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Kill It Kid

Paris, Flèche d'Or - 9 février 2012

Live-report par Julien Soullière

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20h30, qu’il m’a dit. J’ai pourtant bien demandé l’heure de passage des Kill It Kid, la requête était assez claire, plutôt précise. Il a quand même trouvé le moyen de se tromper, de lire son affiche de travers. J'aurais du insister, et mieux fait de rentrer vérifier par moi-même.

Lorsque je passe les portes de la salle, à l’heure qui m’a été préalablement indiquée par le vigile, c’est donc pour me retrouver dans une salle vide de monde, alors que le groupe officiant en première partie vient à peine de rejoindre ses instruments. Rien de grave dans l’absolu, sauf qu’Odyl, ça ne me disait rien de bon. Pour ne pas dire pas du tout.
O(ver)D(ose) Y(our) (Life), voilà le programme. Un patronyme qui a lui seul évoque le trop plein. Trop de maniérisme, de textes à vocation poético-trash, de fausse attitude rebelle, de besoin de s’affirmer en tant que femme, de prouver au monde qu’on existe. Tout ça. A en juger par les quelques informations, visuelles ou sonores, glanées sur le net durant la journée, il fallait s’attendre à une version moins proprette de La Grande Sophie, éventuellement de Jennifer Ayache (Superbus), ces dernières pouvant en fait être vues comme les Mrs. Hyde de Virginie « Odyl » Nourry.
La réalité n’est pas très éloignée de ce à quoi je pouvais m’attendre. Étrangement, les deux premiers titres fonctionnent plutôt bien, énergiques, racés, exécutés par des musiciens impliqués, malgré une absence quasi gênante de public. Très vite pourtant, je me lasse de l’exercice, des textes, du maniérisme, de tout. Créer un personnage, ça n’a rien d’évident, ça n’est pas toujours de bon goût. Puis, Odyl, c’est peut-être plus un truc de fille. Qui sait.

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On s’approche tout doucement des 21h30 et de la cinquième bière. Stephanie Ward, Chris Turpin et leurs deux acolytes installent le plus tranquillement du monde leur matériel, aidés dans l’exercice par les équipes de la Flèche d’Or. Je regarde en direction de la scène, mais n’ai d’yeux que pour elle. Stephanie, blonde à la sensualité flamboyante, et finalement bien plus que ça, tant son timbre de voix est capable de miracles quand elle s’entremêle avec celle de Turpin. Ce dernier n’en est pas moins intriguant, la puissance de ses vocalises ne correspondant en rien au jeune homme qui se dresse au devant de la scène, version frêle et adolescente de Tom Chaplin.
Le plus intéressant, et bien évidemment plaisant, dans cette histoire de concert, c’est de voir à quel point une formation peut être féroce lorsque vient le moment de faire parler les instruments, sans pour autant donner l’impression de sur-jouer, ou d’être animé par autre chose que sa seule passion de la musique. Là où la chose devient carrément touchante, c’est lorsque l’incroyable guitar hero qu’est Turpin, tout en rage et en dextérité, troque sa toque de leader pour celle du minot empli de timidité, qui scande ici et là quelques remerciements tout juste audibles par la foule.

Kill It Kid, c’est le genre de groupe que l’on a envie de protéger, de garder pour soi. Enfin pas trop non plus, hein. Car une telle énergie, quand elle s’associe à une si grasse louche de délicatesse, ce n’est autre qu’une invitation au partage.

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Le temps passe, et passe encore, sans douleur aucune. Durant les très rares moments d'accalmie, propices aux observations diverses, je prends conscience du peu de monde qui m'entoure ce soir. Plus de monde qu'à mon arrivée, certes, mais en toute objectivité, trop peu de gens pour faire honneur à ce petit groupe, l'encourager, et marcher à ses côté au cours de la charmante ballade blues-rock proposée (début de set en l'honneur de l'album Feet Fall Heavy, pour une fin de prestation dédiée à Kill It Kid).

Première fois à Paris, première tête d’affiche, voilà l'explication, Kill It Kid restent encore confidentiels dans nos contrées. Rien de grave, ces petits gars devraient bientôt inverser la tendance, du moins, ils mériteraient qu'elle s'inverse. De là où il est, Blind Willie McTell a de quoi être fier.
setlist
    Heart Rested With You
    Sweetness Has A Hold On
    You’re In My Blood
    Pray On Me
    Wild And Wasted Waters
    Home
    Send Me An Angel Down
    Dark Hearted Songbird
    Dirty Water
    Burst It Banks
    All To Me
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    Left My Feet Fall Heavy
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