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Still Corners

Paris, Maroquinerie - 5 avril 2022

Live-report par Emmanuel Stranadica

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Il aura donc fallu attendre près de trois ans pour enfin revoir Still Corners sur une scène française. Leur dernier album en date, The Last Exit était paru en janvier 2021 et le groupe devait alors se produire sur la scène de la Maroquinerie en octobre dernier. Cependant, COVID-19 oblige, le concert fut déprogrammé et remis à avril 2022. Mais si l'attente fut forcément longue, elle fut tout sauf vaine.

A 20 heures tapantes, dans une salle déjà bien remplie, ce sont les Américains de Papercuts qui ouvrent la soirée. Forts d'un tout nouvel album, leur huitième, paru le 1er avril, Jason Quever et ses deux musiciens proposent pendant une grosse quarantaine de minutes une bonne poignée de chansons de ce disque : Past Life Regression. La pop mélancolique du trio fonctionne plutôt bien, le public semblant ravi de la performance à laquelle il vient d'assister, même si bien évidemment, il s'est évidemment déplacé avant tout pour d'autres.


A 21h10, dans une salle pleine comme un œuf (le concert affichant complet), des images d'un désert où trois diamants pendus, comme descendants du ciel, et bougeant au rythme du vent qui souffle, sont projetés sur un écran, pendant que les trois membres de Still Corners prennent possession de leur espace sur scène. Tout de noir vêtus, ils entament leur set dans une lumière bleue avec une magnifique version de White Sands, à l'intro et à la fin étendue par rapport à la version album. Tessa Murray, derrière son micro et son clavier, enchante l'assistance, tandis que Greg Hugues s'amuse déjà à distiller de superbes lignes de guitares cristallines enivrantes. Le son du concert est d'excellente facture et il est important de souligner que la batterie de Jim Wallis est parfaitement calibrée, et beaucoup moins lourde que celle officiant durant la précédente tournée du groupe. Heavy Days, titre sorti en digital en fin d'année dernière, est joué quasiment de manière enchainée au morceau d'entame du concert.
L'audience est conquise, mais la soirée sera remplie de surprises. Ceux qui s'attendaient à une interprétation live de la quasi-totalité du dernier album du groupe seront surpris de constater qu'au final ce furent davantage des chansons de Slow Air, leur précédent effort, qui sont interprétées pendant le concert.

Des reprises vont également trouver une place de choix dans la setlist. A commencer par The Crying Game de Dave Berry, ici dans une jolie interprétation electro downtempo, et à la conclusion plus électrique de Greg. Tessa salue alors, en français, le public et Still Corners enchainent avec Far Rider, autre inédit publié tout récemment en digital, dans la mouvance de leur dernier album. Autre moment inattendu, une reprise du So Far Away de Dire Straits, dans une version revisitée par Greg Hugues à la guitare. On ne s'attendait pas du tout à cela, mais il faut bien reconnaitre que l'interprétation est réussie.
C'est ensuite à The Last Exit, magistrale plage d'ouverture de l'album, de raisonner dans la salle de la Maroquinerie. Celle-ci est une fois encore un peu remaniée sur le final par rapport à l'originale et s'avère merveilleusement mélancolique. Slow Air va ensuite être à l'honneur avec notamment une version langoureuse et électroniquement érotique de Sad Movies, conclue par un solo de guitare très 80's. Tessa s'excuse ensuite auprès du public d'avoir perdu son français, mais celle-ci est toute pardonnée avec la superbe interprétation de Black Lagoon. Rythmée, et toujours à mi-chemin entre rêve et réalité, la chanson de Still Corners nous transporte dans des univers insoupçonnés.


Les images vidéo projetés pendant le concert apportent une intensité supplémentaire au concert. Le thème du voyage sur une interminable route dans le désert fait partie intégrante à la musique du groupe. Ces images sont entrecoupées de contenus statiques affichés sur l'écran et nous font penser au Lost Highway de David Lynch. The Message est un moment fort du set. La voix de Tessa s'y fait de manière très intense et angélique à la fois. Elle contraste à merveille avec le côté sombre de la mélodie.
Downtown et Strange Pleasures auraient dû conclure le set principal mais à leur issue Tessa annonce à l'audience que le groupe a finalement encore quelques chansons à interpréter. Avant cela, elle remercie Papercuts de les accompagner en Europe, en rappelant que les américains les avaient emmenés en 2011 à l'occasion de la toute première tournée de leur carrière. In The Middle Of The Night voit la guitare de Greg Hugues sonner de manière un peu plus rugueuse, avant une interprétation magistrale de The Trip avec un final pour le moins explosif.

Le groupe quitte ensuite la scène mais revient deux minutes plus tard pour un rappel inattendu de deux titres. Une troisième et ultime reprise tout d'abord, et non des moindres : Dancin' de Chris Isaak, extrait du premier album de l'américain, Silvertone, dont les lignes de guitare ont beaucoup influencé la manière de jouer de Greg Hugues. Puis Mystery Road en guise de magnifique conclusion d'un concert envoûtant de bout en bout. Le groupe salue son audience avec le sourire. La soirée fut tout bonnement magique. On ne peut que souhaiter une bonne route au trio pour la suite de cette tournée européenne, et les espérer de retour prochainement en France.
setlist
    WHITE SANDS
    HEAVY DAYS
    THE CRYING GAME (DAVE BERRY cover)
    FAR RIDER
    SO FAR AWAY (DIRE STRAITS COVER)
    THE LAST EXIT
    THE PHOTOGRAPH
    SAD MOVIES
    BLACK LAGOON
    THE MESSAGE
    STATIC
    DOWNTOWN
    STRANGE PLEASURES
    IN THE MIDDLE OF THE NIGHT
    THE TRIP
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    DANCIN' (CHRIS ISAAK cover)
    MYSTERY ROAD
photos du concert
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