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Teleman

Interview publiée par Xavier Turlot le 18 juin 2014

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A l'occasion de leur concert donné jeudi dernier à la Flèche d'Or à Paris, nous avons rencontré deux membres de Teleman, Thomas Sanders et Hiro Amamiya, pour discuter du passé, d'univers visuel et surtout de leur tout premier album Breakfast sorti il y a moins d'un mois chez Moshi Moshi.

Vous allez jouer ce soir à Paris pour votre seule date française, percevez-vous une différence entre les publics anglais et français ?

Thomas Sanders : Nous n'avons pas beaucoup d'expérience live en France. On joué une fois à Paris et une fois à Toulouse. On ne sait pas trop à quoi s'attendre ici en fait. A Londres le public est souvent assez réservé, je pense que ce sera mieux en France.

D'où vient le nom Teleman ?

Thomas Sanders : Johnny et moi avons eu pas mal de difficultés pour trouver un nom, c'est quelque chose d'assez compliqué finalement. On cherchait des disques d'occasion dans un magasin caritatif et on est tombé sur un vinyle de Telemann, le compositeur baroque. On a trouvé ce nom cool, on a juste changé l'orthographe pour le personnaliser et parce qu'on trouvait que ça avait plus d'allure avec un seul « n ». J'aime bien l'idée d'un nom qui ne signifie rien de particulier. En plus tele en grec signifie « à distance » comme dans téléportation et télépathie. Avec le suffixe « man » on peut imaginer plein de choses.

Teleman est un projet complètement nouveau, il n'y a aucune continuité avec Pete & The Pirates.

C'est inhabituel de voir un groupe changer son nom en gardant presque la même composition. Comment et pourquoi ce nouveau projet est né ?

Thomas Sanders : Effectivement, Johnny, Pete et moi avions un groupe appelé Pete & The Pirates. Deux sont partis mais nous voulions continuer à faire de la musique, quelque chose de nouveau; mais à ce moment là on ne savait pas encore quoi, on n'avait ni nom ni batteur. Teleman est un projet complètement nouveau, il n'y a aucune continuité avec Pete & The Pirates.

D'ailleurs, Pete & The Pirates, c'est définitivement terminé ?

Oh oui !

Pensez-vous que les fans resteront les mêmes ?

Thomas Sanders : Je n'ai pas souvenir qu'on ait eu beaucoup de fans à l'époque. En France beaucoup nous ont découverts en tant que Teleman. Évidemment ça arrive que quelqu'un dise « Hé, je reconnais cette voix ! ». On n'a fait aucune annonce pour lancer le groupe et on n'a mentionné nulle part de quelle formation on venait.


Votre premier album, Breakfast, a des sonorités beaucoup plus variées et complexes que Pete & The Pirates, qui était plus garage... Est-ce que vous sentez une différence de sensation sur scène ?

Thomas Sanders : Notre musique est beaucoup plus introspective qu'avant. Je n'ai jamais été le genre de personne à bouger et sauter sur scène. Teleman est un projet plus mesuré, plus peaufiné; j'aime l'idée que les gens viennent nous voir d'abord pour écouter notre musique et pas juste pour se défouler. Effectivement, s'ils sont venus voir Teleman pour ça, ils sont au mauvais endroit.

Sur quelle taille de scène préférez-vous jouer ?

Hiro Amamiya : Je préfère largement les grandes scènes, c'est plus excitant de jouer devant une énorme foule, c'est un peu comme si tu vivais un rêve, c'est vraiment agréable. Je suis beaucoup plus nerveux sur les petites scènes car je vois les gens juste en face de moi en train de me regarder.
Thomas Sanders : Les deux sont complètement différentes. Sur les petites scènes, l'ambiance est plus intimiste, tu peux voir qui est là. Sur les grosses c'est assez irréel car tu ne peux pas comprendre tout ce qui se passe, du coup tu es plus détendu et détaché. Ça relève plus du rêve que du concert.

Vous avez développé un univers visuel très personnel et particulier, à la fois sobre et froid. C'est un peu comme si vous aviez voulu retirer toutes les émotions humaines de vos clips et affiches de promotion. Je pense surtout au clip de Cristina, qui est quasiment une œuvre d'art contemporain. On peut en savoir un peu plus sur son histoire ?

Thomas Sanders : On a conçu cette vidéo comme une sorte d'anti-vidéo, sans acteur et sans figuration, juste en se focalisant sur des concepts les plus simples possible. C'est Johnny qui s'en est occupé, il a conçu ces points colorés qui évoluent sur l'écran avec leur propre personnalité comme le feraient des humains modélisés. Les gens associent les couleurs à des idées et des émotions, c'est sur ce phénomène qu'on a voulu jouer.

Comment se déroule votre processus d'écriture ? Vous travaillez sur l'idée de quelqu'un ou vous planifiez de longues sessions de jams ?

Thomas Sanders : Non on ne jam quasiment jamais, si ce n'est pour déconner ou se chauffer avant de jouer. En l'occurrence, sur cet album, on s'est servi de mes chansons qui étaient déjà écrites et on les a fait mûrir lentement à force de les répéter. Elles évoluent toutes en permanence. Les versions enregistrées sont en fait juste la version la plus fidèle à la forme qu'on aimerait leur donner.

Quand tu enregistres tout un disque en une fois, tu ne sais pas vraiment ce qui va arriver, tu n'as pas de recul.

Combien de temps vous a pris l'écriture et l'enregistrement de Breakfast ?

Thomas Sanders : Une année.
Hiro Amamiya : En fait ça a été un processus très étiré dans le temps, très morcelé. On entrait en studio pour enregistrer une chanson, puis arrivait une pause d'un mois, retour au studio etc...
Thomas Sanders : En fait au début on n'avait ni label ni argent. Notre producteur (ndlr : Bernard Butler) était partant pour s'occuper de nous mais avait peu de temps libre. Un moment il se libérait, devait repartir sur un autre projet puis travaillait de nouveau un mois plus tard avec nous... On a continué comme ça jusqu'à ce qu'on ait un album entier.
Hiro Amamiya : Quand tu enregistres tout un disque en une fois, tu ne sais pas vraiment ce qui va arriver, tu n'as pas de recul. Si tu prends du repos, tu as le temps de songer à la chanson, de voir comment elle pourrait être améliorée...


Ainsi, l'album est plus représentatif de votre identité ?

Thomas Sanders : Oui, voilà, si tu fais ça vite tu peux prendre des décisions que tu regretteras après. Du genre « Pourquoi j'ai mis ce saxophone à cet endroit ? ».

Quels sont vos groupes préférés ?

Thomas Sanders : Je dirais les Talking Heads, Roxy Music... Je n'écoute pas beaucoup de musique en fait.
Hiro Amamiya : Baxter dury. Je l'ai découvert en tournée, je ne le connaissais pas du tout avant. C'est plutôt cool !
Thomas Sanders : Je suis très fan de Kraftwerk aussi !

Le fait d'avoir deux frères dans le groupe aide-t-il à créer une complicité musicale forte ?

Thomas Sanders : Je pense que la musique fonctionne avant tout en tant que relation, quelle qu'elle soit. Bien sûr, quand tu passes ta vie entière avec la personne avec qui tu joues, il est plus facile d'élaborer une éthique musicale commune, ça permet de créer quelque chose d'unique. Mais de toutes façons on forme une sorte de famille tous ensemble.

Quelles chansons incongrues se cachent dans votre baladeur ?

Thomas Sanders : Je dois avoir quelques albums des Bee Gees...
Hiro Amamiya : Hum... Non je ne vois vraiment pas. Je n'écoute pas de musique depuis un moment.

Quelle est la suite des événements pour Teleman ?

Thomas Sanders : Quelques dates au Royaume-Uni et en Europe en octobre. Ensuite, si tout se passe bien, on devrait tourner aux États-Unis et après ça on attaquera un deuxième album !