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BICEP

Paris, Elysée Montmartre - 1er novembre 2021

Live-report par Franck Narquin

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Prévus à l'origine en février, dans la foulée de la sortie de Isles, les deux concerts parisiens de BICEP ont été reportés de quelques mois et viennent clôturer ce weekend de la Toussaint aussi festif que pluvieux. Un mal pour un bien, tant leur deuxième album aura squatté nos platines depuis sa sortie en janvier dernier et tant cette longue attente n'aura fait qu'aiguiser notre appétit. Le duo Irlandais nous promettait alors, une version live « beaucoup, beaucoup plus forte que l'album » (cf. notre chronique de l'album). Rendez-vous était donc pris, pour vérifier si les belles promesses de la nouvelle année seraient tenues en ce début de mois de novembre.

Fasme, jeune électronicien nantais, féru de pop-culture anglaise (toujours signe de bon goût, isn't it ?), se charge d'ouvrir le bal et arrive sans mal à ambiancer une salle déjà chauffée à blanc. Son set électro mêlant beats puissants et nappes rêveuses, sous haute influence bicepiènne, remplit parfaitement son rôle de première partie. Les jambes sont déjà chaudes après cette copieuse entrée, prêtes à engloutir le plat principal.

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A vingt-et-une heure heures pétantes, le vestiaire plein à craquer ne prenant plus aucun vêtement depuis belle lurette et les fûts de bières commençant à sérieusement se vider, les lumières s'éteignent sur l'Elysée Montmartre. Matt McBriar et Andy Ferguson font leur entrée sur une estrade les réhaussant d'un bon mètre cinquante au-dessus de la scène (idée lumineuse, les jeunes gens ayant tendance à être de plus en plus grands ces derniers temps). Face à face, ils s'installent devant leurs machines, un écran géant derrière eux et de multiples grilles lumineuses se superposant sur chaque côté de la scène, encore éteintes mais qu'on imagine prêtes à nous en mettre plein les mirettes.
Les premières notes de Rever résonnent. Le duo a décidé de prendre son temps et s'offre une entrée toute en sobriété, dans une quasi-obscurité, à peine rompue par quelques rayons lumineux laissant deviner les traits des visages de nos deux compères irlandais. BICEP attisent le désir, chauffent doucement la salle, qui ronronne et dodeline doucement du chef. Rien ne sert de courir, il faut danser à temps. Le show s'enflamme dès le second morceau, avec une version gonflée à bloc de X, toutes basses dehors. Le show cinétique peut débuter. La scène s'éclaire, scintille de projections vidéo et de jeux de lumières. Ce soir les yeux seront autant sollicités que les oreilles. Nos rétines sont déboussolées devant ce déluge stroboscopique, les yeux piquent mais il nous est impossible de les fermer, on reste hagard et hypnotisé comme devant un film de Gaspard Noé.

Sur Atlas, toute la salle lève les bras, téléphone à la main, pour immortaliser le moment dans une story Instagram. Le public, plutôt trentenaire bobo branchouille, semble tout à coup se comporter comme s'il en avait dix de moins et même si on préférera toujours regarder un concert avec nos oreilles qu'avec un téléphone, ce lâcher prise collectif fait plaisir à voir. L'ambiance s'avère chaleureuse, festive et bon enfant. On sympathisera même avec un couple suisse, venu de Genève juste pour assister au concert et qui aura bien du mal à comprendre le fonctionnement anarchique d'une queue au bar d'un concert parisien (tu passes ou tu te lasses). La setlist fait la part-belle à Isles, dont seront issus neuf des treize titres joués ce soir. Les fans de la première heure pourront tout de même profiter de Just, morceau datant de 2015 n'ayant pas pris une ride, ainsi que du toujours efficace Aura et d'Opal, tube du premier album qui avait jouit d'une formidable mise en lumière grâce à un brillant remix signé par Four Tet.

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Après Saku et Sundial, boostés aux hormones de croissance, où le spleen des versions studios fait désormais place à une contagieuse énergie dancefloor, nos deux héros du soir, au jeu de scène très minimaliste, quittent les planches. Le public, n'est pas dupe, il sait qu'il manque au moins deux morceaux au programme. Il suffira de quelques applaudissements pour que Matt et Andy reviennent sans trop se faire prier pour nous délivrer le clou du spectacle. Dès les premières mesures de Glue, le public entre en trance, oubliant les traces d'un long weekend, de soirées déguisées trop arrosées et ne se souciant guère du difficile trajet en métro qui les attend le mardi matin pour embaucher à une heure qui sera dans tous les cas trop matinale. Demain peut attendre car la musique de BICEP transpire l'hédonisme, conçue tant pour danser que pour rêver comme en témoigne Apricots, grandiose bouquet final, dont le crescendo orgasmique provoquera des spasmes corporels incontrôlables et de larges sourires sur les visages ravis des spectateurs du lundi soir.

BICEP nous l'avaient promis. Après nous avoir offert un des meilleurs albums de musique électronique de l'année, ils nous prévenaient que leur show ultrapuissant risquait de nous couper le souffle. Pari tenu haut la main, même si nous aurions bien pris quelques minutes de rab et quelques décibels en plus dans les tympans. Les malchanceux qui ont raté le concert faute de places (la guerre faisait rage sur Ticket Swap et Dice pour récupérer les quelques billets se libérant à la dernière minute) pourront se rattraper cet été car le duo sera de (presque) tous les festivals, prêt à faire profiter au plus grand nombre de cette formidable machine à danser.
setlist
    Rever
    X
    Atlas
    Just
    Meli (I)
    Opal
    Cazenove
    Saku
    Sundial
    Hawk
    Aura
    ---
    Glue
    Apricots
photos du concert
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