Circa Waves ne restent décidément jamais bien loin des salles de concerts parisiennes. Après avoir foulé le sol de la Flèche d'Or, de la Boule Noire, ou du Café de la Danse, c'est au Point Ephémère que nous les retrouvons, sept mois après la sortie du très attendu
Young Chasers. Une salle qui apparaît toujours aussi petite par rapport à celles qu'ils occupent outre-Manche, où le groupe a même pu s'offrir la première partie des Libertines en 2014. Une énième incompréhension à la française.
Après changement de dernière minute, ce ne sont pas deux, mais trois groupes qui s'invitent au Point Ephémère en ce dernier lundi d'octobre. Les quatre canadiens de
Fist City, après avoir été programmés à la Mécanique Ondulatoire, ouvrent finalement cette soirée avec leur post-punk frénétique. Signé chez Transgressive Records, le groupe, défend ce soir son dernier album en date,
Everything Is A Mess. Les deux guitares de la formation mènent la danse durant un set brut et agressif, appuyées par la batterie puissante et cinglante de Ryan Grieve. Le chant reste peu assuré du côté de Kier Griffiths, et la formule apparaît déjà quelque peu surexploitée, mais le groupe délivre un set qui n'a pas à rougir de son efficacité et connaît même quelques instants merveilleux lorsque la basse ose faire état de sa puissance. De quoi satisfaire les novices que nous sommes, dans l'attente d'être à nouveau amenés à croiser leur chemin.
En attendant, l'heure est à un changement radical de ton avec le second groupe de la soirée,
Austinn, de jeunes luxembourgeois qui lorgnent davantage du côté d'une indie pop fraiche et légèrement acidulée. Au menu des mélodies accrocheuses et légères, dans la veine d'un Two Door Cinema Club encore en recherche de son identité. Une pop qui demande à s'affirmer et à sortir de ses simplicités dansantes, mais un contrat rempli pour un groupe qui n'a même pas encore sorti d'EP et peut déjà se targuer d'avoir assuré une première partie de Stereophonics.

Mais les esprits se tournent déjà vers un autre groupe, tout droit venu de Liverpool cette fois. Peu importe une reconnaissance française encore bien trop limitée, Circa Waves rencontrent un chaleureux accueil dès leur entrée en scène sur les accords frénétiques de
Young Chasers, confirmant au passage que les liverpuldiens n'ont rien perdu de leur capacité à électriser une salle. Keiran Shuddal, dont on note avec approbation le t-shirt à l'effigie des Pains Of Being Pure at Heart, communique avec entrain une énergie à peine réfrénée et présente un talent dont il n'est plus nécessaire de faire état, maniant sa guitare d'un geste mêlant toujours subtilement dextérité et impulsivité.
Du haut de leurs deux années d'activité, on a pu trouver à Circa Waves des ressemblances avec une grande partie de la scène des années 2000, des Strokes aux Kooks. Mais ces anglais ont toujours cette insouciance, cet entrain immodéré qui est celui d'un groupe encore en pleine ascension. Une jeunesse touchante qui transparaît dans la quasi-naïveté de
Best Years, dans les guitares légères et printanières de
Fossils comme dans les riffs acérés de
101.

Leur set ne connaîtra aucun répit – comme ils s'en excusent presque, la seule matière propice à ralentir la pente fiévreuse sur laquelle ils sont engagés se résumant ce soir à
Talking Out Loud. Sans qu'on puisse leur en vouloir le moins du monde.
Le rock britannique a bien trop besoin de ces bouffées d'air frais, peut-être pas les plus révolutionnaires, mais définitivement les plus revigorantes.