Cette année, le festival Days Off s'est démené pour offrir un bien beau programme avec la présence, entre autres, de Damon Albarn, Eels, Etienne Daho, Timber Timbre et, ceux qui nous intéressent ici, Daughter et Anna Calvi.
Depuis leur passage remarqué en France, et notamment au
Trabendo de Paris en fin d'année dernière,
Daughter ont parcouru le monde, jouant aussi bien en Europe qu'au Canada, aux Etats-Unis, en Australie ou encore en Asie de l'Est. Les voici de retour chez nous, cette fois dans le cadre du festival Days Off, en première partie d'Anna Calvi.

Et c'est peut-être là le problème de ce début de soirée : il est quelque peu frustrant de retrouver Daughter, une formation qui a déjà su faire ses preuves à de nombreuses reprises, en première partie d'un autre artiste. Il aurait été intéressant de structurer, non pas en terme de première/seconde parties, mais bel et bien mettre à pied d'égalité les deux groupes et avoir ainsi un temps de présence équivalent. Car il s'avère frustrant de n'assister finalement qu'à un demi-concert de Daughter, sans rappel, alors que le quatuor possède déjà de nombreuses compositions à son actif et alors que l'on sait qu'il sait très bien alterner les titres en live de manière à ne jamais lasser le spectateur.
La petite heure passée sur scène reste toutefois fort satisfaisante, le groupe nous gratifiant de ses meilleurs titres, tout en mettant à l'honneur leur premier EP,
His Young Heart, avec la présence des très bons
Landfill et
Candles. Entre-temps, seront joués
Youth et
Shallows maintenant rodés sur scène, avant de terminer sur les deux premiers singles issus de leur album
If You Leave,
Human et
Smother. Assez statique sur scène, entrecoupant par moment le set de courtes anecdotes et blagues maladroites, la formation londonienne reste fidèle à elle-même, délivrant une performance impeccable.
Une demi-heure plus tard, c'est au tour de
Anna Calvi et ses trois musiciens de prendre la relève. Le show débute comme la plupart de leurs autres performances, dont celle offerte à
La Gaîté Lyrique en septembre dernier où ils introduisaient les compositions de son second album.
Suzanne & I, Eliza, Suddenly, Sing To Me et
Cry s'enchaînent ainsi sans interruption, magistrales, impeccablement interprétées.

La suite du concert ne démérite pas non plus, poursuivant sur le diptyque
Rider To The Sea/No More Words tiré du premier album éponyme. Outre la voix affolante de l'artiste, qui inonde par moment la salle, dont le fameux
« Jezebel » scandé en fin de set durant lequel des centaines de cœurs s'arrêtent, la guitare électrique est également au centre des attentions, comme le prouve l'instrumentale
Rider To The Sea, interprétée consciencieusement, chaque note placée idéalement, à l'effet de vibrato près.
La plupart des titres tirent parti de la fulgurance électrique des mélodies, à l'instar de
I'll Be Your Man et la tension sexuelle palpable qu'elle amène, toute guitare devant dans sa première moitié, puis via le chant puissant qui vient s'y coller, ou encore
Carry Me Over dont l'instant expérimental en son centre laisse place à la géniale mélodie au xylophone et à une démonstration de guitare de la part de l'anglaise qui reçoit comme il se doit les faveurs et cris de l'audience.
Anna Calvi a ainsi des allures de femme fatale lorsqu'elle joue, notamment en milieu de set, de
I'll Be Your Man à
Desire, en passant par la rock et primaire
Love Of My Life et le
Fire de Bruce Springsteen durant lequel les trois musiciens s'en vont de la scène, la laissant seule avec sa guitare pour une réinterprétation du titre tout en intensité. Certes concentrée et minutieuse sur scène, ses sourires illuminent toutefois la salle entre chaque chanson et ses émotions prennent même le dessus à un moment, reconnaissante des applaudissements chaleureux du public.
La part belle est ce soir-là faite à ses très bonnes b-sides, à l'image des reprises de
Fire et
Surrender ou encore la magnifique
A Kiss To Your Twin placée en rappel, ce qui n'est pas pour nous déplaire. On peut toutefois regretter le fait que ne soit pas jouée une composition aussi forte que
The Devil qui, dans un monde parfait, serait venue s'immiscer entre les subjuguants
Blackout et
Jezebel – en français, évidemment !
Plus que lors de ses précédentes prestations, telle que celle de la Gaîté Lyrique l'année dernière, Anna Calvi clairement s'amuse ce soir, jouant très souvent aussi bien avec ses intonations de voix et les effets qu'elle produit, que sa guitare, offrant de longs solos dévastateurs à trois reprises. Elle mêle ainsi ses deux instruments dans une intensité assez folle durant plus d'une heure d'un show dont on ne peut une nouvelle fois clairement sortir indemne.