En dehors de toute actualité commerciale, La formation londonienne These New Puritans, vient, en ce vendredi soir d'avril, se poser à Paris dans la salle du Badaboum avec une composition quelque peu remaniée, incluant Thomas Hein, les frères George et Jack Barnett ainsi que la chanteuse portugaise Elisa Rodrigues. Si personne ne s'attendait à les voir un jour officier dans ce genre de bar/club branché, la déco moderne structurée de néons ne tranche pas tant que ça avec leur univers post-rock hypnotique.
Derrière un synthétiseur grimé a son nom de scène et coiffée d'un casque de DJ, c'est une jeune fille nommée
Loukoko qui est en charge de préparer le public à ce qui va suivre. Elle sort de ses machines des sonorités chillwave soulignées de transe ou accompagnées de hip-hop pour des mélanges improbables et audacieux mais joliment structurés.

Des samples récurrents et tourmentés résonnent quand These New Puritans prennent place sur scène. Le titre
Dream, issu du dernier album en date,
Field Of Reeds, entame le voyage qui s'annonce aussi dépaysant qu'il était attendu. Quelque minutes suffisent pour oublier la salle du Badaboum et être projeté dans un ballet de dualités aux forts contrastes d'ombres et de lumières, de basses lourdes et profondes et de voix oniriques. Aussitôt la léthargie pointe son nez et engourdie les esprits qu'elle est chassée par les guitares grinçantes et la rythmique pointue de
En Papier, suivi de près par un hip-hop d'orgues et de cuivres de
Three Thousand. Trois morceaux et déjà leurs trois albums sont représentés.

Les ambiances oscillent entre puissance et fragilité, toujours sur le fil des sonorités tantôt discordantes, tantôt virtuoses, comme si l'écoute devait à tout moment faire une mise au point. En cohésion, les stroboscopes convulsifs ébranlent les repères visuels et mettent en danger tout ancrage dans le monde palpable. Jack Barnett, chanteur et chef d'orchestre, à l'allure frêle et angélique, mène cette chorégraphie fabuleuse de sa gestuelle avec une grâce captivante et sa voix profonde qu'il confond à celle, sensuelle et enjôleuse, d'Elisa Rodrigues. Ses paroles murmurées claquent en échos inquiétants dans les martiales et implacables
We Want War et
Attack Music pour ensuite prendre son envole dans les fresques plus contemplatives.

Peu démonstratifs, ils quittent la scène après seulement quelques mots et quelques gestes de remerciement. Le charme se rompt sitôt les lumières allumées. La traversée des trois opus de These New Puritans fut, sans surprise, semée d'embuches, souvent dérangeante mais toujours étourdissante.