Les Folies Bergère. Quelle plus belle salle pouvait accueillir The Divine Comedy pour une trilogie de concerts ? Aucune, à mon sens. C'est donc dans ce lieu magique que Neil Hannon et ses musiciens se produisaient hier soir pour leur seconde prestation parisienne de la semaine.

Le spectacle débute à 20 heures. Absolument inconnue en France,
Lisa O'Neill officie en première partie de soirée. L'irlandaise, probablement dénichée par Neil Hannon, débute son mini set a capella. Affublée d'un fichu assorti à sa robe, la Dublinoise à la voix un peu nasillarde semble assez à l'aise sur scène pour sa première venue à Paris. Rejointe rapidement sur scène par un guitariste, la chanteuse, déjà auteure de trois albums, déploie ses compositions pendant trente minutes. Évoquant un saut parachute qui fut à la fois la peur de sa vie mais surtout les trente secondes les plus intenses qu'elle ait jamais vécues, un passage raté au Louvre malheureusement fermé le mardi ou encore un ragoût d'agneau servi à Elvis Presley (ndlr : le fameux Irish stew !), l'univers de la chanteuse est drôle et un peu farfelu. C'est en tout cas ce qu'il fallait pour ouvrir cette soirée.

Vingt minutes plus tard, c'est au tour de Neil Hannon et de ses cinq musiciens de prendre possession de la scène. Costumé tel Napoléon Bonaparte, l'irlandais entame son set avec
Sweden extrait de
Fin De Siècle, un album vers lequel il retournera à plusieurs occasions ce soir. C'est un véritable show auquel se livr le britannique et le public ravi sait très bien lui rendre. Celui-ci se dandine sur
How Can You Leave Me On My Own. La voix est claire et le son des instruments est de très grande qualité.
La première partie du concert sera essentiellement axée sur
Foreverland.
The Frog Princess et
Bad Ambassador, présenté comme une oldy, viendront se glisser entre les chansons du nouvel album. Un instrument trouve une place de choix dans le son de The Divine Comedy dans ce concert. Je veux parler de l'accordéon. Il se substitue à la trompette, totalement absente. L'essai était audacieux mais parfaitement réussi. Après un
The Pact présenté par « Les fascistes progressent, ils doivent être combattus, faisons un pacte », c'est
Napoleon Complex qui est interprété. Ce fameux double de Neil Hannon généré par son égo (et non pas l'empereur des Français) qu'il combat chaque soir avec l'espoir de réussir à le détruire un jour.
The Certainty Of Chance clôture ce premier aspect théâtral du concert. Le chanteur quitte la scène quelques minutes, laissant ses musiciens jouer un petit interlude, le temps de se changer.

Il revient cette fois dans le costume utilisé pour l'album précédent (
Bang Goes The Knighthood), celui d'un banquier anglais typiquement british, canne à la main et chapeau melon sur la tête. Certes les chaussures casual que Neil Hannon porte dénotent un peu avec le costume noir et strict, mais n'enlèvent en rien à son élégance du soir. Deux titres de cet album débutent cette seconde partie de concert, suivis d'un
Generation Sex sautillant.
La tragédie a souvent fait partie de la culture de The Divine Comedy.
Our Mutual Friend l'illustre à merveille. Cette chanson constitue peut-être le clou du spectacle du soir. Neil Hannon s'assied au bord de la scène pour l'interpréter, avant de feindre l'évanouissement en milieu de chanson, le tout rendant l'interprétation encore plus émouvante que l'originale. Nouveau petit entracte, avec installation de chaises hautes, pendant lequel le leader de The Divine Comedy ouvre la mappemonde présente sur sa droite et sert un rafraîchissement à chacun de ses musiciens, le tout au son du quarante-cinq tours
Spanish Flea de Herb Alpert & The Tijuana Brass émanant d'un vieux tourne disques rouge. Cathy Davey, l'épouse du chanteur, viendra rejoindre tout ce beau monde sur scène le temps d'un
Funny Peculiar pétillant et drôle. Ce sera d'ailleurs le dernier morceau de
Foreverland de la soirée.
Après deux titres plus intimes, interprétés entièrement assis par les six musiciens, dont le sublime
A Lady Of A Certain Age, seul retour vers
Victory For The Comic Muse, le moment est vraiment à la détente avec des titres plus joyeux, plus rythmés.
At The Indie Disco,
Becoming More Like Alfie ou encore
Something For The Weekend font danser le public des Folies Bergère. Le set principal s'achèvera avec le classique
National Express. Mais le concert ne s'arrête pas là pour autant. The Divine Comedy reviendra encore deux fois sur scène pour une bonne vingtaine de minutes afin de revisiter la discographie du groupe.
Absent Friends et
Promenade seront à l'honneur. De ce dernier, on retiendra le rare
A Drinking Song et évidemment l'inévitable
Tonight We Fly enchaîné à
Charmed life en guise de conclusion de deux heures de spectacle.
The Divine Comedy a donné hier soir un très grand concert. Nettement supérieur à celui, acoustique, de la Maroquinerie de septembre dernier où Neil Hannon était certes un tant soit peu souffrant, mais où les nouvelles compositions n'étaient pas encore vraiment en place. Hier soir, on pouvait presque parler d'un set parfait dans cet endroit féerique. Les personnes qui auront eu la chance de se rendre au dernier concert de cette trilogie auront tout à fait pu s'en rendre compte.