logo SOV

Placebo

Paris, Trianon - 23 mars 2022

Live-report par Simone Minet

Bookmark and Share
Six ans après leur dernier concert en France, le passage de Placebo au Trianon à Paris était très attendu par leurs fans. D'autant plus qu'il s'agissait d'un concert exceptionnel devant un petit millier de personnes chanceuses, avant le grand show du groupe anglais à l'Accor Arena prévu pour novembre 2022. Un instant aussi précieux qu'éphémère pour les fans de Brian Molko et Stefan Olsdal. Car aucune photo ne sortira de cette salle, aucune vidéo filmée avec le téléphone portable, floue et au son saturé, aucun enregistrement sonore. Placebo avaient décidé de transformer leur show en un événement sans téléphone portable, et chaque spectateur voyait son téléphone enfermé dans une petite pochette grise scellée le temps d'un concert.

Cependant, les personnes les plus pressées de récupérer leur objet précieux, n'auront pas obligés d'attendre bien longtemps, car tout le spectacle a duré moins d'une heure et demi. Enchainant dix-sept titres quasiment sans interruption, la prestation laisse un gout d'inachevé, pour ne pas dire de frustration.
Mais ce n'est pas seulement la durée du concert (et peut-être l'absence de première partie) qui nous laisse un peu sur notre faim. C'est surtout le manque total de communication et d'interaction du groupe avec son public. Brian Molko qui, d'habitude, n'hésite pas à montrer son excellent niveau de français lors de ses apparitions sur les scènes de France, semble distant et ne prononce un seul mot de toute la soirée, même pas un simple « merci ». Méconnaissable avec ses lunettes fumées et sa moustache, le chanteur joue surtout la carte de l'efficacité.

20h04 : les lumières du Trianon s'éteignent et le set ouvre avec Forever Chemicals et le single Beautiful James de leur nouvel album Never Let Me Go qu'ils sont venus présenter ce soir, suivi de Scene Of The Crime, sorti en 2013, et qui finit par enflammer la salle. Un début réussi et bien accueilli par le public qui donne envie d'en entendre plus de ce nouvel album.
Au total, neuf des treize titres de Never Let Me Go seront joués au cours de ce concert, globalement dans l'ordre d'apparition sur l'album. Sans surprise, tous les titres n'ont pas le même effet sur le public. Ainsi, Hugz et Happy Birthday In The Sky semblent moins convaincre la salle, tandis que Try Better Next Time avec son refrain accrocheur et entrainant a le potentiel pour devenir un nouveau favori des fans.

Les chouchous historiques du public, quant à eux, sont malheureusement quasiment absents de la setlist du soir. Entre les morceaux du nouvel album, Placebo nous proposent Blind, Protect Me From What I Want et For What It's Worth pour n'en citer que quelques-uns - des « classiques » efficaces permettant de raccrocher le public entre deux titres encore inconnus. Comme à leur habitude, Molko, Olsdal et les autres musiciens présents sur scène livrent un show de qualité avec des enchainements réussis (mention spéciale à Too Many Friends suivi de Sad White Reggae) et créent cette ambiance particulière, à la fois euphorique et dramatique, que seule la musique de Placebo est capable de véhiculer.

21h25 : les lumières du Trianon se rallument, confusion et déception sur les visages des spectateurs dans la fosse. Après une petite dizaine de minutes d'applaudissements pour faire revenir Molko et Olsdal sur scène, même les fans les plus insistants doivent reconnaitre que le concert est bel et bien terminé. Pendant une heure et vingt minutes, Placebo ont réussi à nous transporter dans une autre époque. Sans masques, sans téléphones portables et sans effets visuels sur la petite scène du Trianon, on se sent propulsé quelques décennies en arrière et aurait presque pu oublier qu'on était en 2022, une expérience agréable et appréciable après deux longues années de pandémie.

Ainsi, tous les facteurs étaient réunis pour un excellent concert, et pourtant on en ressort avec un mauvais arrière-gout. Le problème : le show que nous ont offert Placebo était professionnel, mais pas passionné. Maitrisé, mais pas personnalisé. Sans fautes, mais aussi sans âme.
Le concert surprise hypé comme une rencontre intimiste avec le groupe est resté, tout compte fait, un événement promotionnel pour célébrer la sortie de leur huitième album studio. On se rend alors à l'évidence que pour qualifier un concert d'intimiste, ce n'est pas que la taille de la jauge qui compte. C'est aussi - et surtout - la proximité qu'un groupe réussit à créer avec son public. A ce niveau-là, Placebo sont, semblerait-il, restés à l'époque de la distanciation sociale. Dommage.
setlist
    Forever Chemicals
    Beautiful James
    Scene Of The Crime
    Hugz
    Happy Birthday In The Sky
    Speak In Tongues
    Surrounded By Spies
    Blind
    Went Missing
    Protect Me From What I Want
    Try Better Next Time
    For What It's Worth
    Too Many Friends
    Sad White Reggae
    Fix Yourself
    ---
    Post Blue
    Running Up That Hill (A Deal With God) (Kate Bush cover)
Du même artiste