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Boulogne-Billancourt, La Seine Musicale - 16 mai 2019

Live-report par Olivier Kalousdian

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Que celles et ceux qui ont raté le concert unique d'Archive à la Seine Musicale à Boulogne-Billancourt préparent leur cargaison de mouchoirs et fassent repentance : à part leurs prestations philharmoniques d'août 2009 à Rock en Seine ou d'avril 2011 au Grand Rex, ce fut une des meilleures performances live des londoniens.

Pour son 25ème anniversaire, le groupe emmené par Darius Keeler et Danny Griffiths a déroulé une setlist de 25 titres (logique) décomposée en deux sets d'une heure trente chacun et entrecoupée d'un entracte ; comme à l'Opéra ! Car, en terme de références scéniques, narration mise à part, les prestations d'Archive n'ont rien à envier aux opéras rock que portèrent à la postérité des groupes comme The Who ou Pink Floyd dans les années 70.

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Forts d'un treizième album studio sorti le 10 mai dernier et sobrement intitulé 25, le noyau central formé par Darius Keeler et Danny Griffiths, entouré d'une solide ossature composée de Dave Pen au chant et à la guitare, Pollard Berrier au chant et à la guitare, Mike Bird à la guitare et du légendaire Smiley à la batterie sait qu'il peut compter sur une fan base fidèle et particulièrement solide dans toute l'Europe, et particulièrement en France. C'est encore le cas ce soir dans une Seine Musicale dont la capacité maximum a été atteinte dès le mois d'avril dernier et après quelques semaines de mise en vente des billets. 5500 spectateurs, de 25 à 55 ans, se pressent dans la fosse et les gradins pour une soirée « son et lumière » baignée d'éther dont Archive à le secret.

Round 1 !
Une fois n'est pas coutume, c'est avec You Make Me Feel dont les premières notes résonnent comme des coups de canon électromagnétique qu'Archive se lancent dans la bataille. Hommage à Maria Q qui est la première guest à rejoindre le groupe sur scène ainsi qu'à l'album Take My Head, sorti vingt ans plus tôt et dont le chant fut assuré en son temps par Suzanne Wooder.

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Fuck U, Pills, Bullets, Noise... Les titres phares des albums suivants, Noise et Controlling Crowds, s'égrènent avec toute la puissance d'un Steve Barnard (AKA Smiley) cognant ses futs transparents et sous les vocalises autoritaires de Dave Pen et Pollard Berrier, frontmen en alternance. Dans l'intervalle, c'est Holly Martin, benjamine de la formation, qui a fait son entrée comme seconde chanteuse pour les titres Violently ou Kid Corner de l'album With Us Until You're Dead.

Fièrement annoncée, l'entrée en scène de Russell Marsden et Emma Richardson du groupe Band Of Skulls vient renchérir l'offre du soir et élever, encore un peu le débat et le niveau sonore pour le titre Remains Of Nothing. Un des huit titres originaux présents sur la compilation 25. Avec jusqu'à neuf musiciens sur scène et cinq guests tout au long du set, le terme opéra rock prend tout son sens.
Après une heure et demie à taper du poing en l'air dans des chorégraphies improvisées et impossibles à répéter deux fois dont lui seul a le secret, Darius siffle la fin de la mi temps sur un Dangervisit dont la montée crescendo finit d'assécher la moiteur ambiante. Une aubaine pour les quatre bars de la Seine Musicale et son public, dont le degré d'hygrométrie est tombé dangereusement bas...

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Round 2 !
Un quart d'heure, deux demis et trois cigarettes plus tard, retour aux sources avec le titre Lights et l'introspection sonore en forme de duo, claviers opposés, composé par Darius Keeler et Danny Griffiths, face à face sur scène, comme à l'accoutumée.
Le climax sera atteint avec un Finding It So Hard de treize minutes dont les montées cybernétiques et les envolées rythmiques (pourtant majoritairement composées d'un seul tempo tenu dix minutes durant par Smiley) étourdissent, exaltent et fascinent jusqu'à l'hypnose sous les coups de stroboscopes et des flash des néons découpés à la serpe qui illuminent la scène comme un pulsar illumine l'espace. Breathtaking ! Il faudra attendre le titre Numb, savamment réinterprété sur une durée de neuf minutes et conclue sous le rouleau compresseur de quatre guitares et deux basses, avec le concours de Russell Marsden et Emma Richardson pour retrouver une catalepsie globale du public. Extase qu'il goutera une dernière fois, en phase terminale, sur l'unique rappel de la soirée (car il y en a eu un) et l'inévitable titre Again, chanté par Dave Pen qu'accompagne le dernier guest de cette soirée de gala : Mike Peters et son harmonica (du groupe The Alarm dont Smiley est un des piliers). Seize minutes, c'est la durée du seul Again. Dans l'univers connu, ceci correspondrait à quatre titres de rappel. Dans l'univers d'Archive, l'espace temps se dilate sous des ondes qui ne sont ni radiophoniques, ni télévisuelles. Il se joue de tous les standards et de tous les codes de l'industrie du disque.

Darius l'affirme, cette liberté créatrice off the grid n'a pas toujours été bien ressentie ou accueillie par les labels et les producteurs. Aujourd'hui, ils jouent sur leur propre label et bénéficient d'une base si fidèle et de fondations si solides que seul un clash pourrait les empêcher de fêter leur trente ans de carrière. Rendez-vous est donc pris pour l'année 2024. Année des Jeux Olympiques à Paris...
setlist
    You Make Me Feel
    Fuck U
    Pills
    Bullets
    Kings Of Speed
    Noise
    Kid Corner
    Violently
    System
    Wiped Out
    Shiver
    Collapse/Collide
    Splinters
    Remains Of Nothing
    End of Our Days
    The Empty Bottle
    Dangervisit
    ---
    Lights
    Nothing Else
    Erase
    Finding It So Hard
    The Hell Scared Out Of Me
    Controlling Crowds
    Numb
    ---
    Again
photos du concert
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