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Factory Floor

Paris, La Gaîté Lyrique - 8 avril 2017

Live-report par Albane Chauvac Liao

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Après un barbecue enflammé à Montreuil, direction la Gaîté Lyrique pour une bonne dose d'électro : le ARTE Concert Festival nous régale.

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L'artiste Noga Erez mélange les beats électro aux saveurs orientales puisées dans ses origines israéliennes. Avec son compagnon et co-équipier Ori Russo, mec sympa aux lunettes nerdy, ils créent une osmose sonore, si puissante que le public se tient à distance de la scène, formant une barrière invisible. Ce même public aurait-il peur de se mettre en avant ? Et pourtant, les paroles de la jeune femme nous indique tout autre chose (« Undress / Undress / Undress / Undress me »). Avec son short Adidas et son sweat à capuche au dos duquel on peut lire « CIVILIAN », l'âme rebelle est suggérée. Confirmée par les paroles politiques de Shoot While Dancing (« Can you dance while you shoot?/Can you shoot while dancing? »). Bang Bang.

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On glisse avec assurance vers l'électro pure, avec les londoniens de Factory Floor. Le public se rapproche, curieux de voir ces tonalités électro qui sortent du ventre de la batterie. L'homme frappe l'instrument, il fait penser à un métalleux qu'on aurait téléporté en Electromania, la femme, cheveux attachés, raie au milieu, manipule les synthés d'un air plutôt sérieux, tout en laissant s'échapper des sonorités vocales plutôt glacées. Les panneaux sont tour à tour des écrans brouillés, des écrans mer calme rose et bleue. La rythmique qui s'installe prend le contrôle de notre débit cardiaque, le faisant se balancer, plus vite, très vite, puis soudain s'arrêter.

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L'interlude est une vraie cure de luminothérapie, tels des électrochocs pour vieux au bal de la grande faucheuse. On nous éveille pour Clark, l'architecte du son de chez Warp records. Le britannique de St Albans que l'on pourra comparer à Bibio ou Amon Tobin, a sa propre identité, sombre et versatile. Son nouvel album, Death Peak, est sorti le 7 avril. Et en live ? Noir, tout noir, on est plongé dans le noir. Les spots n'ont d'yeux que pour Clark, et ses danseuses énigmatiques, robotiques et inquiétantes. Les rallonges capillaires qui servent de rideau au visage, une idée pour la collection Automne/Hiver 2017 ? On salue la copine de l'artiste, auteure des chorégraphies, plutôt bien ficelées. Côté son, du heavy beat à profusion. Un instant étrange : « Tu entends des wooo, toi aussi ? ». Obscurité. Au fur et à mesure du set, les danseuses réapparaissent, dénudées, ne gardant que le top, transparent. Seins nus, ras le kiki, moi je vous le dis ! Une dualité non-négligeable entre leurs mitaines Lara Croft et la position mains jointes sur le derrière, filles exemplaires. Les secousses du plancher, dirigées jusqu'à nos membres les plus intimes. Il est 2h du matin et on peut enfin le dire : C.L.U.B.B.I.N.G.

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Quelle meilleure preuve de clubbing que la productrice Miss Kittin ? Son nom suffit à vous mettre le rythme au corps, les paroles à la bouche (« Sweet seduction in a magazine/Endless pleasure in a limousine/In the back shakes a tambourine/Nicotine from a silver screen »)... Souvenez-vous, avec le merveilleux Felix Da Housecat ! Sur scène, c'est la croissance sonore, au coeur de la fosse, les baisers sont prolongés, en slow motion. On a les épaules mouvementées, chacun danse, bouge à son tempo. La temporalité n'existe pas, il n'y a plus d'actualité. Les carrés s'agrandissent, ça prend forme. Se glissent des sourires complices entre inconnus. Au son des majorettes, les cinquantenaires sont grave dansants, ils se transforment en gifs vivants.

La pluie descendante, méditative. Révulse-moi le regard. Spots rouges. Dance on the floor, lascive. L'appel de la nature humaine.

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La vague Miss Kittin en a emporté plus d'un. Il doit être 4h du matin, enfin, trop tard pour lire l'heure. Mais qui voilà ? C'est Simian Mobile Disco ! Le fameux guest en B2B avec Danny Daze. Cool, plus d'espace pour kiffer ! Alleé, on se fait des câlins en l'air. Porte-moi. Complicité en B2B. A la 50ème variation sur un beat, il est temps de nous quitter, avant que notre propre corps nous lâche.

Merci ARTE et longue vie à la complicité culturelle franco-allemande !