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The Cinematic Orchestra

Paris, Casino de Paris - 18 mars 2019

Live-report par Déborah Galopin

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Quelques jours après la sortie de leur nouvel album To Believe, The Cinematic Orchestra étaient sur la scène du Casino de Paris pour venir nous le présenter. Cela fait 20 ans que Jason Swinscoe a fondé ce groupe, désireux de sortir des sentiers battus du jazz et To Believe ne constitue que le quatrième album studio de leur discographie. Douze ans d'attente depuis Ma Fleur, c'est long. On ne l'attendait presque plus, mais la qualité se mérite. Comme ils nous le montrent ce soir, la création évolue avec lenteur et le public doit savoir se montrer patient pour apprécier la beauté des choses.

Première surprise en pénétrant dans le Casino de Paris, il n'y a pas de fosse assise, tous les sièges ont été retirés pour l'occasion, laissant un parterre vide près à être rempli de son public. Me suis-je trompée de concert ? Non, le nom du groupe est bien inscrit sur mon billet.
L'attente jusqu'à l'arrivée de The Cinematic Orchestra est bien organisée, ne laissant que peu de temps morts de l'ouverture des portes depuis 19h jusqu'à la levée du rideau à 21h. Deux groupes aux initiales énigmatiques s'enchaînent : PBDY, DJ et UTO, un duo trip-hop, pop.
La salle est encore clairsemée pour UTO. Malgré un public particulièrement sage, le duo dévoile un univers intéressant et mystérieux. La voix presque fantasmagorique d'Emilie nous guide à travers des contrés sombres instaurés par les arrangements électroniques et les percussions. Une belle découverte.

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The Cinematic Orchestra ouvrent le set avec Lessons, issu de leur dernier album, une entrée en matière douce vers leur univers. Les six membres du groupe couplent des instruments classiques à d'autres plus synthétiques, mêlant les sonorités et les tonalités entre elles. Jason Swinscoe agit en maître d'orchestre. C'est lui qui dirige son groupe, cela se ressent dans son attitude plus communicative avec les musiciens et le public. Un bras en l'air, il lance les sons depuis sa platine.

Les instruments à vent sont mis à l'honneur au-devant de la scène. Alors que sur l'album studio, les cuivres se font plus discrets, Tom Chant au saxophone et à la clarinette devient un point central du concert, au même titre que la chanteuse Tawiah. Tous deux s'échangent le premier rôle. Même si la voix soul de Tawiah est belle, ce sont paradoxalement les morceaux instrumentaux qui séduisent le plus. Entre eux, les instruments semblent parler le même langage et s'équilibre. Leur rôle ne se limite plus à accompagner, leur offrant un champ d'expression plus large. Débarrassée du repère confortable de la voix, notre oreille les écoute et les comprend.

Tom Chant nous livre une magnifique performance solo sur une improvisation au saxophone composée de boucles. Il enregistre un à un ses morceaux, les superposant les uns aux autres, apportant à chaque fois quelque chose de nouveau. Et tout s'imbrique parfaitement, passant de la note la plus grave au saxophone à celle la plus aiguë à la clarinette, couvrant une large palette de tessiture amenée de façon harmonieuse. Le musicien nous donne l'impression d'entendre un orchestre entier composé uniquement de cuivres, le résultat est bluffant.

Le public, réceptif, réagit en fonction des variations et des performances des artistes, encourageant les solos de batterie ou les évolutions symphoniques. Nous ne sommes pas uniquement là dans un but contemplatif au contraire, nous sommes pris, comme emportés par chaque note dont nous exprimons l'émotion produite en nous.

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The Cinematic Orchestra jouent en grande majorité leurs nouveaux titres et piochent ensuite parmi les précédents disques. Si nous n'avons pas le plaisir d'entendre leur célèbre To Build A Home, nous retrouvons le planant et impressionnant Man With The Movie Camera ou encore The Chanel 1 Suite. Le concert évolue en crescendo pour atteindre son apothéose avec A Promise et deux derniers titres en rappel.

Le concert évolue en crescendo jusqu'à atteindre son apothéose sur les trois derniers titres. Instant magique sur A Promise, donc, où une pluie de confettis blanc tombe sur la scène au gré des refrains, avant que l'ambiance ne se transforme pour nous amener dans une dimension plus électronique. Le mouvement des corps lents s'accélère et prend de l'ampleur au rythme de la musique. Dernier moment de fusion avec le groupe.

The Cinematic Orchestra nous ont livré une prestation impeccable, toute en finesse et en précision, dont le talent ne peut que laisser admiratif.