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The Cinematic Orchestra

Paris, Days Off Festival - 9 juillet 2016

Live-report par Louise Beliaeff

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La Philharmonie se dénude. Pour la 6ème édition du festival Days Off, le traditionnel orchestre, ses chaises et pupitres, au centre de la salle, laissent place à une large fosse. Après Benjamin Clementine, Mogwai, Anohni ou encore Cat Power, c'est au tour de The Cinematic Orchestra de se produire dans la mythique salle signée Jean Nouvel.

Au milieu des instruments divers d'ores et déjà installés pour le groupe anglais, deux hommes discrets se faufilent derrière des claviers. Jameszoo est un projet mené par le producteur et musicien allemand Mitchel Van Dinther entre le jazz et le hip-hop, le tout résolument tourné vers l'électronique. Dans la fumée et les derniers chuchotements du public, les titres du dernier album Fool sorti le 13 mai installent une ambiance planante. Les deux hommes sont penchés sur leurs claviers, face à face, et font tomber leur crinière au dessus d'eux. La musique de Jameszoo a ceci d'extraordinaire qu'elle est avant-gardiste tout en empruntant des références classiques. Dans les solos de jazz tourmentés, on croirait voir Beethoven sur ses touches blanches et noires, quelques contrepoints de Bach joués à quatre mains.

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A 21h30, The Cinematic Orchestra débute son set par une longue introduction aux cordes : violon, alto, violoncelle, contrebasse, violon électrique. A peine éclairés, on distingue les archets filer dans la fumée. Le deuxième titre Burn Out réunit tous les musiciens autour de la chanteuse Heidi Vogel. Il fallait au moins la grande scène de la Philharmonie pour que chacun des treize musiciens trouve sa place. Jason Swinscoe endosse le rôle du chef d'orchestre, indiquant la fin des tournes, le début des solos. A droite de la scène, derrière son attirail électronique, l'homme à l'origine de ce groupe a fait du chemin depuis les premières bandes-son recréées par ses musiciens. Toujours très cinématographiques, leurs compositions allient l'acid jazz avec le downtempo et l'electronica.

Les moments de solos sont brillants, le génie des instrumentistes incontestable. Notons le sacre du saxophoniste Tom Chant sur Burn Out ou sur Tom Sax Loop, un titre entièrement consacré à lui et à ses boucles psychédéliques s'achevant sur un bruit de sirène entêtant. Jonglant du saxophone alto au saxo soprano, Tom ne fait qu'un avec son instrument. Luke Flowers, le batteur, nous impressionne par son agilité et sa légèreté, ses bras semblent flotter et voler d'une cymbale à l'autre. Les bases de jazz sont évidemment là (Lessons, Flite, Man With The Movie Camera) et les solos déconcertent le public qui ne sait plus où placer le premier temps, tant les mesures sont dématérialisées quand elles ne sont pas construites sur des formes boiteuses en 5 ou en 7 temps. N'oublions pas les belles envolées de John Ellis au clavier. En somme, le groupe est une synergie de talents.

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The Cinematic Orchestra alternent les moments de pure transe qui décoiffent et les chansons downtempo résolument lascives. The Reveal, To Believe, Breath, illustrent cette appropriation du temps, cette aptitude à le suspendre et à couper le souffle. La fosse n'est pas des plus énergiques mais les applaudissements sont là, et The Cinematic Orchestra séduisent l'ensemble des parisiens venus fêter l'été, les vacances, ou simplement, un samedi soir. Le concert se termine à 23h30, après trois titres en rappel dans des styles différents. To Build A Home, est en quelque sorte leur tube lent, doux et poétique. Puis, Ode To The Great Sea relance une dernière fois la machine jazz avec des passages de solos entre les instruments. Curieuse idée de clore ce très beau concert par un titre indolent aux sonorités R'n'B plus calme, All That You Give. Ce n'est pas la grande Fontella Bass qui l'interprète mais les frissons sont tout de même au rendez-vous.

Le salut à 13 rappelle ceux d'une troupe de théâtre. Chapeau, le public de la Philharmonie a du mal à retourner à la réalité, un peu comme lorsque qu'on sort d'une salle sombre où était projeté un excellent film.
setlist
    String Intro
    Burn Out
    Child Song
    J Bird
    The Reveal
    Tom Sax Loop
    To Believe
    Lessons
    Flite
    Breathe
    Man With The Movie Camera
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    To Build A Home
    Ode To The Great Sea
    All That You Give
photos du concert
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