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Rachel Sermanni
The Staves

Paris, Point Éphémère - 27 avril 2015

Live-report par Marc Arlin

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Si on peut se plaindre parfois de premières parties qui n'ont pas grand-chose à voir avec les groupes pour lesquels elles ouvrent, l'affiche de ce soir est d'une cohérence absolue. En effet, l'Irlandaise Rachel Sermanni pourrait être la quatrième soeur Staveley-Taylor tant elle partage avec les têtes d'affiche du soir un univers pop folk évoquant irrésistiblement le grand air et inspirant la mélancolie à fleur de peau.

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Le canal bordant le Point Éphémère fait parfois de la concurrence aux groupes qui ouvrent la soirée mais cette fois, ce ne sera pas le cas : en plus d'un vent plutôt frais n'incitant pas forcément à la flânerie, la curiosité du public a raison des débuts de soirée frileux. La salle est donc bien remplie quand arrive Rachel Sermanni, sur la pointe des pieds. Seule en scène, avec sa guitare acoustique et sa voix cristalline pour uniques instruments, la jeune femme de 23 ans se livre donc au difficile exercice de retenir l'attention des spectateurs sans esbroufe ni bruit. Dès le premier morceau, le charme opère. Malgré son jeune âge, elle a visiblement l'expérience de la scène et module sa voix pour saisir immédiatement l'auditeur qui pourrait être tenté de se concentrer davantage sur le bar. Autre atout non négligeable : sa facilité à parler notre langue et à communiquer avec le public instaurent une chaleur qui rompt avec la solennité que pourrait induire sa musique. Même ses fautes de français sont accueillies avec indulgence par un auditoire visiblement conquis. En seulement six chansons, dont la moitié sont tirées de son deuxième album qui paraît ces jours-ci, Rachel Sermanni montre l'étendue de son répertoire prometteur et gagne à coup sûr quelques fans fidèles.

Une vingtaine de minutes plus tard, c'est au tour de The Staves de prendre place entre les poteaux de la scène. Toutes aussi discrètes que leur cadette, un verre de vin ou une bière à la main, elles sont néanmoins gratifiées de chaleureux applaudissements avant d'entamer les harmonies de Blood I Bled, morceau d'ouverture de leur dernier LP. Camilla, au centre de la scène, empoigne son ukulélé pour nous proposer le premier voyage sonore du concert. Les trois soeurs sont ensuite rejoints par un batteur, un bassiste et un clavier (The Stavos ?) pour jouer Steady, l'une des compositions les plus pop et les plus abouties de leur deuxième album. Comme on pouvait s'en douter, l'exécution est parfaite. Les critiques autour de leur trop grande sagesse musicale sont compréhensibles mais quand on tend l'oreille, on s'aperçoit que leur folk bien ouvragée laisse passer quelques trous d'air et de rage. Les paroles ne disent pas autre chose comme Let Me Down, chanson sur un terrible aveu d'impuissance qui fait passer quelques frissons dans la salle. A la guitare, Jessica envoie quelques riffs saturés voire des larsens contrôlés qu'on ne s'attendait pas vraiment à entendre ce soir.

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Une façon de muscler quelque peu les morceaux qui fait oublier la prise de risque minimale de la setlist : de Black & White à Don't Call Me Anymore, l'ordre du concert suit scrupuleusement celui de l'album. On n'est donc pas surpris mais on a ce qu'on venait chercher soit des mélodies supérieurement écrites et interprétées par des musiciennes déjà accomplies, dont on pourrait facilement imaginer un avenir tout tracé aux États-Unis. Là-bas, le professionnalisme n'est pas un gros mot. Pourtant, malgré ce côté lisse qui affleure parfois, deux choses sauvent totalement les Staves : leur évidente sincérité et leur esprit typiquement anglais. Plutôt que de se confondre en remerciements, elles préfèrent glisser quelques petites blagues au public ou parler spontanément de l'équipe de foot de Watford, leur ville d'origine, qui vient de retrouver la Premier League.

Et quand les « vieux » fans s'inquiètent de l'absence des morceaux du premier album et réclament Mexico, Jessica s'en amuse : « Puisque vous en parlez... » et dégaine en toute décontraction le titre qui les a fait connaître. Toutefois, c'est bien sous l'empreinte du dernier album que le concert s'achève avec le très Byrdsien Teeth White et le cotonneux Make It Holy. Les soeurs ne joueront pas avec le coeur de leurs fans et reviennent quasiment tout de suite pour le rappel avec un joli duo de chansons exhumé de leurs débuts, le léger Facing West où l'ukulélé refait son apparition et dont le sifflement sera repris par la salle à l'unisson et enfin Winter Trees pour conclure cette prestation rodée d'1h10 dont la qualité ne saurait être démentie.
setlist
    RACHEL SERMANNI
    Non disponible

    THE STAVES
    Blood I Bled
    Steady
    Open
    No Me No You No More
    Let Me Down
    Horizons
    Black & White
    Damn It All
    The Shining
    Don't You Call Me Anymore
    Mexico
    Teeth White
    Make It Holy
    ---
    Facing West
    Winter Trees
photos du concert
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