En pleins préparatifs du concert exceptionnel (et déjà complet) que These New Puritans donnera au Centre Pompidou le 18 décembre prochain, Jack Barnett s'est entretenu avec nous pour évoquer l'après Hidden. L'occasion d'évoquer leur nouvel EP, le Hidden Live Tour et les projets futurs d'un groupe décidément à part.
Vous avez interprété en live le titre Three Thousand dans l’émission « Ce soir ou jamais », diffusée la nuit dernière sur France 3. Pourquoi ce morceau plutôt qu’un autre?
Au départ, on nous a demandé de jouer Attack Music. Le problème, c’est que ce morceau ne fonctionne en live qu’avec un son extrêmement puissant, et au vu de l’endroit et des conditions dans lesquelles on devait jouer, ce n’était tout simplement pas possible. Nous avons donc pensé à Three Thousand, qui est un très bon titre, plutôt bien équilibré, et peut-être même plus immédiat que Attack Music.
Parlons un peu d’Hidden, votre second album : comment le perçois-tu moins d’un an après sa sortie ? Autrement dit, quel regard portes-tu aujourd’hui sur ce qui a constitué un véritable tournant dans la carrière du groupe ?
Avec le recul, je suis plutôt fier du travail que nous avons accompli avec le groupe, et je pense que les concerts que nous donnons en ce moment permettent de conclure de manière assez idéale le chapitre Hidden. Maintenant, il est dur pour moi de porter un regard critique sur l’album en tant que tel, ceci parce que je ne l’ai pas écouté depuis longtemps. J’ai vraiment du mal à m’y replonger, et tout bien réfléchi, je pense que c’est normal. Tout évolue, et je suis naturellement passé à autre chose : aujourd’hui, la musique de Hidden, je ne l’écoute plus, je la joue, elle fait partie de moi. C’est un sentiment assez étrange finalement.
La presse a été unanime quant à la qualité de ce disque. Vous attendiez-vous à un tel succès ?
Non... enfin, je ne crois pas. En fait, nous n’étions pas dans une quelconque logique d’attente. Si, au départ, nous n’avions pas une idée très précise de ce que nous voulions faire, nous avions en revanche le sentiment que nous devions aller dans une certaine direction et jouer un certain type de musique. Ce ressenti était tellement fort que, de fait, savoir si le disque allait susciter des réactions positives ou non n’était pas le plus important. On ne peut pas dire que l’on s’attendait à quelque chose en particulier... Ceci dit, ce qui peut expliquer le succès de Hidden, c’est peut-être le fait que ce disque est plus ouvert, moins limité que ne l’était Beat Pyramid. A vrai dire, tant mieux si la presse a apprécié ce second album, mais ça n’aurait pas changé grand-chose si elle ne l’avait pas aimé (rires) !
En dépit de ce succès critique, vous n’avez pas été nominés pour le Mercury Music Prize 2010. Était-ce une déception pour vous ?
Ça l’a plus été pour les gens autour de nous et pour une partie de la presse... honnêtement, on s’en fiche pas mal de notre coté. Je veux dire, ce que nous faisons dans le cadre du Hidden Live Tour représente bien plus à nos yeux qu’un quelconque prix. La reconnaissance, elle nous vient de tous ces gens qui viennent nous voir en concert.
Passons maintenant à votre nouvel EP, Hidden Remixes. En quoi trouviez-vous pertinent de publier des versions remixées de titres de Hidden ?
On trouvait ces morceaux vraiment bons, et en conséquence, on a eu envie de les publier sous la forme d’un EP. Pour autant, je n’aime pas trop cette mode qui consiste à remixer à tout va. Il y a tant de groupes qui font ça, tant de morceaux qui passent par là... à ce rythme, il y aura bientôt plus de remixes que de matériel original ! En fait, le problème c’est que certaines personnes sont prêtes à mettre beaucoup d’argent sur la table pour que des remixes soient enregistrés. Du coup, il y en aura toujours pour le faire, même si, derrière, les bonnes idées ne suivent pas. Nous, c’est simple, si on n’a pas les idées, on ne fait pas. Si on a sorti cet EP, c’est parce qu’il donne une dimension nouvelle et très intéressante à nos morceaux. D’ailleurs, j’aime particulièrement le premier titre et celui de Main Attrakionz.
Tu viens de citer Main Attrakionz, mais d’autres artistes ont travaillé sur ce disque (SALEM, Ghost Hunter...). Comment les avez-vous choisis ?
SALEM, ce sont des amis... Heather a eu la gentillesse de poser sa voix sur Attack Music, et du coup, on a pensé que ça serait sympa de donner suite à cette collaboration. On leur a donc proposé de faire un remix d’une de nos chansons. Les autres noms nous ont été suggérés par des gens de notre entourage, et, au final, tous ont réussi à faire ressortir quelque chose de latent dans notre musique. Si Hidden devait exister dans une dimension parallèle, les morceaux présents sur ce disque ressembleraient surement à ce de l’EP.
Venons-en aux Hidden Lives. Comment vous est venue l’idée de ces concerts intégralement dédiés à Hidden ?
On en avait envie depuis un moment, ceci parce que si Hidden est fait pour être joué en live, il est impossible de le retranscrire comme il se doit par le biais de concerts traditionnels. Seulement voilà, ça ne s’est jamais fait. Et puis il y a environ trois mois, je suis contacté par le chef d’orchestre André De Ritter, qui, sans que nous en ayons parlé auparavant, remet l’idée sur le table. Tout est finalement parti de là, de l’intérêt de quelqu’un d’extérieur au groupe, mais qui possédait le savoir-faire nécessaire à l’organisation d’un tel show. Jouer dans de telles conditions, avec tous ces musiciens et tous ces instruments, ça rend l’expérience Hidden vraiment complète. Pour autant, ça n’est pas parce que nous sommes accompagnés par un orchestre que nous donnons des concerts de musique classique, ni même de pop d’ailleurs. C’est une expérience toute autre.
Justement, en quoi cette expérience vient-elle enrichir l’univers façonné au fur et à mesure des années par These New Puritans ?
Je ne sais pas... on essaie juste de faire quelque chose de beau et d’intense... (long silence)
Le Barbican Centre à Londres, le Centre Pompidou à Paris, le Hebel Am Uffer à Berlin... comment ont-été choisis ces lieux de représentations ?
Pour des raisons techniques bien sûr, mais pas uniquement. Le Barbican Centre est un endroit vraiment chouette, dans lequel tu prends plaisir à te produire. Par contre, le Centre Pompidou n’avait pas été prévu au départ, il a été rajouté par la suite quand nous avons appris qu’il était possible d’y organiser des concerts. Nous ne la savions pas. Sinon, le Hebel Am Uffer nous a été vivement conseillé par André, qui est originaire de Berlin.
En parlant d’André de Ritter (ndlr: qui a notamment travaillé avec Gorillaz), comment s’est passée votre collaboration ?
André est quelqu’un d’expérimenté, de très concentré, d’extrêmement appliqué aussi... et puis il a une grande barbe et de longs cheveux (rires) ! Plus sérieusement, j’ai eu l’impression de le connaitre depuis des années, tant notre relation a été bonne et constructive d’un point de vue artistique. Son apport créatif est indéniable. Dans la pratique, il nous a essentiellement épaulé d’un point de vue technique…en fait, je me suis occupé des arrangements, et il s’est chargé de diriger l’orchestre, de le faire sonner de la manière dont nous le souhaitions. C’est un très gros travail, et il est évident que nous ne serions pas parvenus à un tel résultat sans lui. En un sens, il a réussi à donner vie à toutes ces choses que j’avais en tête.
Qu’avez-vous appris des premiers concerts donnés dans le cadre du Hidden Live Tour ? Des modifications vont-elles être apportées sur les prochaines dates?
Les prochains concerts seront sensiblement les mêmes que ceux que nous avons déjà donnés, pour la simple et bonne raison que dans ce type d’exercice, le plus petit des changements revient à tout réarranger.
De quelle manière avez-vous préparé ces concerts, notamment au regard des autres musiciens à intégrer ?
Clairement, la préparation a demandé beaucoup plus de temps que pour un concert traditionnel... en même temps, ça s’est fait très naturellement. Surement parce que, encore une fois, faire ces concerts et de cette manière là, c’était une évidence pour le groupe. On devait le faire.
Finissons cette interview en parlant de l’avenir : de quelle manière envisagez-vous vos projets à venir, notamment l’orientation du prochain album ?
Nous avons des tonnes d’idées... plusieurs possibilités ont été envisagées, et il nous reste maintenant à définir dans quelle voie nous voulons nous engager. C’est un moment assez étrange, je l’avoue. La seule chose que je peux te dire, c’est que nous ne sommes pas sûrs de vouloir continuer dans cette logique qui consiste à sortir un album après un autre. Il y ce projet de bande originale de film, on pourrait même envisager de reproduire le schéma du Hidden Live Tour, et ainsi jouer en live tous les morceaux de notre 3ème album... avant que celui-ci ne sorte ! Ça pourrait être très intéressant.
Dernière question: il y a un an, tu évoquais un album pop à venir. Qu’en est-il de ce projet solo?
Exact, je m’en souviens. En fait, l’idée n’était pas de faire d’album solo, plutôt d’écrire quelque chose de pop pour une autre personne. Mais ça n’est plus dans mes priorités, j’ai la tête ailleurs maintenant.