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Jamie xx

Paris, Zénith - 24 février 2016

Live-report par Olivier Kalousdian

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Jamie Smith, plus connu sous le nom de scène Jamie xx, est un producteur de musique et remixeur anglais, principalement connu pour sa participation au groupe londonien The XX. Celui qu'on qualifie de prodige de studio et des boîtes à rythmes entreprend depuis quelques années une carrière solo. Deux albums de The XX et pléthore de remixes plus tard, Jamie xx a sorti son premier album intitulé, In Colour, sur le label Young Turks. Rythmiques dubstep, garage et jungle se parent d'ornements caribéens, de guitares baléariques et de nappes solaires qui se confondent dans des volutes planantes.

Uniquement accompagné par ses platines et sa workstation qui l'entourent sur la grande scène du Zénith, Jamie xx va réussir là où beaucoup ont échoué dans des configurations scéniques pourtant bien plus ambitieuses : ce soir, le Zénith de Paris est rempli au delà du raisonnable et il y a fort à parier que la jauge de 6200 places a été atteinte ! Mieux encore, que ce soit dans les gradins, la fosse ou même le hall d'entrée – où oser s'insérer dans les très longues queues d'attente des bars ou des toilettes déclencherait immédiatement des manifestations d'usagers si celles-ci avaient lieu aux accès du RER A ou B du réseau RATP d'Ile de France ! – ce massif public va se retrouver électrisé comme jamais et va danser tout au long des deux heures du set du jeune playboy londonien.

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Si on reconnaît la hypitude d'un artiste au nombre de smpartphones levés couvrant le champ de vision de la scène, dans une fosse, alors à ce petit jeu là, Jamie xx n'a que peu de concurrents. Et malgré la banalité du spectacle proposé – il s'agit ni plus ni moins que d'un DJ set exclusivement composé de ses vinyles (dont certains rayés) dans une des plus grandes salles de concert de Paris – aucun des clubbers présents ce soir ne regrettera le prix de sa place.
Remisant ses propres compositions (des remixes de samples, pour la plupart) pour la fin du set, Jamie xx balance du son et des disques de ses artistes préférés ; mais il le fait avec un certain talent et une aura certaine. Une aura qui lui permet même de jouer en intégral et sans modifications aucune (hormis un déphasage du son sur le refrain) le Let's Dance de David Bowie, déclenchant les hommages attendus et enjoués de la part de milliers de fans qui, sur la sono de chez Carrefour ou les ondes de RFM n'auraient sûrement même pas remarqué ce titre...

S'ensuivent les titres I Feel Love de Donna Summer ou encore NY Is Killing Me de Gil Scott Heron pour enfin pouvoir écouter les cinq compositions personnelles que Jamie xx a intégré dans sa setlist du soir, dont son premier single Far Nearer (et son beat caribéen downtempo un peu accéléré pour l'occasion) ou Loud Places (featuring Romy des XX), en conclusion d'un set qui aura duré deux heures pendant lesquelles celles et ceux qui auront préféré rester assis n'auront pas pu admirer grand chose de cette mini rave party.

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Dix titres en deux heures ; la setlist synthétique ne reflète évidemment pas la totalité des disques joués et, paradoxalement, ce sont les titres non cités qui forcent majoritairement le respect par leurs beats et leurs placements bien calibrés imposant une agréable fluidité dans le set proposé. Ce sont souvent eux qui déclencheront les déhanchements les plus agités.

Dépositaire, parmi beaucoup d'autres, d'un ingénieux entrecroisement des genres où se mêlent techno, soul, dubstep, pop et drum and bass, Jamie xx bénéficie à l'heure actuelle d'un engouement sans précédent, ou presque. Est-il besoin de rappeler que, par exemple, les sages quinquas défricheurs de l'électro globale anglaise, Underworld, pratiquent toutes ces disciplines depuis maintenant plus de trente-cinq ans et sont encore présents, en 2016, avec un nouvel album qui ne démérite pas (Barbara Barbara, We Face A Shining Future). Rendez-vous donc en 2050 pour les 35 ans de carrière de Jamie xx, en tant qu'énième nouvelle relève électro que, chaque année, on nous annonce comme certaine et définitive.
setlist
    Let's Dance (David Bowie cover)
    I Feel Love (Donna Summer cover)
    You've Got The Love (Florence And The Machine cover)
    NY Is Killing Me (Gil Scott-Heron cover)
    Far Nearer
    SeeSaw
    Gosh
    I Know There's Gonna Be (Good Times)
    Girl
    Loud Places
photos du concert
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