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The Wave Pictures

Paris, Point Éphémère - 8 décembre 2018

Live-report par Louise Beliaeff

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Des magiciens. The Wave Pictures ont réussi à faire de ce samedi 8 décembre sombre et pluvieux une fête.

La scène du Point Éphémère a d'abord été foulée par les cinq troubadours de Saintseneca, groupe originaire de Columbus, Ohio, mené par Zac Little et son impressionnante barbe rousse. Des mélodies rock folk agréables, des musiciens impliqués, heureux de jouer leur dernier album (Pillar Of Na) malgré un public plutôt timide ou en retard : voilà un début de soirée fort sympathique.

A peine sont-ils sortis de scène que The Wave Pictures se mettent à installer leur matériel. Les trois artistes se confondent avec les backliners. Quand tous les jacks sont bien branchés et les cymbales vissées, David Tattersall, Franic Rozycki et Jonny Helm restent sur scène et font signe à l'ingénieur du son pour allumer les micros. Pas d'entrée triomphale, non, pas de chichis, de fumée, de lumière tamisée. Avec les Wave Pictures, on est comme dans leur studio de répétition. A un détail près : le bassiste Franic Rozycki enfile sa paire de lunettes de soleil noire démodée et affiche un sourire empli de fierté. Le concert peut alors commencer.

Roosevelt Sykes, morceau ensoleillé issu de leur dernier album Look Inside Your Heart, ouvre les hostilités. Une introduction surprenante aux sonorités afro et rythmes enlevés, un moyen efficace pour réchauffer la salle. Avec leurs bouilles affables et leurs airs bonhommes, The Wave Pictures ont l'extraordinaire capacité de transmettre la joie de faire de la musique ensemble. Le spectateur est avec eux comme avec des copains. Très rares sont les groupes actuels chez qui l'on sent une si bonne entente. Tiens, mais qui est ce quatrième larron qui se dandine côté jardin ? Visiblement encore plus excité que les trois autres, David Beauchamp s'occupe des percussions. Un poil maladroit et loufoque, le personnage est drôle et attachant.

Alternant des nouveaux morceaux (Hazey Moon, Brian) avec des plus anciens (Pool Hall, Canvey Island Baby, The Red Suitcase, Pea Green Coat), The Wave Pictures impressionnent par la qualité de leur musique. Eh oui, en plus d'être profondément sympathiques, Franic, Jonny et David prouvent que l'on peut aussi jouer de la bonne musique sans rajouter de machines. Seul petit bémol : dès le cinquième morceau du set, American Boom, le groupe ose une longue ballade. Le BPM redescend d'un coup. C'était peut-être un peu tôt pour poser l'ambiance. De manière générale, les titres plus calmes sont très beaux mais s'étirent un peu trop en longueur. Heureusement que le trio redouble d'énergie pour faire repartir le concert par la suite.

On se régale des solos de guitare interminables claqués par David et ses vibrato à la voix. Mention spéciale pour Just Like A Drummer, un tube où David est porté par les chœurs de ses compères, et pour Like Smoke, où le public est invité à chanter avec le groupe. The Wave Pictures s'autorisent de nombreux moments de dialogue avec la salle. Un des fans leur amène même quatre shots d'alcool en plein set. Lorsqu'ils terminent un morceau et qu'ils sont chaudement acclamés par la salle, leur bonheur est sincère, palpable, communicatif. Et Franic a cette adorable habitude presque enfantine de lever les bras poings fermés comme s'il venait de remporter un combat sportif.

Pas de setlist, ils suivent leurs envies du moment, leurs humeurs. Ils hésitent parfois, le public leur hurle des « Sophie » et des « Chicken » (Stay Here & Take Care Of The Chicken), mais The Wave Pictures ne cèdent pas si facilement et aiment surprendre. Malgré leur discographie impressionnante (18 albums en quinze ans), le concert est parfaitement rodé. C'est ce que l'on pourrait appeler un live par excellence. Ils maîtrisent assez leur musique, ont atteint une telle aisance, se connaissent et s'entendent si bien, qu'ils peuvent laisser une grande place à l'imprévu et à l'improvisation. Et quoi de plus beau que de conclure la soirée, après un très long et très chaud rappel, par une reprise de Neil Young, Helpless.

Ce n'est certes pas le concert le plus « propre », quelques fins sont maladroites, quelques breaks un peu bancals... Mais c'est assurément le show le plus exaltant et chaleureux auquel j'ai pu assister depuis longtemps.