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Call To Arms & Angels

Archive - Call To Arms & Angels
Chronique Album
Date de sortie : 29.04.2022
Label : Dangervisit Records
4
Rédigé par Olivier Kalousdian, le 27 avril 2022
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Six ans après le relatif échec de The False Fondation, et à la suite de la tournée « 25 » ayant pris fin en même temps que démarrait la pandémie de COVID-19, Archive déconfinent tout leur talent pour nous offrir l'album Call To Arms & Angels (ndlr : L'appel aux Armes et aux Anges), un titre anticipateur, une fois de plus. Profond, prophétique, sombre et flamboyant à la fois, le treizième album studio d'Archive, parfois alourdi de titres trop cinématiques, redonne toute sa place aux longs riffs de guitares et aux titres éléctro-rock à rallonge qui ont fait de ce groupe un des maitres à penser du krautrock par le passé. Un disque important, enregistré au studio RAK de Londres et produit et mixé par un ami de longue date, Jérôme Devoise.

« Ces deux dernières années, nous avons vu comment la peur et l'incertitude peuvent avoir un impact sur les connexions humaines (…) nous voulions parler de la façon dont les gens se sentaient si en colère, si paralysés et si vulnérables, souvent pris entre deux feux. Ils ont besoin d'être connectés mais craignent le contact ». Cette définition de la genèse de l'album par Holly Martin résume à elle seule toute la trame narrative de Call To Arms & Angels. Et pour relater en musique deux années de pandémie, de multiples confinements, des millions de morts et une vie planétaire quasi à l'arrêt pour la première fois de son histoire, il fallait bien un tracklisting de dix-sept titres. Un tracklisting qui aurait même être bien plus important, tant la créativité bouillonnait chez chaque membre d'Archive pendant cette pandémie.

L'ouverture du livret démarre ainsi sur un titre ténébreux, comme le fut l'annonce de la pandémie, avec Surrounded By Ghosts, chantée par Holly Martin : « There's a war, there's a war still raging... ». Sans engager tous les membres du groupe, il y a fort à parier que Darius Keeler, qui co-signe les dix-sept titres n'a, comme nous tous, pas toujours bien accepté les mesures de 2020 et 2021, mais a du faire avec. Le titre suivant, Mr Daisy, étale, brut de pomme, son rock progressif et son shoegazing pour un résultat qui, sans aucun doute, fera partie de toutes les setlists du groupe dorénavant. Troisième chanson de l'album, Fear There And Everywhere nous parle de cette peur qui nous a toutes et tous submergés à partir de mars 2020 quand nos gouvernements ont placé le monde en état de pandémie. Les transports à l'arrêt, les sorties « non essentielles » interdites, les justificatifs de déplacements obligatoires, l'économie en état de mort clinique... et tous les conflits internes et externes que cette nouvelle vie recluse a provoqués. Pollard Berrier, qui co-écrit le titre fait un retour en maestria avec cette chanson, presque aussi forte qu'un Bullets ou un Controling Crowds.

Archive, alors en pleine tournée « 25 » faisant le plein partout en Europe, n'ont pas échappé à cette crise majeure, ni à celle imposée aux artistes par le Brexit. D'un seul coup ce ne sont pas moins de vingt dates dans vingt festivals majeurs d'Europe qu'ils ont vu s'annuler, entre 2020 et 2021. Dont un Rock en Seine 2020 où Archive devaient jouer en tête d'affiche avec Massive Attack ! La survie artistique, mais également financière s'est faite rapidement sentir. Et la volonté de coucher cette période « historique » sur des bits et des pixels également.
« Réfléchir à cette époque en tant qu'artistes a fait naître une certaine noirceur et une certaine colère, mais aussi une étrange forme d'inspiration qui était parfois troublante. Cela nous a vraiment fait apprécier le pouvoir de la musique et la chance que nous avons de pouvoir exprimer nos sentiments de cette manière. Il semble qu'il y ait de la lumière au bout du tunnel, mais il y a toujours une part d'ombre dans cette lumière » écrit Darius Keeler à propos de cet album. Il traduit ici le sentiment que des millions d'artistes à travers le monde ont ressenti avec l'arrêt total de ce secteur d'activité, dernière roue du carrosse dans les schémas de survie de nos sociétés.
C'est sur ce constat et ces ressentiments qu'est né Daytime Coma. Quatorze minutes d'un titre fantomatique, évanescent avant de devenir incandescent, relatant à lui seul l'âpreté et le rudesse de ces journées passées en cage pour ces bêtes de scènes, ces artistes dont la raison de vivre est la relation humaine et le partage avec le plus grand nombre.
Et on se réjouit d'écouter Darius Keeler et Dave Pen, co-signataires du titre, laisser libre court à leurs boucles répétitives et thèmes hypnotiques sur des sonorités synthétiques qui semblent parfois sortis d'un disque de Jean Michel Jarre (que l'on retrouve sur Gold, dernier titre de l'album). Une composition qui, à l'instar de Finding It So Hard, donnera sûrement lieu à de formidables improvisations et jeux de lumière scéniques.
On retiendra aussi l'arrivée de la galloise Lisa Mottram, qui avait déjà participé au side-project Dee G Mono de Danny Griffiths, et dont la tonalité vocale et l'imagination musicale collent parfaitement avec l'univers d'Archive (The Crown).

Le voyage au bout de la nuit et de la crise sanitaire que nous offre Call To Arms & Angels et qui se conclut par le très beau Gold chanté et co-écrit par Maria Q restera dans les archives de notre mémoire collective et agira, dans le futur, comme une piqûre de rappel de cette pandémie ; notamment grâce au documentaire « Super8 » qui accompagne la version « Deluxe » de l'album.
tracklisting
    01. Surrounded By Ghosts
  • 02. Mr. Daisy
  • 03. Fear There And Everywhere
  • 04. Numbers
  • 05. Shouting Within
  • 06. Daytime Coma
  • 07. Head Heavy
  • 08. Enemy
  • 09. Every Single Day
  • 10. Freedom
  • 11. All That I Have
  • 12. Frying Paint
  • 13. We Are The Same
  • 14. Alive
  • 15. Everything's Alright
  • 16. The Crown
  • 17. Gold
titres conseillés
    Daytime Coma - Mr Daisy - Fear There And Everywhere - Gold - Shouting Within
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