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Girls Names

Paris, Badaboum - 3 juillet 2015

Live-report par Johan

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Affiche alléchante ce vendredi 3 juillet au Badaboum à Paris avec pas moins de trois groupes sur scène, à savoir le québécois The Adam Brown, les irlandais Girls Names et un ex-The Unicorns qui s'octroie les services de l'acteur/musicien Michael Cera.
Le Unicorn Alden Penner est d'ailleurs sollicité dès 20h, accompagnant à la batterie The Adam Brown. Le chanteur-guitariste offre une représentation rock classique qui ne lésine pas sur les solos et effets de voix. Une bonne partie de son debut album Sometimes I Try, paru il y a quelques semaines, est joué, et notamment le tube de pop débridée Can't Sleep, à appliquer sans modération durant tout l'été.

Les quatre irlandais de Girls Names prennent ensuite la relève. Une autre ambiance, plus sombre, torturée, post-punk. Préparant la parution de leur troisième disque prévue pour octobre, l'accent est mis sur les nouvelles compositions, à commencer par Artificial Spring, faite à base d'effets et distorsions et d'une basse fortement présente – comme sur de nombreux titres de la formation irlandaise.
Autre nouveauté, Reticence reste elle sur le fil, tendu et électrique, portée par la voix caverneuse de Cathal Cully, avant d'exploser le temps d'une vingtaine de secondes dans un déluge électrique du plus bel effet. Les dix minutes de Zero Triptych viennent ensuite délivrer un noise rock incendiaire et un refrain déjà culte – comme sur de nombreux titres de la formation irlandaise !

En terme de refrain culte, l'entraînant Hypnotic Regression, issu de The New Life, déballe d'ailleurs son refrain véritablement hypnotique, scandé par un Cathal Cully qui en impose clairement sur scène. S'ensuivent Drawing Lines et sa new wave à l'atmosphère étouffante ainsi que les faux airs de psych rock de Projektion, portés par une batterie tonitruante et des accords de guitare dansants.
Le show se termine sur le crève-cœur The New Life, masterpiece de près de huit minutes, aux arrangements sur la seconde moitié qui, en live, perdent hélas quelque peu de leur complexité derrière tout le mur sonore. Bien que largement satisfaisant, aucune trace de Dead To Me ni You Should Know By Now sur cette demi-heure de Girls Names et, surtout, grosse déception que n'ait pas été joué Pittura Infamante, morceau magistral en terme de songwriting et d'ambiance, doté d'un des refrains les plus déchirants qui soient...

De nouveau changement total d'ambiance avec la double tête d'affiche qui, quelques minutes plus tard, fait son entrée sur scène. Alden Penner & Michael Cera sont accompagnés d'une batteuse et d'un guitariste-bassiste, tandis que tous deux vont tout au long du show constamment changer d'instruments, de la guitare à la basse en passant par les claviers.
Les deux comparses interprètent des chansons tirées de leur répertoire respectif. Alors que Penner penche du côté de la pop et du rock, Cera est quant à lui dans une approche plus folk, un peu lo-fi, accentuée par son chant tremblant. Tous deux se posent à un moment sur les claviers pour un morceau expérimental chanté à deux voix, intéressant mais bancal, auquel coupe court Michael Cera. Un Michael Cera qui, sur l'heure qui leur est accordée ce soir-là, n'hésite pas à échanger avec le public et à sortir quelques vannes comme on était en droit de s'attendre (« This is our last song », lâche-t-il après seulement trois chansons).

Concernant le répertoire d'Alden Penner, c'est principalement son EP Canada In Space, sorti il y a deux semaines, qui est à l'honneur, avec la douce Candy chantée en français, Meditate et sa pop psychédélique et l'affolante Breathe To Burn, composition en deux temps absolument dévastatrice en live.
Mais la grande surprise pour les fans du canadien reste ce soir-là la présence de trois titres de Clues, son second groupe éphémère séparé bien trop tôt, qui a sorti un album homonyme mythique en 2009. Le tendre Elope voit ainsi Michael Cera s'occuper des claviers et des chœurs tandis qu'il s'empare de la basse sur Crows pendant que Penner reste à la guitare, y mettant de la voix sur le pont final pour le plus grand bonheur des fans.
L'apogée du set reste bien évidemment Ledmonton qui prend une toute autre dimension sur scène. Sa longue et hallucinante intro, scandée par Penner et merveilleusement délivrée par les musiciens, amène non pas comme il se doit au refrain mais à une instru rock'n'roll ravageuse. Trente secondes plus tard, c'est l'explosion. L'hymne fédérateur du groupe a su se faire attendre mais n'en est que plus marquant, les instruments s'emballant et les voix s'ajoutant progressivement, aussi bien sur scène que dans le public. Un grand moment.

Au final, le résultat est bien à la hauteur du line-up de cette soirée. Entre le rock carré de The Adam Brown, le post-punk ténébreux de Girls Names et la pop-rock-folk-lo-fi-expérimental de la collaboration Alden Penner/Michael Cera, ces trois heures passées au Badaboum n'auront jamais paru aussi courtes !