deux claviers durant certains titres ce soir, les anglais se reposent encore aujourd'hui souvent sur la voix de leur leader, pourtant peu mise en valeur ce soir par une acoustique médiocre. Les deux seuls singles que compte leur discographie à l'heure actuelle, à savoir
Steam Train Girl ainsi que
Cristina, interprété tout en retenue avec une efficacité certaine, sont appréciés à leur juste valeur mais certaines autres compositions du quatuor peinent encore à s'élever ce soir au rang de leurs productions passées. Le temps fort de leur court set d'une trentaine de minutes restera ainsi
In Your Fur, final enlevé et jubilatoire au cours duquel la tension électrique déployée par le quatuor aura donné un coup de fouet à une salle modérément convaincue jusqu'alors.

Une vingtaine de minutes plus tard, c'est au tour de
Temples de prendre place sur la scène de la Cigale. Comme à son habitude depuis quelques mois, James Bagshaw apparaît avec une chevelure conséquente et un maquillage très marqué sous les yeux, affublé pour l'occasion d'une veste à paillettes scintillantes du plus bel effet. Après deux apparitions prometteuses cette année à la Maroquinerie puis lors du festival Rock en Seine en août dernier, les quatre londoniens vont faire ce soir la démonstration de leur progression fulgurante.
Toujours plus à l'aise sur scène, avec un son électrisé et de plus grandes libertés prises dans leurs interprétations, Temples vont durant près de quarante minutes faire forte impression face à une salle désormais copieusement remplie. Majoritairement constituée des singles et bsides publiés depuis leurs débuts, leur setlist du soir a tout pour satisfaire leurs fans de la première heure ainsi que la grande majorité du public ne jurant ce soir que par Suede. De
Colours To Life à
Ankh, en passant par leur dernière sortie en date,
Keep In The Dark, extrêmement prenant dans sa version live, leur prestation du soir teintée de psychédélisme est un sans-faute. Court mais intense, le final concocté avec
Shelter Song nous renvoie une dernière fois vers les 60s avant que les lumières ne se rallument. Les applaudissements sont nourris, Temples ont rempli leur mission avec brio.

Si la jeune garde n'a pas démérité ce soir, le clou du spectacle est encore à venir avec
Suede. Pour leur premier concert en France suite à la sortie de
Bloodsports au mois de mars dernier, c'est une formation menée par un Brett Anderson dans une forme étincelante que le public voit apparaître sur scène à 21h30 passées. Si le set démarre tout en douceur avec une version en duo acoustique de
Still Life, le récent single
Barriers fait ce soir office de détonateur : les musiciens se montrent tout aussi appliqués que discrets tout au long du set, mais leur leader ne tarde pas à montrer que les années n'ont aucune prise sur lui, bien au contraire. Impeccable d'un point de vue vocal, Brett Anderson est purement et simplement intenable et dégage une énergie digne d'un jeune premier. Arpentant sans cesse la scène microphone en main, serrant à de multiples reprises les mains des premiers rangs, poussant le public à se dépenser sans compter dans une fosse le plus souvent transformée en trampoline et allant jusqu'à chiper une caméra filmant le concert durant
It Starts And Ends With You, l'anglais justifie à lui seul la réputation de Suede. Très équilibrée et puisant dans l'ensemble de leur discographie, la setlist a de quoi satisfaire quiconque a fait le déplacement ce soir, quand bien même la faible durée du concert (1h15, rappel compris) pourra laisser quelques regrets à l'heure du bilan.
Quelques titres moins prenants proposés en version acoustique n'auront au final en rien entaché la démonstration de Suede et d'un Brett Anderson à la voix plus maîtrisée que jamais.