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Denai Moore

Paris, Boule Noire - 24 novembre 2014

Live-report par Jean Duffour

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Face à un public clairsemé, la scène de la Boule Noire accueillait ce soir soir deux artistes plutôt confidentiels. Aaron Livingston, connu notamment pour avoir traîné aux côtés de The Roots, venu présenter son projet solo pour lequel il officie sous le nom de Son Little, et Denai Moore, fraîchement débarquée de la première partie de SBTRKT au Trianon quelques jours plus tôt, dont le dernier EP vient de sortir chez Because Music.

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Accompagné d’un bassiste multi-instrumentiste et d’un batteur, Son Little étale rapidement toute l’étendue de son univers particuliers où bon nombre de styles a priori incompatibles se mélangent. Groove, soul, rock pur, ballades pratiquement a capella ou encore électro-minimale, Aaron Livingston explore toutes les sonorités.
C'est ainsi que sur plusieurs de ses chansons, telle Joy, Son Little démarre mélancoliquement seul avec sa guitare et sa voix de crooner, avant que le bassiste ne le rejoigne avec une ligne groovy. Fréquemment, au milieu de la chanson, Aaron nous gratifie d'un solo de guitare empli de distorsion, le tout sur fond de boîte à rythme explosive, de grosse caisse matraquée par un batteur parfois cantonné à un rôle très ingrat, ou encore de synthétiseur dissonant et électronisant. Tant est si bien que parfois cet amas de sonorité se transforme en une sorte de cacophonie, au sein de laquelle la voix de Son Little essaye de trouver sa place, même si cette dernière serait plus dans son élément sur un disque soul des années 60-70.
Le public se libère progressivement, ne saluant qu'à de très rares occasions la prestation de Son Little, mais finit par apprécier la prestation, sans réel entrain non plus. Il faut dire que l'artiste a beaucoup de mal à convaincre cette salle avec une musique plus qu'expérimentale parfois, et un peu trop désordonnée. Les solos bourrés de fuzz, c'est bien, mais pourquoi les placer au milieu d'un riff de basse apaisé ou au cœur d'une ballade ?

La suite passe donc par Denai Moore, venue défendre son nouvel EP à Paris pour la deuxième fois sur scène en l'espace de quelques jours, mais cette fois-ci, en tête d'affiche. Accompagnée d'une choriste/claviériste et d'un batteur, Denai Moore délivre un set plaisant et charmeur, alternant entre guitare électrique et acoustique pour emmener sa voix séduisante, qui sonne elle aussi très soul à l'instar de celle de Son Little. Si la chanteuse est dotée d'un certain talent, celle-ci est encore un peu hésitante. L'on est partagé entre une assurance qu'elle semble gagner au fur et à mesure du concert, mais qui paraît lui échapper sur quelques-uns de ses récents morceaux, comme I Swore, très belle ballade au piano.

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Sur la très intéressante The Lake, la jeune chanteuse sort enfin de sa réserve naturelle, pour la plus grande satisfaction de la salle qui, il faut bien le dire, est essentiellement composée de confidentiels sans toutefois nous transcender véritablement. Pourtant ces compositions à mi-chemin entre soul enchanteresse, électro douce et pop mélodique ne manquent pas de richesse, mais sûrement de ce petit quelque chose qui permet de réellement capter un auditoire.

Ainsi malgré des compositions de bonne qualité, Denai Moore n'arrive pas à réellement se sublimer à la hauteur de ce qu'elle a pu produire. Il est évident qu'en tant que protégée de SBTRKT, elle est assurément capable de bien mieux. Mais il faut toutefois convenir que sans être complètement insipide, ce concert ne restera pas dans les annales, mais aura toutefois le mérite de souligner le chemin parcouru par la jeune chanteuse. De quoi lui permettre de mesurer tout le chemin qu'il lui reste à parcourir afin de devenir une grande artiste.