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Franz Ferdinand

Paris, Zénith - 20 avril 2022

Live-report par Déborah Galopin

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Pendant que la majorité des Français s'apprêtent à assister au face-à-face du second tour de l'élection présidentielle ce mercredi 20 avril, les amateurs de rock indé ont pris un autre rendez-vous et il s'appelle Franz Ferdinand.

Après cinq albums et vingt ans de carrière, Franz Ferdinand viennent de sortir un Best Of, Hits To The Head. Un format incontournable quand un groupe commence à avoir de la bouteille, sans grande originalité, mais qui a le mérite de faire plaisir aux fans et de servir de point d'entrée à ceux qui les apprécient sans connaître toute leur discographie.
Lorsqu'ils arrivent sur la scène du Zénith et lâchent les watts, le public est déjà survolté. En entamant la setlit avec The Dark Of The Matinée, on comprend exactement l'essence qu'ils ont voulu mettre dans l'expression « hits to the head ». Le titre est là, bien ancré dans nos têtes et sur le bout de nos lèvres. Il fait appel à notre nostalgie de leurs tous débuts et qui n'a jamais quitté les fans de la première heure.


Sur scène, on peut repérer une nouvelle tête : Audrey Tait à la batterie qui vient remplacer Paul Thomson. Il s'agit pour cette musicienne de sa première grande tournée. Son sourire trahit le bonheur qu'elle a d'être là, à la hauteur du nôtre. Alors, peu importe que le groupe ne compte plus que deux membres d'origine, puisque Franz Ferdinand restent Franz Ferdinand et cela se reconnaît à chacun des instruments, entre le riff entêtant de guitare et la puissance si caractéristique de la batterie.

Alex Kapranos a à cœur de s'adresser à son public en français : il nous salue dans notre langue en même temps qu'il nous rappelle leur ville d'origine : Glasgow, et nous attribue un surnom affectueux, « mes amis français ». Les titres s'enchaînent les uns après les autres, passant d'un album à l'autre et ne laissent que peu de temps morts. L'énergie est bouillante et nous avons face à nous un Alex Kapranos déchaîné, qui saute sur scène, amorce quelques acrobaties en jouant la guitare dans le dos. En-dehors de jeux de lumière, la mise en scène est des plus minimalistes. Franz Ferdinand nous prouvent qu'ils n'ont pas besoin de nous en mettre plein les yeux pour faire le show. Ils nous en mettent déjà plein les oreilles et cela nous suffit amplement.

Le chanteur invite Clara Luciani sur scène, qu'il accueille comme une « invitée très, très spéciale ». Assortis jusque dans leurs chemises, ils nous offrent une parenthèse romantique, bien que toujours rock. Ensemble, ils reprennent I Want You To Want Me de Cheap Trick. L'alchimie qu'ils ont crève les yeux, à tel point qu'on a l'impression d'assister à une scène de film digne de Dirty Dancing - en version moins cul-cul. Les planches sont leur terrain de jeu, et même si ce n'est pas parfait, le plaisir passe avant le show, rendant ce moment particulièrement beau et sincère.


Galvanisé par ce duo, Alex Kapranos semble reprendre une dose d'énergie et se montre désormais inarrêtable ! Il enchaîne avec l'un de leurs nouveaux morceaux, Billy Goodbye, mais si le public est resté encore calme et sage, il ne va pas le rester longtemps avec Do You Want To. Le groupe nous cherche, nous titille entre le riff de guitare répété à l'infini et le chanteur qui nous fait asseoir puis bondir. Le quintet prend autant de plaisir à jouer Michael, Love Illumination et le très attendu Take Me Out que le public à les écouter. En fosse, nous ne sommes plus qu'une marée humaine de mains et de tête qui sautent et dansent. Le public en gradin est debout depuis bien longtemps. Les vêtements nous collent à la peau et la sueur dégouline. Nous reprenons en chœur le célèbre « la, la la la la » sur Outsiders. A la fin du morceau, deux toms de la batterie sont déménagés sur le devant de la scène, sur lesquels Audrey Tait nous fait une petite démonstration de ses capacités, tandis que les quatre autres membres l'accompagnent sur les autres éléments de la batterie, restés en arrière.

Pour le rappel, Franz Ferdinand ont gardé quelques morceaux sous le coude, davantage décidés à souffler le chaud que le froid. Ils jouent Darts Of Pleasure puis Jacqueline, titre réclamé plus tôt dans le public. Alex Kapranos commence à chanter Jacqueline en français : « voici l'histoire, l'histoire d'une belle fille, la plus belle de Glasgow... », alors que nous assistons même à un slam dans la fosse.
Ils plantent le clou du spectacle avec This Fire, et pas question de bâcler les choses pour la dernière ! Le groupe prend son temps, prolonge le plaisir, joue avec nous, le chanteur nous demande de nous accroupir et on s'exécute, avant de sauter, plus haut, plus fort. Toujours plus !

Les lumières rouges du Zénith se rallument, laissant le public qui n'a pas vu passer les 1h30 de concert dans l'hébétude. Quelques personnes huent, frustrées de redescendre si vite dans la réalité après être montées si haut. Pourtant, nous ne sommes pas déçus. Ce soir Franz Ferdinand nous ont prouvé que, vingt ans plus tard, ils sont toujours bien présents sur la scène rock et n'ont pas à rougir face à la nouvelle génération. La compilation Hits To The Head est évidemment taillée pour la scène et leurs tubes risquent de résonner encore longtemps dans nos têtes.
setlist
    The Dark Of The Matinée
    No You Girls
    Curious
    Evil Eye
    Walk Away
    Stand On The Horizon
    Glimpse Of Love
    I Want You To Want Me (Cheap Trick cover)
    Billy Goodbye
    Do You Want To
    Lucid Dreams
    The Fallen
    Michael
    Love Illumination
    Take Me Out
    Ulysses
    Outsiders
    ---
    Always Ascending
    Darts Of Pleasure
    Jacqueline
    This Fire
photos du concert
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