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Still Corners

Interview publiée par Emmanuel Stranadica le 10 avril 2012

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Auteurs de l’un des tous meilleurs albums de 2011, Still Corners étaient de passage à Paris pour un concert dans le cadre de la quinzième édition du festival Les Femmes s’en Mêlent. Rencontre en terrasse ensoleillée avec le duo londonien.

En 2008, vous avez sorti un premier mini-album, Remember Pepper. Depuis combien de temps étiez-vous ensemble au moment de la sortie de ce disque ?

Greg Hugues : J'ai sorti ça tout seul. Je me suis dit qu'ensuite ce serait peut-être mieux de former un véritable groupe et de pouvoir donner des concerts. Aussi j'ai impliqué certains de mes amis afin d'avoir un guitariste et un bassiste. Cependant, ça a pris pas mal de temps pour trouver une chanteuse. J'ai finalement rencontré Tessa par accident. Nous devions tous les deux prendre le même train mais lorsque celui-ci est arrivé en gare il ne s'est pas arrêté. C'était la nuit. Et nous avons donc du attendre le suivant qui passait une vingtaine de minutes plus tard. Nous avons alors commencé à discuter. Je lui ai dit que je cherchais une chanteuse et l'idée lui a beaucoup plu. Nous avons commencé à enregistrer des démos et maintenant nous en sommes là. Ca peut ressembler à un scénario de film mais c'est la stricte vérité.

En 2010, vous avez sorti le 45 tours Don't Fall In Love, lequel fut donc votre première collaboration sur disque. Tu peux nous en parler ?

Greg Hugues : J'ai mis longtemps à trouver la bonne personne. Mais lorsque j'ai finalement rencontré Tessa, tout est allé très vite. On s'est rapidement bien entendu car nous étions sur la même longueur d'ondes. Sur ce disque, c'est juste elle et moi. Il n'y a pas d'autres musiciens. C'était un peu comme un essai, mais à notre grande surprise il fut très concluant.

Pourquoi ce 45 tours a-t-il eu un tirage aussi limité ?

Greg Hugues : Techniquement, il était prévu que le nombre de 45 tours pressés soit assez faible. 400 exemplaires sont donc initialement sortis. Et à cela s'est ajouté un effet de popularité totalement inattendu.
Tessa Murray : Oui, nous avions prévu de sortir ce vinyle a peu d'exemplaires pour une raison de budget. Tu sais, c'était notre premier disque et nous ne savions pas du tout comment il allait être reçu. Et finalement tout s'est passé d'une manière que nous n'avions jamais imaginée. La première édition de Don't Fall In Love a été épuisée en 24 heures ! C'était stupéfiant ! Nous avons donc du represser 400 autres exemplaires pour une seconde édition.

Est-ce que cela a été facile de signer avec Sub Pop ?

Greg Hugues : En fait, ils nous ont facilité la tâche. Pour eux, c'était vraiment important de nous signer et ils ont été vraiment très cool avec nous. Nous avions des contacts avec d'autres labels mais, pour nous, se retrouver signés par un tel label, c'était magique. Et assez étrangement tout s'est déroulé sans le moindre problème, d'une manière très naturelle. C'est assez incroyable. Ils continuent de nous aider en nous permettant de tourner un peu partout. Nous leur devons beaucoup.

Endless Summer, La bside du premier single sorti chez Sub Pop, Cuckoo, est réapparue sur l'album. C'est assez étonnant de votre part, non ?

Greg Hugues : Nous avions une belle collection de chansons pour cet album. Mais nous avons pensé qu'à la sortie de celui-ci, pas mal de monde ne connaitrait pas cette chanson. C'est l'une de nos préférées. Et comme notre disque allait avoir une large distribution, c'était une réelle opportunité pour nous de l'inclure également sur l'album. Et puis, je trouve que cette chanson a vraiment sa place sur ce disque. Même si elle est un peu ancienne maintenant, elle se devait de faire partie intégrante de notre album. Pour moi elle rend le disque plus attrayant, du fait qu'elle puisse s'enchainer à d'autres morceaux de Creatures Of An Hour. Sans elle, le disque n'aurait plus le même effet. Enfin, c'est mon avis (Rires) !

Comment s'est passée l'écriture et la composition de l'album ? Vous travaillez ensemble ou séparément ?

Tessa Murray : C'est Greg qui a composé l'album. Mais c'est maintenant devenu davantage une collaboration que ça ne l'était auparavant. Greg compose toujours la plus grande partie des chansons. J'aime arriver dans le studio, m'allonger et écouter paisiblement les compositions musicales sur lesquelles il passe du temps. Ensuite nous nous mettons à travailler ensemble pour les paroles. Dernièrement, je me suis vraiment investie musicalement dans une chanson. C'est une première !
Greg Hugues : Ah oui, la toute nouvelle chanson ! C'est toi qui l'as écrite.
Tessa Murray : Un des nouveaux morceaux que nous allons jouer ce soir a donc été composé par moi (rires) !
Greg Hugues : C'est devenu réellement plus simple de pouvoir travailler ensemble. Nous avons davantage d'automatismes après ces quelques années passées. C'est vraiment devenu une collaboration.

Pouvez-vous me dire qui sont les Creatures Of An Hour ?

Greg Hugues : Tessa et moi sommes les « creatures of an hour ». Nous avons écris la plupart des chansons de l'album la nuit. C'était vraiment une activité nocturne. Nous nous retrouvions si souvent à la même heure pour travailler... Aussi, nous avons pensé que ce titre était parfaitement adapté pour l'album. Nous avons passé beaucoup de temps à chercher un titre pour ce disque.
Tessa Murray : Oh oui, ce fut vraiment très long. Je ne veux plus entendre parler de titres d'album. Nous étions devenus dingues à cause de ça (Rires) !

Auriez-vous pu sortir ce disque sans lui trouver un titre et l'appeler tout simplement Still Corners ?

Greg Hugues : Non. Je n'aime pas cette idée. Il nous fallait trouver un titre.
Tessa Murray : Tu ne vas pas me croire, mais nous étions vraiment désespérés de ne pas réussir à trouver un titre. Lorsque nous avons pensé à Creatures Of An Hour, ce fut un total soulagement.

Pouvez-vous nous expliquer un peu de quoi parle la chanson I Wrote In Blood ?

Greg Hugues : C'est une chanson assez sombre. En fait, c'est une forme de suicide. Une personne adresse une lettre à une personne qu'elle a aimée. Leur histoire était assez compliquée et ces deux personnes ont du se séparer. Et ça se termine donc très mal. C'est vraiment sombre et c'est un peu tout ce que je te dire à peu près sur ce morceau.

Avez-vous prévu de sortir d'autres disques chez Sub Pop ?

Greg Hugues : Oui, je pense. Je l'espère en tout cas !

Votre musique pourrait facilement apparaître dans des films. Ça vous plairait de composer une Bande Originale pour David Lynch par exemple?

Greg Hugues : Absolument. J'adore ce que fait David Lynch. Pour composer je m'inspire pas mal du cinéma. Alfred Hitchcock, Dario Argento sont des cinéastes que j'aime beaucoup. La Nuit du Chasseur est une totale référence pour moi. L'atmosphère de ce film m'a beaucoup servi pour la composition de certains morceaux.

Vous sentez-vous proches de groupes tels que Keep Shelly In Athens, Au Revoir Simone ou encore Memory House ?

Greg Hugues : Oui. Nous aimons ces groupes. Mais nous aimons surtout les groupes atmosphériques comme les Cocteau Twins ou encore Beach House.

Beach House, vous les aimez par ce qu'ils sont sur Sub Pop ?

Tessa Murray : Non, on les adore vraiment (rires) !

Est-ce facile de recréer sur scène l'ambiance assez atmosphérique qui règne sur votre disque ?

Tessa Murray : Sur scène, nous sommes épaulés par Leon à la guitare et Luke à la basse. Il nous a fallu prendre du temps pour travailler notre son live et atteindre la dimension sonore que nous rêvions d'avoir. Depuis 2010, nous avons pas mal joué ensemble et notre son s'est enrichi au fil du temps. Sur scène, il y a un côté beaucoup plus sonique que sur le disque. Nous y ajoutons aussi pas de mal de visuels projetés derrière nous.
Greg Hugues : Nous avons rapidement réalisé que nous voir sur scène et écouter notre disque sont deux choses bien différentes. Sur scène, l'énergie est beaucoup plus puissante. Tu t'en rendras compte tout à l'heure.

Selon vous, quelle est la saison idéale pour écouter votre album ?

Greg Hugues : Ça, c'est une question vraiment facile ! L'automne (rires) !

Pour terminer, quels sont vos projets à venir après ce concert ?

Greg Hugues : Tessa et moi travaillons sur pas mal de nouvelles chansons. Nous avons déjà des idées assez précises pour le prochain album. Nous aimerions peut-être travailler avec quelqu'un car pour Creatures Of An Hour j'ai un peu tout fait moi-même. Cela constituerait une toute nouvelle expérience pour moi. Nous verrons.
Tessa Murray : Nous avons encore pas mal de concerts en vue. Ensuite, nous ferons plusieurs festivals d'été. Peut-être retournerons nous aussi jouer aux Etats-Unis.
Greg Hugues : Et nous espérons revenir à Paris prochainement. Nous n'avons même pas la possibilité d'en profiter un peu aujourd'hui alors qu'il fait si beau. Il faudra vraiment qu'on revienne...