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The Wave Pictures

Paris, Café de la Danse - 16 septembre 2011

Live-report par Amandine

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Dans le cadre de l'Eldorado Music Festival , le Café de la danse avait ce soir décidé d'inviter trois groupes aux univers personnels et bien distincts : les Canadiens de Little Scream, les Anglais de The Wave Pictures et les Américains un peu dingues de Man Man.

C'est dans une ambiance un peu terne et devant une salle quasiment vide que débutent Little Scream ; une jeune femme, guitare en bandoulière et petit synthé sous le bras, débite une longue litanie expérimentale, la voix noyée sous une cascade d'effets. Un guitariste et un batteur l'accompagnent dans ce qui nous semble, d'emblée, une manière risquée de prendre en mains le set. On se demande à quoi sert cette guitare qui, pour le moment, n'a qu'une fonction d'accessoire. La suite nous montrera que nous avions tort puisque après une entame peu convaincante, les six cordes vont grincer dans un morceau alternant douceur et fureur.

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Si cette démonstration tend à nous rassurer, les applaudissements restent tout de même polis et pondérés et le groupe décide alors de se lancer dans une balade folk sans aucun intérêt qui finit par nous emmener vers la lassitude et l'ennui ; le chant est braillard, trop poussé et maniéré dans les aigus, le phrasé est approximatif et l'articulation chewing-gum n'a rien d'attirant. Bref, nous avons le temps de nous faire toutes ces remarques tant la composition s'étire dans une sorte d'intensité feinte et forcée. Il n'y a cependant pas que du mauvais chez Little Scream (qui porte on ne peut mieux son nom) puisqu'on constate de la recherche dans la construction, notamment rythmique, des morceaux. Les influences rock très brutes sont marquées mais néanmoins ternies par des points négatifs trop présents.

La salle est considérablement moins vide quand, vers 20h15, David Tattersal, frontman de The Wave Pictures , démarre leur set. Pendant une petite heure, nous aurons droit à une véritable leçon de maîtrise de la guitare dans toute sa complexité.
Même si le groupe commence plutôt gentiment, dès le deuxième morceau, le ton se durcit ; le batteur est au chant tandis qu'il continue de dérouler un rythme binaire et lancinant. La batterie assez sombre sous-tend des mélodies plus pop et le contraste crée une atmosphère des plus spéciales. On retrouve chez eux l'énergie que peut dégager un trio. C'est justement cette énergie qui est leur arme secrète, ce que l'on comprend quand ils décident de se tourner vers des morceaux plus calmes... et moins intéressants. Leurs mélodies jouent sur un jeu de batterie binaire combiné à un jeu de guitare assez complexe, tout droit sorti des 70's. The Wave Pictures alternent balades pop et morceaux plus entraînants.

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A la fin du concert, nous nous disons que si mardi, avec The Drums, nous avions vu des Américains en dignes représentants de ce qu'Albion a fait de mieux, c'est ce soir le contraire : la musique de The Wave Pictures vient des terres de l'Oncle Sam, emprunte à la country et au rock US de la grande époque. C'est sous des applaudissements chaleureux que les trois Anglais repartent, visiblement contents de leur prestation de ce soir.

Ce vendredi, on constate que le public est clairement divisé en deux groupes distincts : les personnes venues pour The Wave Pictures et qui commencent à quitter la salle ou à s'asseoir plus loin sur les gradins, et ceux venus spécialement pour les cinglés de Philadelphie : Man Man.
Alors que jusqu'ici la scène paraissait dépouillée, les Américains ont ce soir l'intention d'occuper le plus d'espace possible ; les instruments envahissent les lieux : des claviers en tout genre, des xylophones, métallophones, des maracas... On s'affaire à tout installer au plus vite et chacun des membres du groupe vient vérifier la disposition de son matériel. Le batteur est placé au premier rang et on comprendra très vite pourquoi.

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Vers 21h30, les cinq membres de Man Man font leur entrée ; dress code : pantalons ou bermudas blancs et tee-shirts noirs. Certains se sont permis quelques excentricités comme une perruque ou des peintures de guerre blanches. Lorsque résonnent les premières notes, il flotte instantanément un petit vent de folie et d'auto-dérision sur le Café de la Danse. Les musiciens changent d'instruments au gré des morceaux et les spectateurs envahissent la fosse pour pouvoir remuer un peu plus. A l'évocation de Modest Mouse comme influence principale de Man Man, mes dents avaient grincé mais les deux groupes partagent ce goût pour l'exploration musicale ; ils osent changer radicalement de style tout en gardant une touche très personnelle. Tandis que les fans timorés de The Wave Pictures désertent, probablement bousculés par des mélodies trop complexes, l'ambiance ne cesse de monter. En plus d'être talentueux et inspirés, les Américains ne manquent ni d'humour ni de potentiel sympathie.

Autant une pièce de théâtre qu'un concert, Man Man auront ce soir mis le feu à la salle et sans conteste été le point culminant de cette soirée.