C’est sur le thème de la transmission que France Inter réunissait une affiche des plus enthousiasmantes en ce soir de Fête de la Musique. Les Innocents, FFS, Benjamin Biolay et Ala.ni se succéderont pour une programmation sans faille sur le papier. Et le public ne s’y trompe pas non plus, puisqu’il se bouscule très tôt aux portes du Studio 104 pour assister aux festivités.

Ce sont
Les Innocents fraîchement reformés qui ouvrent le bal. JP Nataf et Jean-Christophe Urbain, les deux survivants munis de leurs simples guitares, piochent dans leur répertoire varié pour galvaniser l’assistance de mélodies enjouées et de rythmiques entraînantes. Le duo disséminera tout au long du set quelques traits d’humour pour raffermir l’ambiance chaleureuse et bon enfant qu’ils véhiculent à travers les ondes ce soir.

La suite est assurée par les récents
FFS, composés d’anciens, les
Sparks, et de moins anciens, les
Franz Ferdinand. Certainement le groupe le plus attendu de la soirée, du moins si l’on se fie à l’accueil que le public, chauffé à blanc, leur réserve.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que pour leur troisième concert ensemble, le premier à la radio, la complicité des musiciens est parfaite et leur complémentarité stupéfiante.
Les guitares distordues et supersoniques ainsi que l’explosivité du quatuor écossais, alliées au piano tressaillant du placide Ron Mael et aux vocalises sinusoïdales de son frère Russel, sont autant d’ingrédients qui exaltent les passions et la foule. Dans un français presque parfait, Russel et Alex présentent avec humour leurs compositions communes, qu’ils chantent avec une énergie rare et dans des postures proches de la comédie musicale.
Standing ovation pour eux, et deux rappels pour nous. C’est dans l’appréhension et l’inconnue presque totale que les FFS reviennent au coeur de l’hystérie pour le classique
This Town Ain’t Big Enough For Both Of Us, et finir sur un nouvel imprévu : le planétaire et foudroyant
Take Me Out, qui transportera littéralement les corps.
Deuxième standing ovation pour eux, suivie d'une invasion de la scène par le public, venu vivre les dernières notes de ce torrent en compagnie des musiciens plus que jamais survoltés, excepté l’imperturbable Ron et l'inépuisable métronome Paul Thomson.

Poursuivant la soirée des rencontres spirituelles,
Benjamin Biolay et son orchestre presque au complet, rendent hommage de la plus belle des manières à son mentor
Charles Trenet. Entre piano, trompette et violon, le grandiose compositeur lyonnais envoûte le public. Il nous gratifie même de son désormais classique medley
Négatif /
Clint Eastwood de
Gorillaz, avant d’offrir l’incroyable
Brandt Rhapsodie, magnifiée par la présence de
Jeanne Cherhal. Dans une symbiose extraordinaire, Biolay démontre une nouvelle fois l’étendue de son talent, et sa capacité inégalable à susciter l’émotion chez ses auditeurs.
C’est avec
Ala.ni que le concert se termine. Jeune musicienne dont la puissance vocale est à couper le souffle, maîtresse harmonieuse du silence, elle accentue son emprise sur la salle au gré de ses inflexions phoniques. Cette belle promesse, symbolique d’une programmation aux univers musicaux transcendés, conclut donc la soirée avec son jazz 2.0, comme Didier Varrod l’expliquait si bien au moment de la présenter.
Outre la qualité exceptionnelle du son, le concert se distingue par une animation extrêmement bien mené et des prestations musicales on ne peut plus à la hauteur d’un tel évènement.
« Aux nouvelles collaborations » s’exclamait Russel des Sparks pour clôturer la sublime prestation des FFS, entouré d’un public embrasé, et de ce qu’on a jamais aussi bien nommé : la magie de la radio.
Pour les retardataires, le concert est actuellement disponible en écoute intégrale ici.