Quasiment personne n'en a entendu parler et pourtant l'ancien théâtre Belge depuis converti en une obscure salle miteuse, rouvre ses portes au 61 de la rue du Château d'Eau ! Forte d'heureuses rénovations, la nouvelle offre artistique des Étoiles inclus clubbing à go-go et évènements musicaux organisés par ces messieurs de Live Nation.
C'est ainsi que pour le premier concert officiel sont mis à l'honneur les britanniques de Kill It Kid. Depuis passés chez Sire, les anciens protégés de Léo Abrahams m'avaient laissé dans le flou à l'écoute de leur dernier opus
You Owe Nothing. Si s'en dégageait indubitablement une certaine énergie mêlée de férocité, le retrait massif de la guitare comme du reste de l'instrumentation par rapport à la voix sauvage et flamboyante de Chris Turpin rendait perplexe.

Le lissage poussé à l'extrême de chacune des composantes mélodiques nous pose en pleine varice stadium rock, comme si on restait branchés un poil trop longtemps sur les ondes d'une radio pirate californienne programmée par un addict haut perché sur son fauteuil entre deux MDMA. Mais piqués à vif par cette brutalité sous-jacente, on ne pouvait que réclamer confirmation: choix artistiques défaillants ou simples défauts de production ?
Il est un peu plus de 20h20 quand débarquent nos quatre amis, à première vue timides dans les couloirs... Mais à peine les pieds sur scène que leur statisme se mue en véritable psychose ! Les petits se lâchent comme ils peuvent, et ça se sent : les textures sont plus grasses, basses comme batterie sont beaucoup plus présentes, poussant Chris au rugissement permanent (lui qui nous confiait avant scène avoir débuté le chant à l'Eglise !) et à une véritable frénésie de guitare : aller-retours parfaits, slide au bottleneck puis à terre... plus qu'appréciable ! Le son prend toute son ampleur et le groupe en tire un immense mérite tant la salle semblait impraticable à leur genre : une scène trop basse et étroite, théâtre oblige, ne les empêchant pourtant pas d'envoyer comme des zouaves.

Les racines rootsy blues sont beaucoup plus assumées grâce à quelques samples (on aura reconnu Woody Guthrie). Du coup, le show sonne moins accéléré, plus criard qu'en studio. L'émotion revient, et que c'est bon ! Le tout confirme ma première opinion : si le groupe semble vraiment doué, son potentiel est littéralement plombé par une production aux orientations trop mercantiles, pas assez authentiques au goût du genre.
Avant de buter les mômes, laissez-les s'exprimer enfin ! On vous filera l'adresse de Jack White, toquez-y, quelque chose me dit qu'il ne vous refusera pas.