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TRAAMS

Paris, Divan Du Monde - 22 mars 2017

Live-report par Pierre-Arnaud Jonard

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Une bien belle affiche que propose ce soir là le Divan du Monde à Paris avec les britanniques de TRAAMS et les américains de Car Seat Headrest. Le public ne s'y est pas trompé car le concert affiche complet.

TRAAMS ouvrent le bal et c'est peu de dire qu'ils renversent la salle. Ces derniers ont eu les faveurs de la presse anglaise ces dernières années et ce n'est pas pour rien. En simplement deux albums, ils se sont placés parmi ce qui se fait de mieux en matière de post-punk.
Dès les premières notes de Costner, extrait de leur second album Modern Dancing, on est saisi par la beauté et la puissance qui se dégage de ce groupe. Le titre est du pur post-punk qui fait du groupe les dignes héritiers de Wire. Sur scène, le trio apparaît soudé comme jamais et Stu Hopkins et Leigh Padley jouent la plupart du temps collés l'un à l'autre. Le jeu de scène de ce dernier est hypnotisant avec le balancement permanent avant/arrière de sa basse.

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Headroll, le second morceau, avec ses intonations répétitives, évoque tant Television au niveau du chant et de la guitare que le New Order des débuts pour ses superbes parties de basse. On y ressent la même tristesse mélancolique que chez le groupe mancunien. Le morceau s'étire, pour notre plus grand plaisir, sur de longues minutes.
Le public, venu en masse pour Car Seat Headrest, semble conquis par le groupe. Neckbrace est un morceau de lo-fi absolument parfait sur lequel la voix de Stu Hopkins fait des merveilles et Silver Lining poursuit dans la même voie que le titre précédent avec une lo-fi du meilleur aloi qui fait que l'on imagine plus ce groupe américain qu'anglais. Le groupe joue à part égal des titres de ses deux album Grin et Modern Dancing avec en sus leur récent single A House On Fire et un inédit à couper le souffle, Low, qui présume d'un superbe troisième album.

Sur A House On Fire, Stu Hopkins se lance dans de longues parties de guitares tourbillonnantes assorties de solos stratosphériques. La tension monte tout au long du morceau ponctué de breaks proprement ahurissants. Le morceau se termine dans un déluge de guitares qui s'étire sur de longues minutes. Un très grand moment ponctué d'une ovation amplement méritée. Flowers sonne superbement avec son refrain entêtant et le mélange délicieux pop/new wave qui se dégage du morceau.

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Le groupe enchaine directement sur Klaus, hypnotique à souhait. Là encore les solos de Stu Hopkins soufflent l'auditeur par leur précision diabolique. La section rythmique appuie le tout avec une maestria totale. Le morceau dure, dure et l'on souhaiterait qu'il ne s'arrête jamais. TRAAMS nous offrent ce soir là trois quart d'heure d'une musique absolument superbe. Une performance scénique de haut vol et un groupe qu'il va falloir surveiller de près.

C'est peu de dire que Will Toledo, le leader de Car Seat Headrest, est un garçon prolifique. De 2010 à 2015, il a sorti pas moins d'une dizaine d'albums, tous en auto-production ! Depuis la signature du groupe en 2015 chez le label Matador, les sorties se font à un rythme plus raisonnable : seulement deux albums qui les ont vus sortir de l'underground pour conquérir un public assez large.
Il faut dire que le groupe a de nombreux atouts dans sa manche. Car Seat Headrest produit une musique américaine typiquement lo-fi et le groupe a quelques morceaux à son actif particulièrement intéressants. Sur scène, c'est une machine déjà bien rodée. Les titres sont souvent très longs et installent une ambiance particulière qui enchante souvent l'auditeur. On peut peut être leur reprocher que de nombreux titres se ressemblent et qu'ils tendent parfois vers un son un peu trop mainstream.

C'est sans doute pour cela que le Divan du Monde est aussi bondé ce soir là car Car Seat Headrest est en passe de devenir un groupe important. Les morceaux sont très bien écrits mais l'on aimerait que parfois cela sorte un peu du cadre, que le groupe se montre un peu plus aventureux. Will Toledo montre qu'il connait bien la pop française puisqu'il joue un bout de La Poupée Qui Fait Non de Michel Polnareff.

Si le groupe entre désormais dans des territoires parfois un peu trop balisés, il n'en oublie pas pour autant ses origines garage en terminant son concert par le Gloria de Them.