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Marseille. Son ciel azuréen « plus belle la vie », son mondial de pétanque et ses rues précaires... Pour celles et ceux qui campent encore sur ces clichés dépassés, il est temps d'upgrader son application touristique. En ce dimanche 17 novembre, la cité phocéenne accueille un groupe phare du rock anglais, sous une météo d'automne gallois.
Froid, ciel plombé, bitume détrempé... Si ce n'était la mer Méditerranée qui borde la salle de concert du CEPAC Silo de la Joliette, les deux mille personnes qui ont répondu présentes à l'appel d'Archive pourraient se croire à Paris !

Ouverture des portes à 17h30, début du concert à 19h. Évidemment, pour qui n'est pas habitué à ces horaires inhabituels (mais qui, de fait, sont imposés par la durée exceptionnelle du set) le risque de rater la première partie est réel. Le groupe toulonnais Hifiklub a été choisi pour ouvrir le show du soir en accord avec Archive et, on l'imagine, avec la bénédiction de Darius Keeler dont les attaches familiales sont aussi varoises...
Véritable puit de science musicale et admirateur de la no wave de James Chance, le groupe Hifiklub tient artistiquement la scène avec brio, une demi-heure durant, devant un parterre légèrement décontenancé par des compositions d'une complexité sonore à ne pas mettre entre toutes les oreilles.


Dans un large melting pot de générations où les quinquas et quadras dominent, le public marseillais (et bien au-delà) va démontrer son attachement et son affection au groupe phare du rock progressif anglais qui, depuis le début de l'année 2019, n'en finit plus de tourner pour fêter ses 25 ans de carrière et la compilation lui étant associée.
Arrivant de Perpignan, après une multitude de concerts donnés dans la France entière et juste avant de remonter jouer au Transbordeur de Villeurbanne, Archive font une halte inattendue à Marseille. Dans cette ville qui souffre encore d'un manque d'offres en terme de groupes reconnus (mais, il se murmure dans un bureau de la Corniche qu'un festival rock phocéen serait enfin dans les starting blocks) autant dire que cet évènement fera date.

Dans une salle de concert digne de ce nom (le CEPAC Silo est un ancien silo à grain qui servait aux vraquiers sur le port autonome de Marseille) et qui a plus pour habitude de recevoir Patrick Bosso ou Maxime le Forestier que des têtes d'affiche de festivals rock, Archive vont offrir une setlist de dix-huit titres recoupant leurs vingt-cinq années d'histoire musicale. Loin des vingt-cinq titres donnés en deux set à la Seine Musicale le 16 mai dernier, mais qui, rappelons le, faisait l'objet d'un concert exceptionnel donnant lieu à une captation sonore et visuelle (dont la sortie CD et DVD fut annulée suite à la faillite de PledgeMusic).


Ouvrant désormais le bal sous les pulsions sonores et lumineuses de You Make Me Feel (avec Maria Q au chant) le set d'Archive va entrainer le public marseillais dans une ambiance rare. Notable pour un dimanche soir. Très vite, la corbeille et les balcons vont se lever à l'unisson avec la fosse pour entonner les couplets de Fuck You, Bullets ou Dangervisit. Absents du soir, Holly Martin ou Rosko John seront suppléés par une Maria Q dont la voix et la prestance posent et imposent toujours de belles modulations de fréquences sur les titres majeurs du groupe.

Avec quelques kilos en moins, mais un poing toujours rageur quand il s'agit de battre le tempo, Darius Keeler fait face, comme toujours, à son alter égo Danny Griffiths pour exécuter la maitrise d'orchestre. En bon français, Dave Pen communique avec un public acquis et dont l'entrain et le brouhaha – « c'est tout le stade qui se met à chanter ! » - orchestré pour l'unique rappellent certaines rencontres sportives.

Le live, c'est la clef de la blockchain des artistes et des groupes. Un concert peut relancer une carrière et son plébiscite, qui sait inspirer la politique culturelle d'une ville enfin en transition. Illuminés par le son et lumière hypnotique d'Archive, les provençaux qui se pressent au stand de merchandising avant de sortir de la salle ne sont pas prêts d'oublier le concert du 17 novembre.


Sans titres phares depuis l'album Restriction (dont aucun titre ne figure plus dans leurs setlist) Archive bénéficient néanmoins d'une aura sans comparaison. Ils souffrent peut-être également d'un emploi du temps surchargé pour tous les membres du groupe qui, sans exception, appartiennent à d'autres formations ou side-projects (Birdpen pour Dave Pen et Mike Bird, Giant pour Darius Keeler et Danny Griffith, The Alarm pour Smiley...) et collaborent à de nombreux projet artistiques.

Avec impatience, des milliers de fans attendent qu'Archive poursuivent leur travail de création pour continuer à les enchanter.