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Charlie Cunningham
Rachel Sermanni

Paris, Maroquinerie - 10 mai 2023

Live-report par Déborah Galopin

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Sept ans après avoir rencontré Charlie Cunningham pour la toute première fois sur scène, nous sommes de nouveau au rendez-vous pour retrouver le musicien britannique qui nous avait tant séduits. Entre temps, nous pouvons dire que de l'eau a coulé sous les ponts ! Un confinement qui ressemble à un lointain cauchemar, des dates de Charlie Cunningham que nous n'avons pas loupée (bien sûr !) et au total trois albums parus, dont un fraîchement sorti, Frame, que nous sommes venus savourer ce soir.


Nous poussons les portes battantes de la Maroquinerie, un peu surpris de n'entendre aucun son s'y échapper alors qu'il est déjà vingt heures passées. Pourtant, le public est déjà là, attentif et silencieux. La voix douce de Rachel Sermanni vient nous accueillir et nous cueille immédiatement dans son univers calfeutré et intime. Curieux personnage en chaussettes rouges sur scène, elle capte son auditoire à travers ses ballades folk. Elle nous les susurre presque, frappant les cordes de sa guitare avec délicatesse, et ses chansons coulent comme l'eau d'une rivière. On a envie de se pencher pour mieux l'entendre et l'écouter.
Avec le public de la Maroquinerie, elle se montre à l'aise et fait l'effort de venir vers nous en tentant quelques mots en français. “Merci de m'écouter” prononce-t-elle. Rachel Sermanni clôt son set sur un nouveau titre et si nous l'aimons, elle nous invite à être patients avant de pouvoir le réécouter, ce qui a le mérite de faire rire le public.
Le set aura duré à peine trente minutes. Bien qu'elle joue en première partie, Rachel Sermanni, originaire d'Écosse, n'est pas si nouvelle que ça sur la scène musicale : elle possède déjà quatre albums à son actif dont un live, et a derrière elle plus de dix ans de carrière. Alors ce concert ressemble davantage à une invitation : à en écouter plus, à en découvrir davantage, car elle ne nous a dévoilés qu'un tout petit bout de son univers.

Après une petite demi-heure de pause, Rachel Sermanni passe le relais à Charlie Cunningham. Le chanteur-compositeur tant attendu arrive sur scène entouré de son backing band. Alors qu'il s'installe perché sur sa chaise haute, il nous présente à tour de rôle ses musiciens : Ben à la basse et aux chœurs, Liam à la batterie et Sam au clavier, qu'on entendra également plus tard à la trompette. Ce simple détail en dit déjà long sur Charlie Cunningham, son humilité et son respect, qui se ressent également dans sa musique et sa prestation.


Il débute ce set tout en douceur avec Sink In. Le musicien britannique profite de ce premier titre pour ajuster et affiner les derniers réglages avec l'ingénieur du son afin d'obtenir le juste équilibre entre sa voix et la guitare. Dès qu'il l'a trouvé, le concert peut s'envoler, montant crescendo sur Bite. Quel régal de retrouver son jeu si caractéristique à la guitare, entre folk et flamenco et ce son de cathédrale qui lui est propre, donnant une dimension plus profonde à sa voix et ses textes. Ce juste équilibre se retrouve aussi avec les musiciens qui l'accompagnent : ils viennent apporter aux morceaux toute leur ampleur, sans jamais venir étouffer les mots ou les notes de Charlie Cunningham. Ils viennent par petites touches apporter ces coups de pinceaux pour parfaire le tableau. C'est le cas notamment avec la batterie, qui tantôt sait se faire discrète aux balais, parfois devient plus profonde avec les mailloches et d'autres fois se montre plus punchy avec la frappe dynamique des baguettes.

Les morceaux du dernier album de Charlie Cunningham, Frame, se concentrent au milieu de son set dans une atmosphère plus mélancolique et sombre. Pour l'occasion, il lâche sa guitare pour se retrouver à plusieurs reprises derrière son synthé comme sur Shame I Know et Pathways. Au milieu d'eux, Breather, issu de Lines, se glisse naturellement, dont le public se délecte. Les couples s'enlacent et se serrent, enveloppés et bercés par les paroles “How they gonna follow you towards it? / If you don't know where it is / Just turn around”.
Water Tower, morceau essentiellement instrumental et jazz, est l'un de ceux qui tranchent le plus avec l'univers auquel l'artiste nous avait habitués. Il témoigne du tournant que Charlie Cunningham a pris sur ce troisième album et affirme ses influences. Le moment est beau. La trompette accompagne le piano du musicien britannique, tandis que le balais caresse les toms et les cymbales. Les instruments nous murmurent ses sons, tandis que les points lumineux dansent sur le visage contemplatif du public.


Changement d'ambiance ! Charlie Cunningham se tourne ensuite vers des morceaux plus lumineux et des notes colorées qu'on retrouve sur Permanent Way ou Lines. La découverte laisse place aux retrouvailles. Le public reconnaît les premières notes de Headlights, Don't Go Far, ou encore Minimum, faisant poindre une pointe d'euphorie dès les premières notes. Les mains battent la mesure, les corps se lâchent davantage et les voix viennent se joindre à celle du maître de la soirée. Nous sommes aussi venus pour ça et nous apprécions, à l'instar des précédents concerts, d'être pour une fois en configuration debout.
La fin du concert arrive vite, trop vite. Il s'est déroulé tout en humilité et en précision avec un set parfaitement construit qui ne souffre d'aucun moment de flottement ni d'ennui.

Si de l'eau à coulé sous les ponts, une chose ne change pas ; le talent de Charlie Cunningham. Au contraire, cette tournée témoigne de l'évolution de l'artiste et de sa capacité à se renouveler en amenant de nouvelles textures musicales. Alors, si une nouvelle date est annoncée demain à Paris, bien sûr que nous serons encore au rendez-vous !
setlist
    RACHEL SERMANNI
    Come To You
    Swallow Me
    Travelled
    Jen's Song
    Put Me In The River
    New song

    CHARLIE CUNNINGHAM
    Sink In
    Bite
    Shame I Know
    Pathways
    An Opening
    Breather
    Downpour
    Bird's Eye View
    So It Seems
    Water Tower
    Headlights
    Don't Go Far
    Permanent Way
    Minimum
    ---
    Blindside
    You Sigh
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    Lights Off
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