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Caluire-et-Cuire, Radiant Bellevue - 29 novembre 2017

Live-report par Jean-Baptiste Bourgeois

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L'automne est bien là, froidement installé en cette soirée de fin novembre dans la commune de Caluire-et-Cuire sur les hauteurs de la métropole lyonnaise. Les petites rues adjacentes à l'hôtel de ville et à la bibliothèque municipale sont prises d'assaut par les voitures en quête d'une place. Tiens, il se trame quelque chose. En suivant la foule du regard, elle converge vers le même point, la salle du Radiant-Bellevue. Ces personnes semblent être des amoureux de sensations fortes et d'expériences « aériennes ». Pas de doute il se passe un truc, rentrons voir.

A l'intérieur la température monte tout doucement, la bière et l'enthousiasme ambiants réchauffent les cœurs. Une file indienne semble pointer le chemin à suivre, celui du voyage musical assurément. Et c'est sur les coups de 20h dans une salle en passe de se remplir, que Steven Prigent et son SPS Project font leur entrée. Le français venu tout droit de Bretagne arrive seul sur scène - enfin pas vraiment - il est entouré de plusieurs instruments. A la fois virtuose sur son piano acoustique, il montre aussi des dons pour le jonglage : parfois clavier main gauche, cymbale main droite, une utilisation du pad électronique maitrisée, il n'oublie de faire un petit détour par la tom basse. Le rendu est plutôt sympathique, Steven est son propre chef d'orchestre et pendant une bonne demi-heure il mélange les genres comme le piano et les sonorités technos. Son univers et ses mélodies entêtantes ont visiblement fait mouche et le touche-à-tout breton sort sous les saluts d'un public conquis.

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C'est l'heure du petit temps mort pour les spectateurs venus en nombre pour cette soirée. Alors que David Bowie résonne dans le couloir juste à côté de la scène, le Radiant finit de se remplir. Le décor est en cours d'installation et le fameux rideau à lamelles fines qui les accompagnait lors de leur tournée précédente est encore de la partie, toujours au premier plan. La pièce est plongée dans le noir et alors que l'effervescence se fait entendre le logo d'Archive apparait au fond de la scène sur fond de musique chaotique. Pas de doute, c'est bien Driving In Nails qui accompagne l'arrivée du groupe. Les sonorités sombres du morceau mettent tout de suite dans l'ambiance. Le décor s'anime et l'effet de profondeur provoqué par le rideau est stupéfiant avec son enchainement d'images subliminales. Les sept musiciens viennent nous annoncer le jugement dernier, c'est sûr.

Le début de la setlist met surtout en avant le dernier bébé en date The False Foundation sorti en 2016. Un opus qui a divisé certains fans mais qui recèle tout de même deux trois pépites : Sell Out monte crescendo emmené par la voix de Pollard Berrier toujours équipé de son chapeau fétiche, puis vient Stay Tribal au rythme très rapide presque techno qui permet à l'ex-mescalero Steve Barnard de montrer immédiatement toutes ses qualités de batteur. Le spectacle visuel est toujours aussi impressionnant, des boules blanches volent au milieu du collectif et donnent l'impression qu'elles vont s'abattre une à une sur la foule bouche bée. La première partie du set se termine sur l'éponyme de l'album, rythmé par le synthé très 80's de Darius Keeler, membre emblématique du groupe. Il faut dire qu'ils sont bien là les pépères.

Les plus fervents aficionados ne seront pas en reste. Dès les premières notes les fans reconnaissent le titre, le rideau tombe. Le second chanteur Dave Pen s'avance et prend la première température de la salle. On ne pouvait pas rêver mieux que Fuck U pour célébrer cette récente « chute du mur ». Le titre issu de Noise provoque par la même occasion un large engouement de la foule, et certains majeurs se lèvent dans la salle. Du bruit, ils vont en faire : le milieu du set est sans conteste beaucoup plus rock avec des titres comme Sane où Pollard montre tous ses talents pour la transmission d'énergies pures et brutes. C'est parti le public s'agite et chante à tue-tête le refrain : le bon rock à la sauce Archive qu'est-ce que c'est bon. Y a pas du rab ? Voilà pour vous. Un Programmed electro-rock sur son lit de petits accords entêtants. Archive sait très bien cuisiner et offre un tempo succulent.

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Après un très touchant The Feeling Of Loosing Everything remarquablement interprété par Dave, ils enchainent sur une version courte de l'incontournable Lights. De la douceur noisy et du voyage trip-hop en guise de dessert, la foule n'en demandait pas plus. La somptueuse symphonie est toujours aussi bien menée par la main de maître de Darius, décidément en très grande forme ce soir dans son costume de chef d'orchestre. Il bat du poing, donne le tempo, se tourne vers « Smiley » et tape le rythme sur son cœur. Le public dans un état post-hypnotique salue très chaleureusement le titre puis ce sera Blue Faces, issu de leur dernier album qui viendra mettre un terme au concert. Le silence religieux installé par Dave prend directement aux tripes, les quelques accords de piano qui accompagne sa voix donne au morceau des allures de Pink Floyd. Les musiciens remercient une première fois le public lyonnais avant d'entamer le rappel : d'abord Bright Lights puis le très progressif Controlling Crowds. C'est dans ces moments-là que l'on remarque à quel point leur musique est une mécanique de précision. Rien n'est laissé au hasard, l'intensité grimpe en douceur, le synthé se marie parfaitement au rythme imposé par le jeu de Steve, le tout s'imprègne dans la salle et vous met les poils. Et là, c'est l'explosion. Un Numb d'une rare violence te met un uppercut, là sans prévenir. Des riffs de Pollard bien saturés, des lumières rouges qui éclatent dans tous les sens, une batterie puissante qui frappent à une vitesse démentielle - béni soit Steve - sans oublier la voix chamanique de Dave. Tout est emporté sur le passage. Une salle qui exulte. Quelle fin...

Au fil du temps, Archive n'a cessé d'évoluer musicalement dans leur style comme dans leurs approches de la musique néanmoins certaines choses n'ont pas changé : on l'avait bien remarqué le collectif adore faire son petit pèlerinage en France à chaque tournée, notamment dans la région lyonnaise qui reste un de leur point de chute favori. Désormais, on attend le prochain album de Darius « killer » et de toute sa petite bande. Peut-être pour 2018 qui sait...
setlist
    Driving In Nails
    Sell Out
    Stay Tribal
    The False Foundation
    Fuck U
    Splinters
    Sane
    Bullets
    Ride In Squares
    Programmed
    The Feeling Of Losing Everything
    Lights
    The Empty Bottle
    Blue Faces
    ---
    Bright Lights
    Controlling Crowds
    Numb
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