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Archive

Interview publiée par Olivier Kalousdian le 15 janvier 2015

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Il est des matières, techniques et modernes, que l'on peut étendre, plier et parfois maltraiter sans qu'elles perdent, pour autant leur forme, leurs propriétés et leur qualité intrinsèque. Ces matières nouvelles ont fait de gros progrès dans les années passées. Elles arrivent, dorénavant à en faire plus avec moins.

En même temps qu'Axiom et son déroutant film, tourné en collaboration avec NYSU (collectif espagnol), Darius, Danny et les membres du collectif Archive trouvaient le temps de terminer l'écriture, démarrée avant Axiom de leur neuvième album studio (si on écarte leur deux Bandes Originales), Restriction. Un titre en forme d'ironie pour un album qui se veut sans restriction justement et qui entend dépasser les frontières « expérimentales » qu'Archive se sont fixés sur nombre de leurs précédents opus.

Douze titres qui se veulent indépendants les uns des autres et propulsent Archive dans un univers nouveau, celui du rock ! Un rock plus brut dont, finalement, le groupe n'avait que peu exploré les racines depuis ses débuts.

Une période très dense vient de se terminer pour Archive. 2014 aura vu la sortie du film Axiom, sa bande originale qu'accompagnait une tournée européenne et, pour finir, voici un nouvel album studio nommé Restriction. Où trouvez-vous l'énergie pour mener à bien tous ces projets ?

Darius : Je te dirais que c'est ce que nous savons faire et donc, c'est ce que nous faisons ! Quand nous nous réveillons le matin, la première chose qui nous vient à l'esprit, c'est de savoir ce que nous allons écrire le même jour. Nous avons la chance de faire un métier que nous aimons et, de plus, Danny et moi sommes entourés par des gens talentueux. Quand tu as la chance de travailler avec Dave Pen ou Pollard Berrier, il y a toujours de belles surprises qui émanent d'un travail collectif. Travailler autant en une année n'est pas un problème pour nous. Nous avons la chance d'être constamment inspirés par la vie et par tout ce qui nous entoure. De fait, c'est souvent l'imprévu qui régit le groupe. Nous n'avions pas vraiment planifié de faire le film Axiom. À la base, c'est une partition que nous avons écrite très vite et cela a tellement inspiré notre manager qu'il nous a soumis l'idée d'en faire un film.

Nous étions tous à l'affût d'un nouvel album studio d'Archive et vous nous avez surpris avec la rapide sortie de Restriction. Comment s'est décidée la création de ce disque ?

Danny : Restriction a vraiment commencé à germer dans nos têtes il y a un an et demi. En fait, c'est Axiom qui est venu s'intercaler entre l'écriture et l'enregistrement de Restriction. C'était un peu confus dans nos têtes, au départ ; fallait-il intégrer la partition d'Axiom à Restriction ou fallait il en faire un projet à part entière ? Mais, à partir du moment où nous avions décidé d'en faire un film, nous nous sommes concentrés sur lui et avons laissé Restriction de côté, un moment.
Darius : Comme le dit Danny, Axiom aurait pu n'être qu'un titre ou deux de Restriction. Mais, une fois lancés, nous avons continué à travailler sur la partition d'Axiom et en avons fait un disque à part entière. Et un film, avec la collaboration de Jesus Hernandez de NYSU films.
Danny : Axiom est devenu un projet à part entière du fait, également, qu'il tranchait musicalement trop avec ce que nous voulions pour Restriction.

Où s'est déroulé l'enregistrement de Restriction ?

Darius : Nous avons enregistré ce disque dans le studio de mon frère. Il possède son propre studio, le Hirondelle Recording Studio, au nord de Londres. C'est un joyeux fatras de câbles et de claviers, antiques et modernes de toutes sortes.

Avec le titre Feel It, vous nous avez livré un son plus brut que d'habitude, presque rockabilly et empreint de skiffle. Un vrai titre pour danser ! De quoi parlent les paroles ?

Darius : C'est un texte de Dave Pen. Il y parle de relâchement et laisser-aller car Dave est un personnage très intense et très... tendu en quelque sorte. Il garde beaucoup d'émotions cachées en lui et je pense que le sujet de ce titre porte sur le fait de s'ouvrir pour ne pas exploser. Mais, le mieux, ce serait que tu lui demandes directement ! Ce que je peux te dire c'est que j'ai écrit le refrain. Dave était tellement impliqué dans son texte, presque explosif, que je lui ai dit « Feel It ! ». C'est ça. C'est le bon chorus pour ton texte.

Ce ne sont malheureusement pas les sujets dénonciateurs qui manquent dans ce monde...

Sur Kid Corner, vous abordez le thème des armes et notamment, comment elles se retrouvent facilement dans les mains dans enfants aux USA. On vous connaît pour vos paroles engagées dans les précédents albums et on se dit qu'avec l'état du monde actuellement, Archive aura encore de nombreux sujets sociaux ou politiques à aborder dans le futur...

Darius : Comme tu le dis, ce ne sont malheureusement pas les sujets dénonciateurs qui manquent dans ce monde... même si nous préférerions, bien évidemment, que ces sujets soient bien moins nombreux.

Qui a produit Restriction ?

Darius : Jérôme Devoise avec nous, également. C'est une co-production, en fait.
Danny : Il a passé tellement de temps à Paris à mixer l'album. Parfois nous ne pouvions être présents et il était seul à travailler le son, mais on se connaît et on s'apprécie tellement maintenant que nous savons que nous pouvons le laisser seul et il en ressortira exactement ce que nous en attendons.


Trois singles issus de Restriction sont sortis simultanément sur Internet en octobre dernier. Pourquoi trois ? Vous ne vouliez pas qu'un seul titre porte l'album avant sa sortie ?

Darius : Exactement. Quand nous avons terminé Restriction, nous avons discuté avec notre manager et il a eu le sentiment, justifié, que si nous ne sortions que Feel It en single, le public aurait peut être une mauvaise idée de ce que l'album serait. Car Restriction est un mélange de nombreuses variations, au fil des chansons. Du coup, nous nous sommes dits : « OK, sortons trois singles et trois vidéo clips d'un coup sur les réseaux ». Nous avons, pour ce faire, monté cette installation scénique, que nous voyons sur les vidéo clips de Feel It, Kid Corner et Black And Blue.

Dans ces trois vidéo clips on vous voit effectivement jouer sur une scène et une installation toutes nouvelles. On sait l'importance que vous apportez au live, j'imagine que c'est un aperçu de la nouvelle mise en scène que nous pourrons apprécier lors de la tournée 2015 ?

Darius : C'est exactement ce que nous voulions ; donner un aperçu de la nouvelle mise en scène de nos live. Mais, ce n'est pas encore tout à fait abouti. Il y aura de grandes salles de concerts où nous pourrons avoir une grande installation et d'autres, plus petites, où nous devrons pouvoir adapter cette scène. Une équipe formidable est en train d'ajuster tout cela pour 2015. Nous avons été nous-mêmes surpris lors des tournages des vidéo clips car tout cela est immense et très massif ; cela ne fait pas « décor » du tout !

Qui est à l'origine de cette nouvelle mise en scène ?

Darius : Jesus Hernandez, celui qui a réalisé Axiom.

Sortir trois titres d'un coup sur les réseaux sociaux, cela ne vous a pas inquiétés pour les futures ventes de l'album Restriction par la suite ?

Danny : Les gens n'achètent plus de disques, de toute façon (rires).
Darius : Je sais que les vrais fans d'Archive vont continuer à acheter nos disques... mais, je suis de plus en plus motivé par le fait de sortir des singles sur les réseaux. Ce que j'ai aimé dans Axiom, c'est son coté anti-conformiste ; c'était tout sauf un format d'album classique. Les projets mêlant différents médias comme Axiom sont plus excitants à réaliser qu'un album classique. Le public écoute de moins en mois d'albums dans leur entièreté ; ils écoutent des titres sur Internet. Donc, captiver un certain public en lui faisant découvrir trois titres d'un coup, cela nous a semblé être une bonne idée.

Le fait d'essayer de nouvelles idées et de tenter de captiver un public toujours plus évanescent en ce qui concerne l'écoute de la musique, c'est le principal selon moi.

En octobre 2014, U2 a sorti un album entier, gratuitement – si l'on veut bien oublier les 100 millions de Dollars que cela a coûté à Apple – sur iTunes. Que pensez-vous d'un tel plan marketing ? Pensez-vous, comme d'autres artistes, que les ventes d'albums seront de l'ordre du passé dans un futur proche ?

Darius : Franchement, je ne sais pas. Je pense que des gens comme U2 tentent de nouvelles choses, comme ils l'ont souvent fait. Mais, cela n'a pas marché comme ils l'attendaient. Comme Thom Yorke avec son projet sorti sur BitTorrent, par exemple. Mais, le fait d'essayer de nouvelles idées et de tenter de captiver un public toujours plus évanescent en ce qui concerne l'écoute de la musique, c'est le principal selon moi. Et sortir trois titres d'un seul coup c'était une idée nouvelle pour capter l'imagination de notre public.
Danny : Le paradoxe dans tout cela, c'est que les gens se remettent à acheter des vinyles, en masse. Du coup, un marché revient et des éditions se refont spécialement en vinyles. Qui l'aurait cru, il y a encore quelques années ? Spéculer sur les achats d'albums dans le futur est donc assez aléatoire...

Le line-up d'Archive a évolué au cours des années, mais depuis plus de deux ans, vous êtes dans une formation qui n'a pas bougé. Quel sera le line-up d'Archive pour la tournée 2015 ?

Darius : Ce sera le line-up actuel avec Dave, Pollard, Holly, Jonathan Noyce à la basse, Mickey à la guitare – remplaçant de Steeve Harris – Smiley à la batterie et Maria Q qui viendra chanter quelques titres avec nous.

Qu'est devenu votre ancien guitariste, Steeve Harris ?

Darius : Je ne sais pas. Il semble qu'il ait disparu (rires)... En fait, il a de nouveau rejoint Gary Numan et son groupe. Comme tu le sais, il était guitariste de Gary Numan avant Archive.


Tous vos titres sont calibrés pour live, ou presque. Est-ce quelque chose que vous prenez en compte dans l'écriture de nouveaux titres ?

Darius : Pas du tout. Parfois, tu écoutes une démo et tu te dis : « Celle-là, elle sera géniale en live ! ». Et puis tu t'aperçois vite que, pas du tout finalement. Ce n'est pas si facile de transposer de nouvelles compositions en version live. Au final, il est quasiment impossible de deviner quel titre sera un bon titre en live et quel titre ne le sera pas. Il faut le jouer au moins une fois sur scène pour savoir.

Avez-vous un exemple de titre qui n'a pas marché en live, contrairement à ce que vous pensiez et un titre qui a marché en live alors que vous ne le sentiez pas ?

Darius : Meon, sur l'album You All Look The Same To Me. Nous l'écoutions justement hier soir avec Danny. Sur la version studio, il y a quelque chose de très beau dans ce titre. Mais, en live, cela ne marche pas. Et, à l'inverse, laisse moi réfléchir... On m'a rarement posé cette question ! Pulse, peut-être. Quand Craig l'a chantée, il y a longtemps, je me suis dit qu'elle était trop compliquée à mettre en place et son phrasé trop dur à restituer en live et, finalement, nous avons trouvé la bonne recette c'est maintenant un gros succès dans nos concerts. D'ailleurs, (se tournant vers Danny) j'aimerais bien qu'on retravaille ce titre en live, car Maria a commencé à le prendre à son compte et je trouve que ça marche vraiment bien avec sa voix.

Avec Controlling Crowds, vous dénonciez déjà la société du tout sécuritaire et de big brother. Avec With Us Until You're Dead, vous nous disiez que vous aviez voulu faire un album plus introspectif et sentimental. Est-ce que Restriction est à nouveau un manifeste politique pour Archive ?

Darius : Je ne dirais pas qu'il s'agit de politique au sens strict. Je parlerais plus de problèmes contemporains de notre société actuelle. Il y a tant à dire, comme tu le faisais remarquer. Mais, nous tentons constamment de ne pas nous poser en juges, seulement en révélateurs. Nous essayons d'être le miroir de ce qui ne va pas dans ce monde, sans pour autant nous poser en moralisateurs. Car ce qui affecte le monde nous affecte également, au final.

Après une époque assez aseptisée, question textes de chansons dans le rock, il semble qu'il y ait un sursaut de groupes qui s'engagent à nouveau pour dénoncer les travers de la société ?

Darius : C'est très difficile aujourd'hui pour un groupe de rock d'exister et de dénoncer en même temps. La machine de l'industrie musicale veut que tu fasses des hits, pas des manifestes. Et c'est pour cela que nous avons pas mal de groupes qui deviennent des esclaves de leurs maisons de disques actuellement. Sans oublier leur asservissement à ce que demandent les médias et ce que diffusent les médias... Même pour nous, il est très difficile d'être joué à la radio, par exemple. Mais, nous continuerons, coûte que coûte, à faire ce que nous savons faire et ce que nous aimons faire.

Qu'avez-vous gardé et appris de l'aventure d'Axiom ? Peut-on s'attendre à d'autres projets inattendus dans le futur ?

Danny : Nous avons déjà à nouveau travaillé avec Jesus Hernandez pour quelques vidéo clips. Et on peut dire qu'il nous a influencés avec sa vision et son œuvre artistique, au moins du point de vue de la mise en scène. On ne peut pas dire que nous ayons fait des vidé -clips dont nous étions complètement satisfaits au cours des dernières années...
Darius : Je dirais même qu'on en a fait de très mauvais !
Danny : C'est peut-être un domaine dans lequel nous ne sommes pas très bons, il faut l'admettre. Donc, avoir maintenant Jesus à nos cotés, c'est comme avoir un bon producteur – chose que nous n'avions pas par le passé – comme Jérôme Devoise à nos cotés. Cela enrichit fortement notre vision artistique, musicale et scénique.
Darius : Nous sommes en train de travailler sur une nouvelle partition musicale en ce moment et nous avons bien l'intention de refaire un film en parallèle à ce nouveau projet. Et, avec Jesus à nos cotés, nous savons que nous allons pouvoir mettre en route un très beau projet visuel, quel qu'il soit. Cela nous libère de travailler avec des gens qui ont la même vision artistique que nous et qui ont ce talent. Cela nous donne plus de marge créative. Jusque-là, nous savions de quoi nous étions capables musicalement, mais il nous manquait l'aspect visuel que nous recherchions. Jesus est une personne terriblement intelligente visuellement parlant.

Ce sera donc une longue collaboration entre le collectif NYSU, dont fait partie Jesus Hernandez, et Archive ?

Darius : Je l'espère vraiment.

Avec un groupe de musiciens si passionnés et intelligents, tu peux aller très loin...

2015 sera une année très remplie pour Archive. Une série de concerts est déjà annoncée, en France comme en Europe. Avez-vous conscience que vous êtes devenus un groupe phare du rock en Europe continentale ?

Danny : Ca fait peur, non (rires) ?
Darius : C'est un bon groupe et un super collectif que nous avons là, n'est-ce pas ? Et avec un groupe de musiciens si passionnés et intelligents, tu peux aller très loin... Mais, cela a demandé des années de travail avant d'en arriver là, je ne l'oublie pas.

Où en est votre rapport avec le public Anglais, justement ? Il y a quelques mois, vous avez joué à guichets fermés, pour la première fois sûrement, au Roundhouse de Londres pour Axiom. Ressentez-vous un changement dans l'attitude du public Anglais envers Archive ?

Darius : De manière évidente, nous gagnons du public en Angleterre depuis quelques temps. Lentement, mais sûrement. L'attitude des médias locaux a également un peu changée. Par exemple, Lauren Laverne, DJ très connue sur BBC Radio 6 Music, joue Black And Blue depuis quelques semaines. Je crois que les Anglais commencent à se dire « OK, Archive, ils ne sont pas si mauvais que ça ! » (rires).

On a beaucoup parlé du présent et de l'avenir, mais on n'a que rarement l'occasion de parler de vos débuts et de votre jeunesse. Quel est le premier disque que vous ayez acheté ?

Darius : Le single Geno de Dexy's Midnight Runners. Un très grand titre. C'est le premier disque que je me suis offert.
Danny : Je n'en ai aucune idée ! En fait, j'avais quantités de cassettes car, à cette époque, on faisait des compilations avec des cassettes... Je me souviens particulièrement d'une qui s'appelait Don't Stop Dancing. Je faisais des cassettes pour mes amis à l'école à l'âge de treize ans déjà, mais je ne me souviens pas avoir acheté de disques si jeune. Je les repiquais d'une cassette à l'autre ou à la radio, souvent. J'aimerais beaucoup me souvenir du premier disque que j'ai acheté, mais je n'y arrive pas… Bien sûr, avec mon passé de DJ, j'ai tout de suite eu beaucoup de compilations de musique électro, dès 1984 je crois.

Avez-vous eu, vous aussi, votre période Punk, New Wave, voire Gothique ?

Danny : Hip-hop ! Dès le départ...
Darius : Je crois que nous avons tout de suite adhéré au mouvement hip-hop. Bizarrement, je n'aimais pas les années 80 dans lesquelles j'ai grandi, en tout cas la seconde moitié des eighties avec des groupes comme Duran Duran, Boy Georges, Shaka Kahn et toute cette merde populaire du moment ! Je les hais toujours aujourd'hui, d'ailleurs (rires). Ce qui m'emmerdait dans les eighties c'était le coté hyper pop de la musique. J'écoutais The Who, The Beatles, The Specials, qui étaient très importants pour moi quand j'étais enfant et Kraftwerk, bien sûr. Beaucoup de sons des sixties et des seventies. J'ai finalement découvert, tardivement, des groupes comme Joy Division et New Order.


Achetez vous toujours des disques ? Si oui, quel est le disque qui vous a le plus marqué ces derniers temps ?

Danny : J'achète encore et toujours des tas de vinyles. Mais, ce sont surtout des disques pour travailler, donc beaucoup de trucs pour faire des boucles, des sons seuls, des trucs expérimentaux...
Darius : Il faut que tu écoutes Tim Hecker et son disque Virgins. Il joue de l'électronica et de l'ambiant, c'est vraiment un petit génie dans son genre. C'est très bon et intelligent ce qu'il fait, au même titre qu'Aphex Twin, également.

Qui est responsable, dans votre entourage, de vous avoir donné l'envie de faire de la musique votre métier ?

Danny : J'ai longtemps fait le DJ avant de jouer de la musique à proprement parler. Du fait de mon amour pour le hip-hop, j'avais un certain bagage dans ce style-là et je me suis fait embaucher par un magasin de disque dans le sud de Londres spécialisé dans le hip-hop, le reggae et la black music. Je n'étais donc pas musicien, mais j'avais déjà choisi ma voie dans la musique. Ensuite, j'ai commencé à faire des bootlegs.
Darius : Je me souviens d'un bootleg de Prince, When Doves Cry, que tu avais fait en lui rajoutant une ligne de basse et un djembe. Tu l'avais ensuite fait presser illégalement en vinyle. C'était génial !
Danny : Comme j'étais DJ, je cherchais de nouveaux trucs à passer le soir et, parfois j'inventais mes propres chansons ! Bizarrement, même si toute ma famille avait un petit bagage musical – ils savaient tous jouer du piano – je n'ai jamais appris le solfège ou d'un instrument jusqu'à tard. Et même aujourd'hui, je ne sais toujours pas vraiment jouer du clavier !
Darius : Il exagère... Il sait un peu mieux jouer, maintenant (rires). Moi, j'ai eu de la chance très jeune car ma mère et mon père étaient des musiciens et dès le plus jeune âge, j'ai pu jouer de la trompette, même dans de petits orchestres, parfois. J'ai eu un background musical très classique avec, Mozart ou Chopin. Me retrouver à jouer de la musique pop a été quelque chose d'assez facile pour moi, car quand tu viens du classique et de ses structures sonores assez complexes, tu n'as pas de difficultés avec le rock ou la pop. J'ai toujours été entouré par la musique : par exemple, mes parents ne nous autorisaient pas à regarder la TV, il fallait qu'on écoute de la musique ou qu'on en joue. Mes trois frères jouaient aussi de la musique. Un foyer dédié à la musique, donc. Je ne sais pas si j'ai toujours rêvé de faire de devenir musicien, mais j'ai toujours espéré pouvoir y faire un petit quelque chose...

Avez-vous eu l'occasion d'écouter le dernier album de Pink Floyd, The Endless River ?

Darius : Non... Je ne suis plus très Pink Floyd depuis que Roger Waters a quitté le groupe. Je n'ai pas aimé les productions des albums qui sont venus après les eighties. Gros son, grosses productions, gros sous... Mes albums favoris des Pink Floyd sont et resteront Meddle et Animals.

J'imagine donc que les comparatifs ou les visions de celles et ceux qui vous voient en héritiers modernes des Pink Floyd ne vous correspondent pas ?

Darius : Quand Restriction sera sorti, ces comparatifs n'auront plus lieu d'être (rires). Sérieusement, cela nous honore, mais nous n'avons jamais voulu être les Pink Floyd électro ou je ne sais quelle connerie du genre. Tout cela est basé, ou presque, sur un titre : Again. À l'époque, je me suis engueulé avec Danny car je trouvais impossible pour nous de sortir ce titre. Je le trouvais trop long ! Et lui me répondait « Non, tu as tort, c'est un titre magnifique ». Aujourd'hui, je suis très heureux d'avoir eu tort (rires) !